Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 27 mars 2013

Xi en Afrique


Je pense que si l'on s'intéresse un tant soit peu à la Chine, on sait que son nouveau président est Xi Jinping.

A peine intronisé, le voilà qui part en voyage. Pas n'importe où, Xi rend visite à l'Afrique. Trouvé sur le site de la BBC :

"Le nouveau président chinois, Xi Jinping, a salué ce qu'il a présenté comme la solidité des liens entre son pays et l'Afrique.
Selon Monsieur Xi, l'Afrique est "un continent d'espoir et de promesse".
Le président chinois s'exprimait en Tanzanie - le deuxième pays qu'il a visité depuis son investiture il y a 11 jours.
S'adressant à Dar es Salam à des dirigeants dans une salle de conférence construite par la Chine, il a déclaré que les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont dépassé $200 milliards l'année dernière.
M. Xi et son homologue Tanzanien Jakaya Kikwete ont signé 16 conventions pour, entre autres, la rénovation des ports et hôpitaux de la Tanzanie et pour la construction d'un centre culturel chinois. Xi Jinping est attendu en Afrique du Sud mardi pour le sommet des Puissances émergentes qui comprennent le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud."


Son voyage fait la une des médias chinois. Mon quotidien lui réserve en plus toute une page à l'intérieur. A lui et à Madame. Mais parlons déjà de lui. En plus du communiqué de la BBC, je lis qu'il a promis que la Chine allait aider l'Afrique à accroître ses richesses, une meilleure vie pour les Africains, un développement durable, sans se mêler de politique. Et surtout bien s'entendre et traiter d'égal à égal, le grand n'écrasant pas le petit, le riche n’oppressant pas le pauvre, respecter la dignité et l'indépendance africaine. Il est malin Xi, les Tanzaniens et les autres doivent avoir aimé son discours. Du baume dans ces temps agités. Ça doit  les changer de l'attitude post-coloniale des Occidentaux que nous sommes. Je me demande si le commentaire du Ministre chinois pour l'Afrique à une télévision de Hong Kong était cependant bien  nécessaire : "Qu'ont fait les pays occidentaux pour l'Afrique en 50 ans d'indépendance, à part critiquer injustement la Chine ?"


La présence à ses côtés de Peng Liyuan a aussi apporté une touche différente à ce que les présidents passés offraient au bon peuple.  Tout à coup, nous réalisons que nous avons une First lady. Non seulement elle a un nom, mais en plus elle a bien de l'allure. Comme c'est le cas pour Michelle Obama, les éditoriaux commentent ses tenues avec fierté. Ses sacs, ses vêtements, ses chaussures ont tous été créés par des designers chinois, un signal important alors qu'en général on sait que l'industrie du vêtement chinois est dominée par des copies de modèles occidentaux. "Enfin, nous avons une First lady qui est belle et élégante !" Les précédentes doivent être ravies.

samedi 23 mars 2013

Ayi


Peut-être l'ai-je déjà mentionné, contrairement à beaucoup d'expatrié(e)s, je n'emploie pas d'ayi. Une ayi est une bonne à vraiment tout faire, la cuisine, le ménage, les courses, s'occuper des enfants... On en trouve de toutes les sortes, celles qui parlent anglais, celles qui n'en pipent pas un mot, celles qui commencent le boulot dès potron-minet et le quittent longtemps après que la nuit soit tombée, celles qui vivent et dorment chez leur employeur, des ayi du matin, des ayi de deux fois par semaine, des ayi de la semaine mais pas le week-end, des ayi 7/7, des ayi chinoises, des filipinos, bref toutes une panoplie de dames sans qui la société ne pourrait pas tourner.

La première fois que j'ai été confrontée à ce peuple de l'ombre c'est en visitant des appartements. L'un d'entre eux, plutôt spacieux, offrait le nombre de pièces souhaitées. Plus une chambre juste à côté de la cuisine. Je dis "une chambre", c'était un triste compromis entre "chambre" et "local d’entreposage"  avec une douche très, très dépouillée dans un coin, pas de rideau coquet, pas de carrelage, du béton dans toute sa sobriété, et un robinet, naturellement. J'ai demandé ce qu'on pouvait faire d'une telle pièce. La dame de l'agence m'a regardée, étonnée. Depuis, j'ai appris qu'il s'agissait de la chambre de l'ayi et quand je vois dans les annonces "+ 1", je sais de quoi il en retourne. Nous avons des amis qui ont même une seconde cuisine, un peu en sous-sol, celle de l'ayi, qui ne l'utilise pas car madame fait à manger à son employée.


Dans notre immeuble, c'est avec ces femmes que je "discute" le plus. Leurs employeurs sont souvent froids et distants (et chinois), ni bonjour, ni au revoir. Par contre, les ayi commentent la météo, nos achats réciproques, la difficulté d'atteindre les angles morts de nos fenêtres à nettoyer, que des banalités qui se terminent en rires. Celle de nos voisins arrive avant 6 heures du matin et en repart bien après 20 heures, saute sur son vélo et se tape encore une demi-heure à pédaler, toujours avec le sourire, bruyante et enthousiaste.

Ouh  la la, c'est haut!
Si j'avais décidé d'engager une ayi, je l'aurais voulu chinoise pour que je puisse parler avec elle, connaître la Chine à travers elle. Elle m'aurait permis de comprendre les notes collées à notre porte qui me prennent beaucoup de temps à déchiffrer. Peut-être qu'elle aurait même eu le temps de faire un brin de ménage, entre deux tasses d'eau chaude. Qui sait?

Tout est prêt pour passer à l'attaque
Et surtout, surtout, elle aurait pu nettoyer mes fenêtres! Tout ça pour en arriver là... 18e étage, un peu de peur de la distance qui me sépare du trottoir, des images qui me reviennent de tentatives précédentes, moi qui glisse de mon échelle et m'écrase, quelques fenêtres difficiles d'accès, je remets à plus tard l'envie de voir le printemps entrer chez moi autrement que par un filtre de saleté et de pollution. Je tombe sur une annonce qui propose les services d'ayi expérimentées, je lis "one-time cleaning", exactement ce qu'il me faut, une dame qui vient une seule fois faire mon sale boulot. Tu parles, la personne au téléphone commente, une seule fois, des fenêtres, 18e étage, mais c'est haut, pas facile, dangereux... Je sais tout ça, je le lui dis. "Je ne sais pas si nous pouvons offrir ce service. Tu veux l'intérieur ou l'extérieur? Une personne qui parle anglais c'est plus cher. Je peux chercher sur Internet des professionnels.." Je sens déjà que la partie est perdue, je n'insiste même pas. Les fenêtres seront pour bibi. Au péril de ma vie. J'ai commencé aujourd'hui.


Le lieu du crime


La vraie vie est faite de banalités, qu'on se le dise...

J'ai même pu compter sur un aide bien téméraire

mardi 19 mars 2013

Migration


Par ici, quand on parle de migrants, il s'agit d'abord de Chinois d'ailleurs, du nord, de l'ouest, du sud... Ces gens qui nous quittent lorsque le Nouvel an arrive.

Pourtant il y a eu 4 752 personnes étrangères en 2011 qui se sont installées en Chine, les statistiques viennent d'être publiées. Bon, c'est vrai que c'est peu. Surtout si on compare ce chiffre à 150 000, le nombre de Chinois qui ont quitté le pays de façon définitive.

Où sont-ils partis? On ne sera pas surpris de savoir que les USA en ont absorbé plus de la moitié (87 017). Viennent ensuite le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande.

Les raisons qui ont poussé des Chinois à aller voir ailleurs me paraissent plus intéressantes que les chiffres. Il semble que l’Australie ait attiré des investisseurs chinois. Pour les autres, on trouve dans l'ordre la qualité de l'enseignement, l'environnement, les possibilités de voyager, la santé et la qualité de la nourriture.

Les migrants chinois aiment se retrouver,
certainement pour partager des moments qui leur

rappellent "la maison" : les habitudes, la langue...

J'imagine que ceux qui sont partis pour comparer la qualité du vert de l'herbe appartiennent au moins à la classe moyenne, et plutôt sa zone supérieure. J'en ai rencontré, j'en croise toujours, et, à chaque fois, je m'étonne de leur naïveté dès qu'il s'agit de l'étranger. Pour certains Chinois, les USA sont encore l'Eldorado. Là-bas, tout brille, les séries TV en sont la preuve. Les maisons sont immenses, les routes larges, les grandes universités accueillent leurs kids (qui seront bilingues) à bras ouverts. Il y a peu, alors que nous mangions avec des Chinois et des Européens émigrés aux USA, l'un d'entre eux a expliqué qu'il resterait en Pennsylvanie tant qu'il n'aurait pas d'enfant, ensuite il retournerait en Europe parce qu'il n'avait pas les moyens d'offrir une bonne formation à un enfant. Un Chinois l'a regardé très étonné. On n'en parle pas dans une série TV....

jeudi 14 mars 2013

Histoire cochonne


Mardi à 15 heures, il y avait 5916 porcs morts dans le Huangpu, "notre" rivière. Certainement que la barre des 6000 doit avoir été franchie depuis. Il faut souligner que le Huangpu compte pour 22% de la consommation d'eau des 23 millions d'habitants.


On nous informe que la qualité de l'eau de la rivière était "normale" parce que les autorités ont été promptes a retiré les cochons un peu avant la ville, dans les districts de Sonjiang et Minhang, grâce à des barrières végétales. "Près de 6.000 porcs crevés et la qualité de l'eau ne change pas. On assiste à un miracle", a ainsi ironisé dans un message publié sur l'internet un résident.


La municipalité de Shanghai, selon la presse locale, pense que les porcs ont été jetés dans la rivière par des éleveurs de la préfecture de Jiaxing (province du Zhejiang), voisine de Shanghai, après être morts d'une maladie non précisée. Des investigations sont en cours.


Mais les responsables de Jiaxing ont pour l'instant refusé d'endosser cette responsabilité. "Nous n'excluons pas l'éventualité que les cadavres proviennent de Jiaxing. Mais nous n'en sommes pas sûrs", a déclaré Wang Dengfeng, porte-parole de cette préfecture. "Le lieu d'élevage des porcs morts n'est pas clair, par conséquent ils peuvent très bien être originaires d'ailleurs". Pourtant, 10078 porcs sont morts en janvier dans un village de Jiaxing et 8325 animaux ont subi le même sort en février. "Les chiffres doivent encore être vérifiés", annonce le Bureau vétérinaire de Jiaxing. "Il se pourrait que les les paysans aient pu jetés les cochons dans la rivière car ils sont néfastes". Les causes ? Un virus peut-être ou le froid... Un habitant de Jiaxing qui a préféré rester anonyme a toutefois déclaré que le village en élevait trop.


Le Nouvel Obervateur du jour commente : "La pollution des cours d'eau, parfois avec de graves conséquences pour la santé, est un fléau en Chine, où le respect de l'environnement est souvent sacrifié sur l'autel de la croissance économique. La ville de Shanghai, selon ses médias officiels, a renforcé ses contrôles pour éviter que des morceaux de porcs repêchés dans le fleuve se retrouvent sur les étals des boucheries. Hypothèse plausible, au vu des nombreux scandales alimentaires en Chine". En tous cas 80 yuans par porcs morts sont offerts pour que le gouvernement en dispose.

mercredi 13 mars 2013

A la recherche d'un nouveau logis

Et pourquoi pas là, immeuble que nous avons
sous les yeux depuis 2 ans ?
 
En juillet, nous devrons déménager. Nous avions signé un bail pour deux ans en juillet 2011, le temps a passé très vite et nous allons rester un an de plus, c'est presque sûr.

Oh, bien sûr, nous pourrions demander à nos propriétaires actuels s'il existe une possibilité de prolonger notre séjour ici puisque, dans le fond, nous nous plaisons bien. Mais depuis quelques semaines, j'ai eu plusieurs visites de leur part pour montrer l'appartement à des groupes de gens (entre quatre et six personnes). Des gens qui, apparemment, se sont sentis immédiatement à l'aise puisqu'ils ont ouvert les armoires, ont commenté la décoration et nos photographies personnelles, ont tapé les murs, se sont assis pour se mettre à discuter... tout ça avec un préavis de quelques heures. La première fois, le joyeux groupe de curieux avait 45 minutes de retard. Ça m'a énervée, tout comme leur attitude, alors j'ai mis mon manteau et mes bottes et j'ai dit que je devais partir, que j'avais des choses à faire (parfois la langue chinoise permet de rester vague). Depuis aucun retard n'a été constaté, plutôt le contraire. A la dernière visite en date, puisque la propriétaire et son fils sont restés pour un peu de small talk, j'en ai profité pour m'assurer que j'avais bien compris la situation, "ainsi, vous voulez vendre?" Elle m'a scrutée de son œil vif avant de répondre : "Ah, non! Je n'ai pas envie de vendre." Réponse chinoise, elle, non, elle n'est pas la vraie propriétaire. Par contre quelques jours plus tard, j'ai découvert une annonce dans la vitrine d'un agent immobilier :

C'est bien notre appartement !
Donc, nous allons déménager. C'est plutôt excitant.

Même si c'est encore un peu tôt pour partir en chasse, il n'est pas interdit de se faire envie et, surtout, de réfléchir à ce qui nous plairait pour la dernière fois à Shanghai.

Pour l'instant, nous avons plutôt vécu sur les hauteurs, 10e étage, puis 18e étage. Ici, j'ai aimé la disposition de l'appartement, sa vue à plus de 180°, le management de l'immeuble (réceptionnistes, gardiens, concierges, un peu notre famille, notre sécurité). Avant, j'avais aimé le balcon, la situation dans un quartier bouillonnant. Et maintenant ?

La vue :

Spectaculaire?
Agréable?










Juste dégagée?

L'extérieur :
 
Un jardin?
Un balcon?


Une terrasse?
















L'intérieur :

Étonnant?
Classique?











Bobo?
Sur 2 étages?



Ou sur 1 étage (mais avec cheminée)?
Tout blanc?






Dépouillé?

Pour l'instant, je rêve... mais je ne suis pas dupe, je sais que les annonces présentent les appartements dans leurs plus beaux atours (photos qui datent, utilisation de la déco de locataires précédents, photomontages/trucages) et qu'il se peut même qu'il s'agisse d'un pot-pourri de vues pour attirer les clients potentiels, par un appartement qui n'existe pas. Il faudra aussi voir fin mai ce qui sera disponible. Car, en plus des éléments ci-dessus, il reste encore de vérifier que l'endroit est chauffé "correctement", que les fenêtres se ferment, qu'il y a une machine à laver, un four... pour autant qu'il soit situé proche d'une station de métro de la ligne 1. Pour cela, le site d'un agent est bien pratique : http://www.maxviewrealty.com/map/

Il y aura une suite à ce message. Forcément.

Voir aussi ce que j'avais écrit lorsque j'étais partie en chasse de notre appartement actuel : Trouver un appartement

mardi 12 mars 2013

Le printemps est arrivé

9 mars (Shanghai Daily)
Chaque année, ce foutu printemps, je l'attends avec tellement d'impatience. Je viens de vérifier, l'année passée, j'avais montré de gros signes d'impatience, même davantage que cette année. Cette année, on nous bassine avec la pollution, elle nous distrait du thermomètre. Que faut-il un air pur et avoir froid ou sortir ses tongs et mettre un masque. Je ne suis toutefois pas certaine que les deux soient liés.

8 mars (Shanghai Daily)
Comme nous avons pas mal voyagé, avons eu le ciel clair et les orteils en éventail aux Philippines, un air qui nous a paru pur à Tokyo, nous avons pu passer janvier, février et un tiers de mars avec moins d'impatience et maintenant les mauvais jours semblent derrière nous. Dans quelques semaines je pourrai me plaindre d'avoir trop chaud.

Je n'ai pas acheté le journal régulièrement puisque je n'y étais pas, mais si je reprends ce qu'il a dit lorsque nous avions le dos tourné, cela donne ceci :

20 février (Shanghai Daily)
  • 20.02 : La neige s'en est allée, la glace persiste, mais le mercure grimpe.
  • 21.02 : Un avant-goût de printemps est annoncé pour la semaine prochaine.
  • 25.02 : La température devrait atteindre une moyenne de 10°C avant qu'un front froid arrive pour le week-end.
  • 26.02 : Le brouillard a frappé, retards dans le trafic aérien.
  • 27.02 : Une chaude journée est annoncée avant le retour d'un front froid.
  • 01.03 : La protection de l'environnement de Shanghai introduit un nouveau service (www.semc.gov.cn) qui mesure la qualité de l'air, heure par heure, sur smartphone, microblog et leur propre page web.
  • 01.03 : Un front froid rafraîchit la ville, 3°C, pluie modérée.
  • 02.03 : La mode d'hiver est encore à la une.
  • 04.03 : Le thermomètre va remonter pendant la semaine, jusqu'à 22°C.
  • 05.03 : Le printemps a commencé, les fleurs des arbres le confirme, le mercure va encore grimper.
  • 06.03 : Shanghai était modérément pollué hier; 2 alertes ont été émises (particules PM 2.5 à 160 microgrammes par mètre cube).
  • 07.03 : Il faut enlever des couches, le mercure atteint 23°C.
  • 08.03 : Shanghai fluctuera entre été et hiver, sans passer par le printemps.
  • 09.03 : La chaleur est arrivée.
  • 10.03 : La température va redescendre à 11°C, puis remonter à 21°C, puis rechuter à 11°C mercredi.
Notre thermomètre est un yo-yo. Ce qui me fait penser à ma mère qui disait à propos du coin du monde d'où je viens : " Ici, il faut avoir le caractère mieux fait que la figure." Maman, ici, à Shanghai, c'est pire ! Nous avons perdu 20°C pendant la nuit de samedi à dimanche. J'ai déjà perdu beaucoup de choses, mais ça, jamais.

7 mars (Shanghai Daily)
Pourtant, j'ai pris les choses en main dès la semaine passée, j'ai passé à la "laverie" avec mes manteaux d'hiver. Des endroits pareils, il y en a partout. Avant, pendant notre première année, j'allais chez Jiji. Pas parce que je le trouvais sympathique, mais il était très proche de chez nous. Ceux qui lavent et repassent les chemises de Fred sont un peu plus loin, mais tellement plus souriants.

Entre magasin de thé et agence immobilière
Leur boutique se trouve sur le chemin du marché, juste après le supermarché, ma tournée minimaliste. D'eux, un couple, je ne connais pas grand chose, même pas leurs noms, mais je sais qu'ils viennent tous les deux de la province voisine de Anhui. Par contre, je vois qu'elle tricote. Je la complimente sur la couleur de sa laine et sur sa vitesse d'exécution, malgré le fait qu'elle manie ses aiguilles en regardant la télévision. Je remarque quand elle est allée chez le coiffeur et le lui dit. A quoi elle répond qu'elle se trouve trop grosse. Des banalités de femmes. Parfois elle dort dqns une petite cachette derrière un rideau. Je lance alors un "ni hao" d'abord timide, puis un peu plus fort si elle ne réagit pas au bout de quelques minutes. Lui est petit et très mince, très discret. Depuis que c'est à lui que j'ai apporté du chocolat pour la nouvelle année, par hasard, j'ai toutefois droit à un sourire. Au font de leur boutique, derrière l'imposante machine à laver, ils ont un local que je n'ai jamais vu. Par contre, on aperçoit au travers des vêtements suspendus au plafond un réchaud à gaz qui lance d'énormes flammes. La première fois j'ai cru que l'arrière-boutique prenait feu. Maintenant, je sais que c'est bientôt l'heure de manger.

Aujourd'hui, c'était elle qui cherchait les vestes de Fred

La grosse machine et le coin à sieste juste devant
















Le Bureau météorologique de Shanghai a décrété que le printemps arrivait lorsque la température moyenne atteint 10°C pendant 5 jours consécutifs. Le premier de ces jours est considéré comme le premier jour du printemps. En 2013, c'est le 4 mars qui a cet honneur. 

lundi 11 mars 2013

Tokyo : attentes, stupeurs et traditions

Entre passé et présent
D'un côté, prenons un quartier au centre ou à l'ouest de la ville. Qu'observe-t-on? Des immeubles modernes, parfois spectaculaires, concoctés par des architectes renommés. On s'y attend.

Le quartier de Shinjuku à la tombée de la nuit

La galerie d'art 21_21 de  Tadao And0

Le musée d'art Suntory de Kuma Kengo
Le musée d'art Mori à travers l'araignée géante de
Louise Bourgeois appelée Maman

La merveille de Kisho Kurokawa, le Centre national d'art, qui
ondule à l'extérieur et surprend avec ses cônes géants à l'intérieur






La Tokyo Skytree de Tadao Andō et Nikken Sekkei et,
au premier plan, l'Asahi Beer Hall de Philippe Starck
Et des détails amusants repérés en levant
le nez, comme ici dans une rue consacrée
uniquement au matériel de cuisine
Toutes ces constructions surprenantes, je les ai recherchées, notées, soulignées dans mon guide. J'avais aussi souligné le quartier d'Akihabara, "electric town", parce qu'il semblait que c'était là que les produits électroniques et les robots "domestiques", étaient testés en primeur avant qu'ils n'atteignent le marché de masse, peut-être dans 2 ans. Je ne savais pas ce que je cherchais. J'avais aussi oublié que mon guide, acheté en avril 2011, datait en fait de 2010. Et dans ce coin du monde, ça bouge. Trois ans, c'est long, ce qui était vrai alors ne l'est plus forcément actuellement. Je viens de découvrir que Akihabara n'est plus le centre du monde en ce qui concerne l'électronique, il s'est déplacé, dans d'autres quartiers de Tokyo, mais surtout, plus loin, la Corée, Taiwan et la Chine. D'ailleurs, même les appareils de photo sont souvent "made in China", même si leur programme à Tokyo ne parle que japonais.
































La question qu'on est en droit de se poser est : Est-ce que Akihabara est alors tout déserté ou vide? Pas du tout, du tout. Dans cette ville où le m2 est l'un des plus chers au monde, rien n'est vide, rien n'est déserté. Depuis un certain temps (c'est bon de s'autoriser à rester vague), ce quartier est celui, avant tout, des mangas et autres produits dérivés.



Des bâtiments entiers leur sont consacrés. Comme je n'y connais absolument rien, je me suis baladée, presque jusqu'à lassitude, essayant de comprendre comment les livres étaient classés, certains qui me semblaient destinés à des enfants côtoyaient d'autres livres qui frisaient la gentille pornographie. Je n'ai rien compris, je l'avoue.

Mais dans ce quartier, je n'étais pas au bout de mes surprises. A chaque coin de rue, des jeunes filles en uniforme de domestique (maid, en anglais) distribuaient des dépliants vantant les mérites de leur maid-café.


Apparemment, ces cafés sont fréquentés par un public essentiellement otaku (quelqu'un qui consacre une certaine partie de son temps à une activité d'intérieur comme les mangas, animes, les idoles japonaises, ou encore les jeux vidéo). Les services de base qui y sont offerts sont les mêmes que dans les cafés traditionnels, auxquels il faut ajouter diverses interactions avec les maids, telles que la prise de photo ou divers jeux et animations. Allons-y, c'est typique, il faut voir.

Les photos sont interdites, donc difficile de bien cadrer
Ces jeunes filles qui s'expriment avec une voix de bébé, qui appellent les clients masculins "master", qui nous font souffler une bougie fictive et compter jusqu'à 3, qui vendent des nounours, qui trouvent tout cute (mignon), nous proposent de mettre des oreilles de lapins et autres petits jeux que je n'aurais plus osé proposer à mes enfants, au-delà de 5 ans, qu'en penser? Ambigu... Peut-être que j'étais déstabilisée après avoir vu des petites filles dessinées avec des énormes seins?

Heureusement que je viens de dénicher cette vidéo qui explique que les maid-cafés existaient pour sortir les clients de leur environnement et de leur solitude, les détendre, les faire retomber en enfance.


Dans les magasins, on trouve aussi des tenues de maids...
J'ai hésité à traiter ce sujet pour mon billet du 8 mars, journée de la femme. Mais quand on ne comprend pas, c'est difficile de savoir par quel bout commencer l'histoire. On trouve davantage d'informations sur Wikipedia.

C'est avec bonheur que j'ai découvert un quartier, plus au nord-est. Plus traditionnel, plus rassurant... Asakusa. Le Japon plus que Tokyo. Détruit lors du tremblement de terre de 1923, puis rasé à nouveau pendant la 2e guerre mondiale. Et reconstruit encore, toujours autour du temple Senso-ji, lui aussi détruit et reconstruit.








Les petits rideaux que l'on doit franchir pour entrer dans
un restaurant
Une sandale en paille longue de 4.5 m,
tressée par 800 villageois de la préfecture
de Yamagata (près de Fukushima, puisqu'on connaît)

En triant mes photos, en les organisant, je me dis que j'ai bien goûté Tokyo, que j'ai nourri mes attentes, que je n'ai pas encore tout digéré, mais que j'aimerais bien reprendre une tranche de Japon.