Le 15 août je vois dans le China Daily, journal grand format de couverture nationale en anglais : "Les passagers se défoulent sur des publicités dans le métro". Comme nous sommes juste à une station de celle dans laquelle cela se passe, je me plonge dans la lecture de l'article.
A la suite d'un récent sondage de l'OMS, plus de 30% de la population de la ville serait dans des conditions de santé en baisse, entre bonne santé et maladie. Un autre sondage du groupe de consultants Horizon indique que 60% de la Chine ne va pas si bien que ça. Et quelle en serait la cause ? Le stress !
Alors Adidas, dans sa grande bonté, a décidé d'offrir aux gens de Shanghai un "défouloir" pour que nous nous rendions compte que le sport peut apporter des solutions au stress et que nous utilisions à profit les temps d'attente. C'est pas gentil, ça ?
"Ne gaspillez pas votre temps d'attente", disent les messages imprimés sur des gros coussins qui emballent 3 piliers d'une plateforme de la station de Xujiahui. Leur but est d'encourager les passagers à faire des exercices d'assouplissement et de stretching dans un décor qui est supposé les inspirer.
Ce qui m'a particulièrement intéressée, c'est que le journal illustrait comment cette noble intention a été détournée de son intention première. Ou est-ce que cette dernière n'a pas été comprise? mal expliquée? Toujours est-il qu'on nous raconte que les passagers, au lieu d'être inspirés par le décor pour se détendre, envoient de furieux coups de pieds ou boxent avec rage les matelas. "Si tu as reçu un blâme de ton patron dans la journée, quel bien ça fait!" peut-on lire sur un blog. "Une dispute avec ta copine? va donner des coups dans les matelas!" dit un autre blog. Un psychologue commente :"Ces matelas ont la même fonction que les sacs de frappe des boxeurs que nous conseillons à nos patients en manque de défoulement. On peut toutefois se demander si un endroit public est bien choisi puisqu'il pourrait y avoir des accidents."
Pensé en Allemagne, réalisé en Chine!
Ce qui m'a frappé, c'est qu'Adidas avait prévu en tout et pour tout trois matelas, sur trois misérables piliers de métro d'une ville de 22 millions d’habitants, de plus de 10 lignes de métro en fonction et tant d'autres en construction, avec plusieurs plateformes chacune. Que ce soit pour des coups ou juste l'atmosphère, trois matelas, c'est pas un peu peu?
J'ai quand même voulu aller voir cet endroit le 19 août, quatre jours après l'article, prête à coiffer mon casque vélo si les gens étaient trop agités. J'ai choisi un vendredi 17 heures, en général plutôt beaucoup de monde, des énervements, et que je te bouscule, et que je te marche sur les pieds.
DE-CEP-TION!
Une plateforme bien tranquille expose les matelas plutôt discrètement, ou, en tous cas, ignorés des voyageurs. Je n'ai vu personne lancer coups de pieds et poings dans leur direction, ni faire plaisir à Adidas ou à l'OMS ou à l'Office chinois de la santé (si ça existe) en se pratiquant des exercices d'assouplissement ou des respirations profondes.
Par contre, pour lire le journal, les matelas doivent être plus confortables que les piliers.
Comme quoi, il s'agit d'etudier les moeurs de la société dans laquelle ce projet s'intégrera, plutôt que d'utiliser une étude faite sur des gens aux moeurs très différentes! Oui, Allemands et Chinois ne sont pas les mêmes 'gens'... Je trouve très drôle que personne utilise ces matelas pour se défouler!!! :-)
RépondreSupprimerBon, il y a quand même un gars sur la photo du journal. Mais est-ce que c'était le seul?
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