Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 16 novembre 2011

Panier de crabes


En novembre 2010, une rumeur insistante circule dans les couloirs de l'entreprise : les crabes devraient arriver! Tous les collaborateurs chinois se réjouissent et nombreux sont ceux qui tentent de transmettre à Fred leur passion pour cette nourriture de saison et des conseils de cuisson pour rendre les bêtes encore plus savoureuses. Nous nous mettons, nous aussi, à les attendre avec impatience. Il faut dire que dans les rues et les restaurants, les crabes poilus sont au menu depuis quelques semaines, mais nous n'en avons pas encore dégustés, certainement un peu désenchantés par des expériences précédentes, en Europe et en Martinique, notamment.

C'est un vendredi que Fred revient à la maison avec une boîte en polystyrène qu'il a trimbalé dans le métro. LES CRABES SONT ARRIVES! Youpie, on va se régaler! Comme c'est lui qui a reçu tous les conseils culinaires, il n'y a pas de raison qu'il évite la cuisine.


On le voit, il y met tout son savoir, autant dans l’organisation de la casserole adéquate que dans la cuisson.

Pour le repas même c'est une autre histoire. Il faut casser les bêtes. A part les outils Ikea, nous n'avons pas d'ustensile adéquat, alors va pour la boîte de survie suédoise. Un "jus" d'un beau jaune sort du corps de la première bestiole (après avoir été attaquée par le marteau) ce qui coupe immédiatement l'appétit de Fred. De mon côté, j'essaie de dégager la chaire des pinces grâce à la tenaille, mais que de boulot pour si peu à manger!

Comme Fred n'a cuit que la moitié de notre cadeau, c'est le fin moment de nous demander si nous allons continuer l'aventure. A l'unanimité nous déclarons : "J'arrête, Jean-Pierre." Bon, nous ne pouvons pas juste lancer des crabes vivants dans la poubelle, alors que des tas de Chinois donneraient père et mère pour en avoir. A qui allons-nous refiler le solde? Ce sera la marchande de journaux l'heureuse élue.

Quand les collègues de Fred nous demandent si nous avons mangé nos crabes, nous pouvons fièrement déclarer que oui en omettant plein de détails, mais nous avons des photos à l'appui pour prouver nos dires. Nous apprécions particulièrement ceux qui ne nous demandent pas comment nous les avons trouvés.

Cette année, nous sommes aux aguets quand la même rumeur circule. Nous réfléchissons à une stratégie pour ne pas perdre la face et ne pas manger les crabes. Les offrir à un ou une collègue, ça serait louche. Oui, mais on pourrait dire qu'on est absents pendant le week-end. Non, ça ne va pas, les crabes se gardent trois jours, zut! Il faut donc trouver quelqu'un à qui les refiler. Mais qui? La liste n'est pas très longue. Bien sûr, dans le management de l'immeuble, il y a du monde. Mais dix crabes pour quasi autant de gens, c'est pas sérieux. On oublie. Le marchand de journaux Louis? Peut-être... Kelly? Il faut que je lui en parle.

Oui, elle aime les crabes. Oui, elle sait les cuisiner. Oh, oui, elle veut bien, mais elle ne peut pas les accepter, c'est trop. Ou alors, elle me les paie. Jusque là, en chinois, ça allait. Mais pour l'unité "convaincre une personne qui croit que vous lui faites un cadeau qu'en fait elle vous rend service" je ne suis pas encore tout à fait prête. Néanmoins, j'arrive à la persuader que ça me fait plaisir de les lui refiler sans toutes les formes de politesse requises à cette opération. Nous prévoyons une tactique, dès que les crabes arrivent, hop je l'appelle et lui apporte la boîte. Sauf... que malgré les rumeurs les crabes n'arrivent toujours pas. Sont-ils donc annulés cette année? Nous attendons toujours... Pauvre Kelly qui se réjouissait!

Cela n'empêche pas que c'est tout de même la saison des crabes poilus. On en voit dans la rue vivants en train d'être ficelés :

ou alors en pleine cuisson.

2 commentaires:

  1. Oh ben pauvre Kelly!! J'espère que les crabes arriveront bientôt pour elle! Je peux comprendre que le jus jaune ait refroidi Fred...glups...

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  2. Lundi 28.11: Ça y est, notre cadeau est arrivé! On se tenait les pouces pour que l'entreprise soit moins généreuse, mais penses-tu!
    Le plan a bien fonctionné, j'apporte la boîte de bêtes poilues ce soir à notre rendez-vous habituel. Elle m'a écrit qu'elle se réjouissait, yam yam!

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