Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 26 septembre 2013

Fermeture de magasins


Il y a un an, je m'étais promenée dans un havre de douceur à deux pas d'une des plus importantes rues de shopping de Shanghai, Jing'an Villas. Cette année encore, début septembre, j'y suis retournée avec des amis pour faire une petite pause dans un des cafés. J'ai pensé que ma mémoire m'avait joué des tours, les cafés étaient bien moins nombreux que dans mon souvenir.

Quelques jours plus tard, j'en ai eu l'explication : le quartier entier va reprendre sa forme résidentielle. Le 10 septembre, des ouvriers encadrés par des policiers ont fermé plus de 80 échoppes illégales, il en restait encore à fermer, pour ne laisser que 5 commerces. Adieu cafés, marchands de fruits, coiffeurs... Certains propriétaires pensent à s'établir ailleurs, d'autres ont dit vouloir ré-ouvrir dès que les ouvriers et policiers auraient tourné les talons. Des bornes sont installés n'autorisant que les habitants à pénétrer dans l'allée.

Tout bouge. Souvent, nous observons la naissance de quartiers "à la mode", parfois nous déplorons la désertion d'autres endroits que nous aimons bien. Il nous arrive de nous demander si certaines rues vont attirer du monde, c'est le cas du sud de Wulumiqi Lu qui, en quelques mois, a vu l'arrivée de 3 ou 4 bars qui nous paraissent bien vides.

Je me demande si la persévérance des habitants de Jing'an Villas va inspirer ceux de Yongkang Lu...

mardi 24 septembre 2013

Enseigner en région rurale, un métier ingrat


Cheng Xinggui, 58 ans, accusé d'avoir menti sur son expérience professionnelle, s'est jeté dans une rivière. Juste avant de mourir le 17 juillet, on l'a entendu crier "J'ai des preuves !"

Quelques jours après la "Journée des enseignants" (10 septembre), cette tragédie met en lumière la précarité des enseignants des campagnes. Il s'agit souvent de personnes non-qualifiées, sans qui de nombreux villages n'auraient pas d'école.

La province du Yunnan
Cheng a enseigné dans la province du Yunnan pendant 25 ans et 6 mois. Il faisait partie des 150 000 instituteurs recrutés de façon temporaire pour enseigner dans des écoles de villages du Yunnan, des gens qui ne figuraient sur aucune liste gouvernementale parce qu'ils n'avaient pas ou pas encore obtenu les qualifications requises. Cheng a commencé d'enseigner en 1977. Comme beaucoup de ses collègues, pour un salaire plus que dérisoire, il était à la fois mentor, baby-sitter, cuisinier et infirmier. C'est lui qui portait les gosses sur son dos pour traverser des rivières en furie, c'est aussi lui qui changeait les pantalons des petits lorsqu'ils n'étaient pas encore propres. Son maigre salaire n'a pas permis à ses propres enfants d'entamer des études. Le gouvernement provincial lui a bien proposé une formation d'un an en 1997 pour régulariser sa situation. Il n'a pas pu en profiter, comment aurait-il pu payer études et hébergement alors qu'il pouvait à peine subvenir aux besoins de sa famille? C'est en 2004 que le gouvernement a décidé de remplacer les enseignants temporaires par des universitaires. En 2006, 500 000 instituteurs de l'ouest du pays ont été renvoyés pour manque de qualifications.

Yanjin, dans le Yunnan, où Cheng a enseigné
Selon le Ministère de l’Éducation, Cheng aurait dû recevoir 21165 yuans en compensation, mais il n'a pas pu prouver qu'il a enseigné pendant toutes ces années, il lui manquait des fiches de salaire représentant 8 ans de son travail. Pour ces fiches manquantes, il a rassemblé ses notes d'enseignement, toutes estampillées officiellement, pour prouver son bon droit, puis a traversé les 20 km de chemins escarpés pour aller apporter les preuves à son ancienne école. Inutiles, refusées ! Il a appelé sa femme, s'est plaint de se sentir humilié. Le lendemain, le 11 juillet, il a rendu visite à un ancien collègue, Zhu Yinghuai, 82 ans, en espérant pouvoir trouver de l'aide auprès de lui. Après tout, c'était Zhu qui l'avait convaincu en 1977 d'entamer une carrière d'enseignant ! Il aurait fallu que Zhu l'accompagne en personne à l'école, mais Zhu est âgé, il souffre de maladie neurodégénérative et, de surcroît, se déplace à grand peine, impossible donc qu'il l'accompagne. Le 13 juillet, Cheng est devenu fou, incohérent et s'est mis à battre sa femme et sa fille, ce qu'il n'avait jamais fait jusque là. Le 17 juillet, il est parti sous une pluie battante, on l'a retrouvé 18 heures plus tard à 5km de chez lui.

Des enfants vont à l'école dans la boue
Pourtant, des enseignants "temporaires", il en existe encore. On les renvoie, puis on les supplie de rester car personne ne veut de leur poste. Sans eux, les gosses devraient marcher pendant plus de 10 km pour aller dans une autre école. Rien que dans le Yunnan, il y en a encore 150 000 qui ne sont payés que le 20% du salaire de leurs collègues formés et nommés !

Et pendant ce temps, dans les villes, les enseignants reçoivent des cadeaux pour la "Journée des enseignants".
Enseignants des villes...
enseignants des champs

lundi 23 septembre 2013

La Chine pourrait considérer une politique des deux enfants



De l'enfant unique, j'en ai parlé en août 2011. Entre autres, car cet aspect de la société chinoise, je le garde toujours en tête, quand j'observe ces drôles de familles, quand ces petites pestes d'enfants uniques m'énervent, quand on les encourage à se croire tout permis. Heureusement pas tous les gosses et pas toutes les familles ! Et voilà que ça bouge...


En annonçant ses réformes prochaines, la Chine a admis implicitement que sa politique de l’enfant unique, mise en œuvre pendant quarante ans, aura été un échec. Cette politique a conduit à de graves abus. On estime que l’establishment chinois responsable du planning familial aura été à l’origine de 336 millions avortements. Cela inclut des avortements ou stérilisations forcées auxquelles aura conduit un contrôle intrusif d’un des aspects les plus intimes de la vie chinoise.


L’agence d’information chinoise la plus importante, Xinhua, a annoncé qu’une proposition de réforme de cette politique impopulaire avait été introduite en août. La politique actuelle contraint les couples à demander à l’Etat la permission d’avoir un second enfant, ce qui n’est autorisé que si l’un des parents n’a aucun frère ou sœur. A l’avenir, l’autorisation serait accordée si cela n’était le cas que d’un des parents…

La nouvelle politique pourrait conduire à un nouveau « baby boom ». Cependant elle serait insuffisante et trop tardive pour prévenir la crise économique menaçante, causée par le déficit des retraites. Le rapport anticipe une croissance de la fécondité de 1,45 à 1,66 enfant par femme. Néanmoins même avec cette croissance, les taux seraient toujours en dessous du taux de renouvellement des générations, c’est-à-dire 2,1 enfants par femme.


Le changement de cap peut être mis sur le compte de l’influence affaiblie des anciens fonctionnaires chinois, chargés de la gestion du planning familial. Cependant on s’accorde à dire que le facteur le plus important est l’aveu par Pékin que le pays s’apprête à faire face à une crise démographique causée par la baisse brutale du taux de fécondité par le passé.

Depuis la création de la politique de l’enfant unique en 1971, dirigeants chinois, fonctionnaires de l’ONU et démographes ont justifié celle-ci en assurant qu’une population moins nombreuse ferait de la Chine un pays plus prospère. Mais le déclin démographique précipité a également été à l’origine réduction de la population active, six ans avant leurs prévisions. La Chine vieillit plus rapidement qu’on l’avait cru par le passé.


Dans certaines villes chinoises qui viennent de mettre en œuvre la nouvelle politique, les couples n’ont pas encore réagit en faisant plus d’un enfant. Cela montre que la norme est devenue celle de la famille à taille réduite. Les enquêtes à échelle nationale indiquent que 40 à 50 % des couples souhaiteraient avoir deux enfants. Mais la plupart de ces enquêtes ont été faites avant que la situation économique se dégrade. Dès lors, on évoque d’autres facteurs qui expliqueraient ce manque de réaction : l’augmentation du coût de la vie, la baisse de la fécondité due à la pollution et aux conditions de vie déplorables.

Il y aura donc quelques adaptations à mettre en place : est-ce que les fonctionnaires pourront encore imposer des stérilisations forcées et des avortements ? Comment vont-ils pouvoir compenser leur manque à gagner que leur procure le montant des amendes payées par les familles qui ont plus d’enfants (amendes peuvent s’élever d’un à dix fois le revenu annuel d’un couple) ? Il faut vraiment penser à tout...

samedi 21 septembre 2013

Retour à la normale


Le 8 août, j'ai relaté l'histoire de la disparition de mon outil de travail. Depuis, nous avons dû nous contenter d'une orthographe approximative et qui pouvait parfois prêter à confusion : est-ce que "meme" est mémé ou même ? Pour moi, cette parenthèse de deux mois a été l'occasion d'évaluer la tablette que j'avais en accessoire plus qu'en véritable outil. Oui, une tablette c'est bien, mais comment peut-on affirmer qu'elle remplace un ordinateur ?

Le 17 septembre, au soir, j'ai retrouvé un portable, tout beau, tout neuf... mais pas tout à fait prêt à l'emploi. Trois ans et demi que j'avais l'autre. Qu'est-ce qui s'en est passé des choses en ce temps. Fini les CD d'installation à n'en plus finir. Tout est déjà pré-installé, pré-mâché et pourtant qu'est-ce que j'ai sué. Je ne vais pas détailler mes errances et mes frustrations. Je vais juste apporter une réflexion concernant tout ce matériel qui m'a sauté dessus pendant que je fulminais. Avant, il y a longtemps c'est vrai, utiliser un ordinateur demandais des connaissances. J'avais pris un cours DOS pour gérer ma bécane. Après est arrivé Windows, s'améliorant au fil des numéros, nous demandant de moins en moins de connaissances. Et maintenant, on ne nous demande plus rien, sinon des nerfs d'acier pour gérer un nombre infini de mots de passe. Chaque programme y va du sien; ici il faut des majuscules et minuscules, là des signes, un autre demande un panachage de lettres et de chiffres, un autre encore refuse que l'on utilise un mot de passe déjà utilisé... Et moi, je m'emmêle, je peste, je râle, je hais toutes des protections soi-disant pour notre sécurité, alors qu'on le sait bien, n'importe quel hacker débutant peut craquer des mots de passe en moins de temps qu'il ne me le faut pour en trouver un.

Check-list pour reprendre ce blog dans de bonnes conditions :
  • les photos sont chargées
  • le navigateur fonctionne
  • la musique aussi, important la musique...
  • un VPN tout neuf est installé. Sans VPN pas de blog sur Blogger depuis la Chine. 
C'est reparti !

mardi 17 septembre 2013

Yuebing

(Shanghai Daily)
En 2010, nous avons découvert la Fete de la Mi-automne  (zhongqiujie) : la lune, les amoureux, le congé rattrapé, les foules en mouvement... et les gâteaux que l'on offre partout, que l'on promène d'un coin à l'autre du pays. Depuis ce billet, nous avons pris l'habitude des semaines qui sortaient de la routine (cette année, il faudra travailler ou étudier pendant 9 jours consécutifs, du 22 au 30 septembre), du prix des transports et hébergements qui doublent ou triplent, des embouteillages dans les gares et les aéroports (cette année, nous resterons à Shanghai) et nous ne recevons plus de gâteaux en cadeau de l'entreprise à Fred. Tant mieux parce que nous n'avons toujours pas appris à les savourer.


Est-ce parce qu'ils sont presque toujours fabriqués industriellement qu'ils n'ont pas su titiller mes papilles? Je ressort à chacune de ces rares tentatives gustatives avec le sentiment désagréable qu'on veut m'étouffer au pire, tester les capacités de fonctionnement de mon estomac au mieux, sans qu'il y ait de vrai plaisir des sens, pas de haut-le-cœur non plus.

(Shanghai Daily)
Un article que je viens de lire dans mon quotidien Shanghai Daily me met l'eau à la bouche et la puce à l'oreille. Est-ce que j'aurais passé à coté des gâteaux de lune?  On nous décrit "des friandises de 5.5 cm de diamètre dorées et croustillantes, à déguster encore tièdes, sentant bon le lait et la noix de coco, qui renferment un mélange de crème anglaise au beurre, soyeuse et douce, mais dans laquelle on décèle une pointe salée, subtile." Avouons que cela est tentant. Mais de plus en plus rare...


Ces gâteaux traditionnels peuvent être salés ou sucrés. Selon les régions, ils sont fourrés de dattes, de pâte de lotus, de noix, de graines, ou de viande. Ceux de Suzhou, ville voisine, sont  composés de pâte de soja et de graines, ce sont ceux que l'on trouve le plus fréquemment à Shanghai, tout comme la version avec viande dont la riche sauce explose dans la bouche. La version pékinoise est toujours sucrée, jaune d’œuf entouré de pâte de noix de coco et de graines de lotus broyées, alors que celle de Guangzhou (Canton) se caractérise par des intérieurs tels que le nid d'oiseau, l'ormeau (oreille de mer ou abalone), ou l'aileron de requin, avant son interdiction. On en trouve aussi des versions " modernes ", au fromage, au chocolat, à la crème glacée... Il est conseillé de les consommer avec du thé vert en quantité pour en neutraliser le gout et en faciliter la digestion.


Pour que le sujet soit complet, je viens de voir que la vente de yuebing est en train de chuter de 20% par rapport à l'année passée. Il faut dire que le gouvernement central a donné l'ordre de limiter les cadeaux luxueux par et envers les officiels. Les emballages deviennent plus sobres, les contenus moins riches et le prix moyen d'une boîte baisse. L'homme de la rue approuve : " Pourquoi avoir des emballages contenant, en plus des gâteaux, du vin, un stylo de marque ou une boite de thé prestigieux ? Retournons aux vraies valeurs ! "

(Shanghai Daily)

samedi 14 septembre 2013

Dylan

Il y a des rencontres imprévues qui enivrent. Nous avons rencontré Dylan dans un restaurant, House of Roosevelt, pas très chinois tout ça !

Erreur, Dylan est chinois, il vient, comme beaucoup de migrants à Shanghai, de la province de Anhui. Il a trouvé une place de serveur à Shanghai ou il a découvert, puis aimé le vin qu'il ne connaissait pas auparavant. Il est devenu passionné, prenant part à de nombreuses dégustations, puisqu'il en existe tant par ici, les Français, les Australiens, les Sud-Africains, les Chiliens, les États-uniens, les Allemands, les Italiens, les Espagnols, tous veulent nous faire goûter du vin et nous convaincre que le leur est exceptionnel. J'écris "nous", mais on lira "les 1.3 milliards de Chinois", ce qui représente un sacré marché. Pendant 7 ans, Dylan a travaillé dans un "bon" restaurant, puis le rêve est devenu réalité, une place de sommelier s'est libérée à House of Roosevelt, là ou il y a certainement la cave la plus riche de la ville.


Nous, nous ne savions pas tout ça, ne savions pas que ce restaurant avait une carte de vins impressionnante et une cave double de 5000 crus différents. C'est Dylan qui nous en a parlé. Il est venu nous conseiller pour un malheureux verre de vin, même pas une bouteille, avec sérieux et compétence. Voyant notre enthousiasme, il nous a proposé de nous faire visiter les caves après notre repas. C'est là qu'il nous a raconté un peu de sa vie et beaucoup de sa passion.


La cave principale est un magnifique endroit, difficile d'imaginer que nous sommes à Shanghai, sur le Bund. Les bouteilles sont classées par pays, puis par région. Entre chaque rangée, on a prévu des petits salons propices à la dégustation, accompagnée d'un cigare, cela va de soi (nous n'avons fait ni l'un ni l'autre).


Et puis, Dylan nous a conduit dans la cave secrète, celle à laquelle on accède en composant un code - secret, évidemment - sur un boitier caché dans un bibliothèque. Mystérieux, comme dans un bon film de quand on faisait de bons films mystérieux. Et la bibliothèque a coulissé, laissant apparaître une cave bien plus petite, sombre, température et humidité contrôlées et ajustées en permanence, la cave des grands crus. Et grands, ils l'étaient. Il nous a confié qu'à Shanghai on était plutôt Château Lafite, alors qu'à Beijing on préférait Château Latour... Nos yeux sortaient de leurs orbites et nous imaginions certains Chinois qui panachent de tels vins avec de la limonade...



Dylan, il en a goûté 2000 de tous ces vins, il en est fier, forcément, comme il est fier d'avoir obtenu ce job depuis un an. C'est son employeur devrait être fier d'avoir un tel sommelier qui sait partager sa passion avec tellement de gentillesse. Un jour, Dylan sortira de Chine et ira dans les vignobles du monde entier, il en est convaincu. J'espère qu'on lui réservera un accueil à la hauteur du sien.

vendredi 13 septembre 2013

Zenitude


J'ai déjà eu l'occasion de mentionner que les Chinois ne sont pas tous très zen, notamment sur da-ni-mon-oeil.blogspot.hk/2011/08/peut-on-se-gratter-les-pieds-dans-une-html. lls peuvent parfois être frustes et grossiers. L'histoire d'aujourd'hui en est une nouvelle preuve.

Cette histoire est l'occasion de montrer
les petits pantalons avec ouverture
que les enfants portent.  
Un couple a laissé son fils faire son petit pipi dans une rame de métro à une heure de pointe. Une passagère dont les pieds ont été aspergés a exprimé son mécontentement. D'autres passagers se sont également plaints, mais le couple a refusé de s'excuser. Comme c'est souvent le cas par ici, quelqu'un a filmé la scène et a mis la vidéo en ligne. On y voit le père s'en prendre aux passagers, donner des coups de pied à la dame aspergée et même menacer de tuer un homme. "Appelez donc la police", l'entend-on dire.


A partir de là, l'histoire devient encore plus chinoise. Je lis dans le Shanghai Daily que des officiels de la compagnie du métro et de la police l'ont ensuite éduqué, mais qu'ils n'ont rien pu faire d'autre car l'homme n'a enfreint aucune loi.

Le grand-père, qui a assisté à la scène et a essayé de retenir son fils, s'est senti obligé d'écrire un mot d'excuse  sur Internet et de réitérer ses excuses sur la télévision locale : "Mon fils est jeune et immature. Il a mal agi." Mais le bon peuple est fâché : Si le grand-père doit formuler des excuses, c'est que le père ne se rend pas compte de ses actes, il va recommencer..."

samedi 7 septembre 2013

Gare !


Songjiang Sud, Shanghai Sud, Hongqiao, Shanghai Nord, Meilong, Xinzhuang, Shanghai.... Non, ce n'est pas une comptine que les petits Chinois fredonnent à leur temps perdu, d'abord parce qu'ils ne perdent pas leur temps et surtout parce qu''ils seraient un peu stupides de répéter la liste (incomplète) des gares de Shanghai. Depuis la mise en service des trains à grande vitesse, quelques nouvelles gares ont vu le jour, mais celle que je préfère c'est celle qui s'appelle sobrement Shanghai.



Elle vit, elle grouille, elle accueille des milliers de personnes de tout le pays, elle représente aussi  la dernière image que certains se font de la ville. C'est là qu'on peut constater que tous les Chinois ne se ressemblent pas, ni dans la grandeur, ni dans la couleur de leur peau, ni dans les bagages qu'ils transportent. La gare de Shanghai, c'est un hub, une plateforme de rencontre et de croisement entre ceux qui voyagent en train (à grande vitesse ou en prenant leur temps), les voyageurs qui partent dans leur province en bus et ceux qui empruntent les lignes 1, 3 ou 4 du métro. Et les curieux, comme moi.

Le couloir de connexion entre les parties
Nord et Sud. Interdit de s'arreter annonce un des panneaux

Mais on peut quand meme faire des achats
de dernière minute...


... ou trouver un coin pour faire la sieste en attendant
son train

Un porteur attend des clients
La gare de Shanghai me fait rever. Oh, pas par sa beauté ou son exotisme. J'aime imaginer toutes ces vies qui commencent ou se terminent, tous les espoirs que représentent une arrivée à Shanghai, tous ces retours dans les villages les dos chargés de présents symbolisant réussite et fierté de pouvoir aider les parents moins chanceux ou audacieux qui ont du rester "au pays".







Je pourrais écrire qu'on l'a construite en 1987, rénovée en 2006, agrandie et rajeunie pour l'Expo de 2010. Mais ce n'est ni cette information ni son apparence ou son état qui la rendent si attachante et importante. Non, ce sont les gens que l'on y croise et qui me donnent envie d'y retourner un autre jour, à une autre heure. Pour rien. Pour y prendre un bol de Chine. Pour entendre battre le coeur de la ville.






jeudi 5 septembre 2013

Abolir 300 règles dépassées


Je lis :

" Le Parti communiste chinois qui comprend 80 millions de membres a annoncé qu'il allait continuer la révision de certaines règles commencée en juin. Plus de 40% des règles mises en place depuis la réforme de 1978 ont déjà été abolies ou déclarées invalides [...] 54 % de ces 300 règles ont été déclarées démodées, voire dépassées, les autres incompatibles avec la société actuelle.

En octobre, le Parti va commencer le nettoyage des lois de 1949 à 1978. En 64 ans, la Chine a connu de grands changements. En 1949, c'était un pays pauvre et isolé, alors que maintenant la Chine est devenue la 2e plus importante économie mondiale, fortement engagée dans la globalisation. Pour cette raison les vieilles règles contredisent les nouvelles, les nouvelles répudient les vieilles. [...]


Un système chaotique nuit à l'application de règles actuelles, crée des confusions, réduit l'efficacité et manque de crédibilité, commente le Parti. Par conséquent, la direction du Parti tient à cette campagne de nettoyage  qui aura désormais lieu régulièrement. Des systèmes efficaces doivent évaluer chaque règle, superviser sa mise en place et discipliner ceux qui la violeraient. [...] "

Xinhua (Agence Chine Nouvelle)

Je m’arrête, cela suffit, on comprend l'idée... Et j'en ai marre de cette langue de bois. J'aurais bien aimé un exemple, un seul tout petit exemple. Mais je vois bien, donner un exemple serait parlant, on pourrait comprendre, réfléchir à cette évolution de la Chine, voir ou elle aurait pu s'égarer, comment elle a éventuellement su rectifier le tir, quitte à se désolidariser des dirigeants de l'époque. Et au lieu de ça, on nous endort... le Parti a un beau futur, à l'image de son passé.

mardi 3 septembre 2013

Imparfait

Shanghai Tower, à droite, quand elle sera terminée
en 2014

Cette ville, ce pays ont le don de déclencher en moi une foule de sentiments contradictoires au quotidien. Tous les jours je suis submergée de questions, d'observations fascinantes et incompréhensibles, c'est ce qui transforme mon séjour ici en véritable aventure et qui va m'accompagner pour le reste de ma vie. Quel drole de début, qu'est-ce qui me prend? est-ce que je deviens déjà nostalgique à 10 mois de mon départ de Shanghai? Tout ça pour parler d'imperfection...

Shanghai Tower, aout 2013, qui ne va plus grandir
mais qui devra encore s'habiller
Ici, on enchaine performances et records, on en a parfois le souffle coupé. Un exemple? D'accord... prenons la nouvelle tour, celle qui s'appelle Shanghai Tower (Tour Shanghai, en toute simplicité), 2e construction la plus haute du monde quand elle sera terminée en 2014, 632 m, 127 étages, un batiment imposant, une technique de construction impressionnante que nous observons mois après mois depuis notre arrivée. On ne peut que tirer notre chapeau, bravo les Chinois! Cette performance n'est de loin pas la seule...

Les différentes étapes de la construction
qui m'épatent

Dans la meme ville, en meme temps, on remarque exactement le contraire : imprécisions, baclages, finitions douteuses ou absentes, manque de réflexion, on bosse vite, mais pas toujours bien. Combien de portes mal ajustées, de fenetres qui ne se ferment ou ne s'ouvrent pas, de cables qui trainent et qui énervent un peu? Combien d'approximations qui nous font sourire ou carrément éclater de rire? Dans l'appartement du dessous, nos voisins ont décidé de faire poser des fenetres à leur balcon. Les ouvriers ont coupé, fraisé, troué, tapé, percé, ... pendant quelques jurs pour poser les dites fenetres, que nous avons "admirées" depuis en haut, sans jalousie aucune. Quelques jours plus tard, on a entendu taper, crier, trouer, ... les fenetres étaient enlevées, pour etre remplacées par d'autres. Je l'ai écrit récemment  le shopping mall d'en face est très luxueux. J'ai vu des ouvriers s'affairer à aligner pavés et dalles tout autour... laissant le dernier mètre tel qu'il l'avait été avant la construction, plein de trous et de raisons de se tordre les pieds. Les belles qui iront chez Versace ou Stella McCartney apprécieront.

Est-ce qu'ils n'avaient plus de sous pour refaire
tout le trottoir?

Et une dernière photo pour la route, on ne s'est pas embarrassé de balayer la route avant de peindre les lignes d'un passage pour piétons, c'est très joli.

J'espère que ça leur donnera des idées de
pochoir