Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 25 août 2011

L'enfant unique


Ah, l'enfant unique! Sujet délicat s'il en est. Que n'ai-je pas entendu sur nous, les enfants uniques : gâtés, égoïstes, incapables de partager ou de collaborer, pensant que le monde nous appartient... Ça marque toute une vie, tellement que chaque fois qu'on m'a demandé si je voulais faire figurer quelque chose de particulier sur un certificat de travail, je souhaitais toujours qu'on note que je savais collaborer avec mes collègues. Ce que les autres ne réalisent pas, c'est que nous sommes propulsés très vite dans un monde d'adultes et qu'il faut parfois beaucoup d'arguments pour faire valoir ses goûts d'enfant ou d'adolescent. Par exemple, convaincre une paire de parents que, non, on n'est pas un extra-terrestre de vouloir aller à un concert de Led Zeppelin à 16 ans et qu'il faut savoir s'entourer de copains pour convaincre les dits parents.


Alors je regarde avec attention tous ces enfants uniques chinois et je me rends compte que leur sort n'est pas à envier. Eux, ce n'est pas que deux parents qu'ils doivent "gérer" mais tous les grands-parents. Les parents travaillent et l'éducation de l'enfant est souvent assurée par les grands-parents qui vivent chez leur fils ou leur fille.

Et cet enfant, c'est un prince ou une princesse, voire plus haut dans la hiérarchie. A quoi le voit-on? Il n'est que rarement transporté dans un buggy, non, on le porte. On m'a dit que c'était parce que les poussettes chinoises étaient peu fiables et que les modèles occidentaux étaient trop chers. Dans une société où les utilisateurs d'iphone sont tout de même nombreux, il me semble que le prix est une excuse valable pour certains, certes, mais en général peu acceptable. J'ai plutôt l'impression qu'on aime porter son "trésor" et qu'on le porte longtemps. Parfois on le brandit carrément et, s'il devient trop lourd, on se l'accroche sur le dos.


Et quand il devient trop long, alors, enfin, il marche, mais on lui porte tout ce qui pourrait l'encombrer, par exemple son sac d'école. Il ne faudrait pas qu'il se fatigue, quand même.

Je suis toujours très étonnée de voir à quel point tout le monde accepte que l'enfant soit traité avec tant d'égards. Il n'y a un peu que nous, les étrangers, que cela étonne. Prenons le métro. Dans les wagons, il y a des places assises, assez peu pour permettre à la horde des voyageurs de s'entasser debout dans les couloirs centraux pendant les heures de pointe particulièrement.


Une rame vide, c'est rare.
Quelques sièges sont réservés à des populations bien précises : les vieux, les adultes avec petits enfants sur les genoux, les handicapés, les femmes enceintes. C'était bien la peine de faire 9000 km pour découvrir cela!


Sauf que, souvent, tous ces gens privilégiés voyagent debout et qu'à ces places de choix, on trouve des enfants et parfois juste leur sac d'école, tout ça sous le regard bienveillant des passagers et, surtout, de leurs grands-parents.

D'un autre côté, ces princes et princesses ont des pressions parfois difficiles à supporter au niveau des performances scolaires, puisqu'ils sont poussés par toute une ribambelle d'adultes.

Alors on se demande ce que cette société va devenir. Tant que le prince ou la princesse grandit, l'enfant est au centre de toutes les attentions des nombreux adultes de sa famille et subit toutes les pressions dues à leurs attentes. Et  ensuite, il ou elle se retrouve dans une société impitoyable. Ça doit être un choc et pas forcément un cadeau pour les employeurs.




Le gouvernement central a décidé de revoir progressivement sa politique de l'enfant unique. J'en ai un peu parlé dans ma chronique sur les allocations familiales. Il semble que cette politique pourrait être "ajustée" pour différentes raisons,
  • le vieillissement de la population, particulièrement observable dans les grandes villes,
  • la pénurie de jeunes travailleurs
  • la proportion filles - garçons dans la société  (plus de garçons que de filles rendant difficile le mariage des garçons de familles pauvres),
  • la solitude des enfants, et
  • la mentalité "prince ou princesse".
Mais même si les Chinois sont tentés d'avoir un deuxième enfant,  ils y voient un grand nombre d'obstacles, le premier étant le coût de l'éducation d'un enfant. En ville, une recherche de 2009 démontre que dans notre quartier (Xuhui) le prix d'une éducation complète est de 490 000 yuans (qu'on peut quasi diviser par 8 maintenant!). Et depuis, avec le développement social et économique tellement rapide l'enfant a encore davantage besoin d'un ordinateur, d'un téléphone qui fait tellement d'autres choses, d'une tablette informatique, ... . Et comme tout ça coûte cher, il faut travailler plus, au risque de ne plus voir sa famille.

Une autre série d'obstacles est observée dans le mode de vie de Chinois puisqu'ils n'ont plus de modèle de famille "nombreuse" : stress, manque de place dans les appartements, employeurs de la mère peu enclins à renouveler le contrat de travail, grands-parents opposés à l'agrandissement de la famille. L'enfant unique a encore une belle vie devant lui, les familles à 96% lui donnent raison.

On se promène en famille avec le petit

2 commentaires:

  1. 96%?!! Mais c'est énorme!!! Il y a du coup encore un paramètre qui me vient a l'esprit: les parents et grand-parents ne savent plus ce que c'est de donner (de l'attention, des cadeaux) à plusieurs enfants en meme temps...on n'a plus a mettre autant de pression sur deux enfants que sur un enfant... Pauvre Encre de YChine qui ne pouvait pas aller voir LED ZEP a 16 ans! Tsssss.... Quelle jeune dévergondée!!;-)

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  2. Pour les cadeaux, je suppose que ça va dans la partie "coûts" d'un enfant. Donc deux = deux fois plus cher. En ce qui concerne l'attention, je suppose que c'est un des éléments de stress dont il est question. Et pour l'amour, je suppose qu'on en a toujours assez. Je me souviens qu'une sage-femme nous avait dit que notre cœur n'allait pas être divisé par deux, mais qu'il allait doubler de capacité. C'est joli, non?

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