Il y a des rencontres imprévues qui enivrent. Nous avons rencontré Dylan dans un restaurant, House of Roosevelt, pas très chinois tout ça !
Erreur, Dylan est chinois, il vient, comme beaucoup de migrants à Shanghai, de la province de Anhui. Il a trouvé une place de serveur à Shanghai ou il a découvert, puis aimé le vin qu'il ne connaissait pas auparavant. Il est devenu passionné, prenant part à de nombreuses dégustations, puisqu'il en existe tant par ici, les Français, les Australiens, les Sud-Africains, les Chiliens, les États-uniens, les Allemands, les Italiens, les Espagnols, tous veulent nous faire goûter du vin et nous convaincre que le leur est exceptionnel. J'écris "nous", mais on lira "les 1.3 milliards de Chinois", ce qui représente un sacré marché. Pendant 7 ans, Dylan a travaillé dans un "bon" restaurant, puis le rêve est devenu réalité, une place de sommelier s'est libérée à House of Roosevelt, là ou il y a certainement la cave la plus riche de la ville.
Nous, nous ne savions pas tout ça, ne savions pas que ce restaurant avait une carte de vins impressionnante et une cave double de 5000 crus différents. C'est Dylan qui nous en a parlé. Il est venu nous conseiller pour un malheureux verre de vin, même pas une bouteille, avec sérieux et compétence. Voyant notre enthousiasme, il nous a proposé de nous faire visiter les caves après notre repas. C'est là qu'il nous a raconté un peu de sa vie et beaucoup de sa passion.
La cave principale est un magnifique endroit, difficile d'imaginer que nous sommes à Shanghai, sur le
Bund. Les bouteilles sont classées par pays, puis par région. Entre chaque rangée, on a prévu des petits salons propices à la dégustation, accompagnée d'un cigare, cela va de soi (nous n'avons fait ni l'un ni l'autre).
Et puis, Dylan nous a conduit dans la cave secrète, celle à laquelle on accède en composant un code - secret, évidemment - sur un boitier caché dans un bibliothèque. Mystérieux, comme dans un bon film de quand on faisait de bons films mystérieux. Et la bibliothèque a coulissé, laissant apparaître une cave bien plus petite, sombre, température et humidité contrôlées et ajustées en permanence, la cave des grands crus. Et grands, ils l'étaient. Il nous a confié qu'à Shanghai on était plutôt Château Lafite, alors qu'à Beijing on préférait Château Latour... Nos yeux sortaient de leurs orbites et nous imaginions certains Chinois qui panachent de tels vins avec de la limonade...
Dylan, il en a goûté 2000 de tous ces vins, il en est fier, forcément, comme il est fier d'avoir obtenu ce job depuis un an. C'est son employeur devrait être fier d'avoir un tel sommelier qui sait partager sa passion avec tellement de gentillesse. Un jour, Dylan sortira de Chine et ira dans les vignobles du monde entier, il en est convaincu. J'espère qu'on lui réservera un accueil à la hauteur du sien.