Pour éduquer les papilles, rien de tel qu'une dégustation. Ici, deux sortes de thé Oolong encadrent du thé de jasmin |
Jusqu'à présent, ma pratique du thé consistait à glisser des sachets ou des feuilles dans une théière ou une tasse, de laisser tirer et de consommer. Et déjà, dans mon entourage, je passais pour une "connaisseuse", voire une casse-pieds, parce que j'exigeais d'avoir une boisson faite avec une quantité suffisante de thé, comme une cuillère par personne, plus une cuillère pour le pot, vieux restes de mon séjour en perfide Albion.
Mais je réalise que je suis vraiment entrée dans le berceau du thé et que la dégustation du breuvage peut être comparée à celle du vin dans d'autres contrées. En clair, je peux boire de la piquette et prendre un air de ravissement pour faire plaisir, mais je ne vois pas trop la différence. Il faudra éduquer les papilles...
Heureusement, les salons de thé sont nombreux et les magasins de thé sont aussi courants que les coiffeurs.
Un petit magasin, comme il en existe tant. |
Alors, pour en savoir davantage, voyons ce qu'Internet a à offrir qui pourrait correspondre à ce qu'on m'a déjà raconté.
" Le thé, bien plus qu'une simple boisson d'agrément, représente une véritable institution sociale et culinaire. Le thé occupe une place centrale dans la vie quotidienne : les Chinois boivent du thé tout au long de la journée, chez eux comme sur leur lieu de travail. Souvent, ils réinfusent les mêmes feuilles en rajoutant de l'eau chaude après une infusion. À côté de cette consommation quotidienne de thé ordinaire, les Chinois consomment des thés raffinés, en compagnie, dans les maisons de thé ou les jardins de thé, ou bien chez eux entre amis ou personnes que l'on veut honorer. Il n'est ainsi pas rare qu'un hôte, pour célébrer la venue d'une personne importante ou qu'il n'a pas vue depuis longtemps, achète pour l'occasion quelques grammes d'un thé de luxe, dont les meilleures moutures peuvent s'avérer très onéreuses. De plus, il est courant d'offrir du thé aux personnes que l'on reçoit chez soi. "
Des "galettes" de thé Pǔ'ěr |
Les Chinois répartissent le thé en six catégories, dont les noms sont tirés de la couleur de l'infusion et non de la feuille. Cette couleur révèle le taux d'oxydation des feuilles, soit, dans l'ordre croissant :
- 黃茶 huáng chá (thé jaune) ; les plus fins et souvent les plus rares. Très délicats, ils subissent une légère oxydation à l'étouffée et leurs feuilles ne sont pas travaillées. Seuls les bourgeons duveteux sont utilisés.
- 白茶 bái chá (thé blanc) ; à l'instar des thés jaunes, ce sont des thés très délicats qui, eux, ne subissent aucune oxydation. Les trois premières feuilles, dont le bourgeon, peuvent être présentes, toujours entières. Elles sont séchées à l'air libre.
- 绿茶 lǜ chá (thé vert) ; ces thés ne subissent aucune oxydation et sont la plupart du temps composés de bourgeons ou de jeunes feuilles. Ce thé est travaillé, les feuilles subissant diverses opérations (réchauffage à 100°, par exemple).
- 乌龙茶』 wūlóng chá (thé « dragon noir »), orthographe courante : thé Oolong. Ce thé est couramment désigné sous le vocable 清茶 qīng chá « thé clair » ; le nom de ce type de thé vient de la couleur de la feuille et non de l'infusion. Ce sont des thés dits « semi-fermentés » car leur oxydation varie de 12 à 65%. Les feuilles sont souvent entières.
- 红茶 hóng chá (thé rouge) ; ils sont oxydés à 100% ; les feuilles utilisées peuvent être brisées pour les thés de moindre qualité. Ce sont les thés que nous appelons « thé noir ».
- 黑茶 hēi chá (thé noir) ; ce sont des thés entièrement oxydés ayant subi une post-fermentation de plusieurs années, des thés de garde. Très coûteux, ils ne sont connus la plupart du temps des Occidentaux que par les versions dont la post-fermentation ne dépasse pas quelques jours, commercialisées par la Chine. Ces « copies » sont vendus en supermarchés sous les appellations de 普洱 Pǔ'ěr ou de 磚茶/砖茶 zhuanchá.
- 花茶 huāchá (thé aux fleurs) ; ce n'est, à proprement parler, pas un type de thé, car le thé agrémenté de parfums de fleurs auxquelles il a été mêlé (ou, pour les thés médiocres et commerciaux, recouvert d'essence) peut être de couleurs diverses. Le thé au jasmin, 茉莉花茶 mòli huāchá, dans ses versions les plus raffinées, peut être composé d'un thé blanc parfumé, aux saveurs très délicates. Les thés noirs parfumés aux fleurs sont les plus répandus, le plus souvent aussi les plus médiocres quand ils sont construits sur des poussières de feuilles auxquelles une essence quelconque a été rajoutée. Un bon thé parfumé doit l'être par le contact avec des fleurs fraîches, et non grâce à une essence. Voilà qui est envoyé.
Donc, il y a du boulot pour saisir les subtilités, déjouer les supercheries... On considère souvent que les Chinois sont des barbares en matière de vin (de raisin). Et nous sommes des barbares en matière de thé. Éduquons-nous les uns les autres.
Ça, c'est de la galette!!! |
Nous avons découvert un endroit entièrement dédié à la vente de thé, Tea City. Des dizaines de petites boutiques se côtoient et on a ici accès à toutes les sortes de thés de Chine en se baladant de boutique en boutique. Quand un aspect particulier ou une odeur nous attire ou qu’un vendeur parait particulièrement sympathique, c’est le moment de s'arrêter pour une dégustation dans les règles de l’art.
Aux étages, les amateurs de porcelaine chinoise peuvent être satisfaits et négocier des services à thé.
Et voici une fleur de thé épanouie... |
On est tout de même loin du sachet Lipton jeté négligemment dans une tasse d'eau plus ou moins chaude à trois francs cinquante. Et pourtant il s'agit toujours de thé...
A lire (en anglais) :
L'intemporalité du thé
Le thé en Chine
Le retour des traditions de la dynastie Song
Les maisons de thé
La cérémonie du thé, entre précision et amitié
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