Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 29 mai 2013

Bon sang de bon sang

Les héros de 2012
Le 26 mai était la Journée Mondiale des Donneurs de Sang à Shanghai. Je réalise en me promenant sur Internet qu'en fait la vraie journée c'est le 14 juin de chaque année. Nous avions un peu d'avance...


Tous les dons sont les bienvenus, on n'a jamais assez de stock de sang. Il faudrait que 2% de la population s'y mette pour satisfaire aux besoins. Pour l'instant seuls 1.5% d'entre nous ont accepté de se faire pomper un demi-litre du précieux liquide. Les jeunes sont les bienvenus!

(Toutes les photos proviennent du Shanghai Daily)
Les expatriés aussi. C'est la raison de ce billet. J'ai été très étonnée de lire que les Chinois et nous n'avons pas le même sang. Grâce à nous, la communauté locale peut bénéficier d'un apport de sang de certains types rares en Chine : A, O et Rh négatif, beaucoup plus communs chez les Occidentaux

Cette "découverte" est confirmée par mes recherches (http://www.ints.fr/SangTransfGrSanguin.aspx) :  Il existe cependant des variations d’une région de la France à l’autre. Ainsi, le groupe Rh- est plus fréquent dans le Sud-ouest, en particulier au Pays Basque. Des variations existent aussi dans d’autres pays. Le groupe Rh- est rare en Asie du Sud-Est,  moins d’un Chinois sur 1000 est Rh-. Sur Wikipedia, je trouve même :
Exemples de répartition par type de population
Population O A B AB
Allemande 41 % 43 % 11 % 5 %
Belge 44 % 45 % 8 % 3 %
Britannique 47 % 42 % 8 % 3 %
Basque 56 % 40 % 3 % 1 %
Indienne du Pérou 100 % 0 % 0 % 0 %
Mayas 97 % 1 % 1 % 1 %
Indienne d'Amérique 96 % 4 % 0 % 0 %
Oyirad (Russie) 26 % 23 % 41 % 11 %
Tchouvaches (près de Volga en Russie) 30 % 29 % 33 % 7 %
Étonnant, non?


Dommage que j'aie appris que ces dons de sang avaient eu lieu.... J'y aurais été tendre mon bras.

lundi 27 mai 2013

1933 Shanghai

  
1933 Shanghai, dans le district de Hongkou, un temps le plus grand abattoir de l'Extrême Orient a depuis été transformé en quartier de créativité et de mode. L'ancien abattoir se trouve sur le boulevard Shajing. Il a été conçu par l'architecte britannique Balfours en 1933, avant l'arrivée du communisme. Selon les archives, la construction et les équipements ont coûté une somme d'argent considérable. Le bâtiment a été réalisé intégralement en béton armé, un matériau très novateur pour l'époque, importé de Grande-Bretagne. Les murs épais de cinquante centimètres sont creux pour maintenir une température modérée même en été, ce qui montre l'attention portée à la conception. À l'époque, il n'existait que trois abattoirs de cette dimension dans le monde, les deux autres en Grande-Bretagne et en Inde. Seul 1933 Shanghai est toujours bien conservé.

Comme la station de métro la plus proche n'est pas si proche que ça,
c'est bien d'avoir une adresse à donner à un chauffeur de taxi:
1933, 29 Shajing Lu, near Haining Lu
沙径路29号, 近海宁路



L'architecture de l'ancien abattoir emprunte à l'Orient et à l'Occident. Dans l'ensemble, il est de style roman alors que la structure fondamentale  est conforme à la conception traditionnelle chinoise de ciel rond et de terre rectangulaire dans la géomancie. Le bâtiment est supporté par 300 colonnes tout autour qui permettent de se dispenser de poutres. Les corridors intérieurs forment un espace mystérieux avec de la lumière changeante. Ainsi, le bâtiment ressemble beaucoup à un labyrinthe et inspire fréquemment les photographes de Shanghai. Auparavant, les animaux montaient vers la zone d'abattage par ces corridors inclinés sur la périphérie. Les corridors ont différentes largeurs pour faire passer les animaux de toutes tailles.

Les passages des vaches, peu glissants
pour mieux faire monter les animaux,
Les trois premiers étages au centre du bâtiment, connectés par des escaliers croisés et en colimaçon, abritaient les ateliers d'abattage. Ils servaient de passage d'urgence aux ouvriers en cas de danger, car les animaux, effrayés en arrivant dans les zones d'abattage, devenaient parfois très dangereux. A présent, ces zones sont occupées par des activités de création.


La façade ciselée en creux est en béton armé importé de Grande-Bretagne dans les années 1930. Les fenêtres sont toutes ciselées en creux pour une évacuation naturelle des odeurs. Elles donnent sur l'ouest, conformément à la direction du vent à Shanghai, pour faciliter l'aération.  L'originalité du bâtiment est toujours bien visible, ce qui permet aux visiteurs d'expérimenter le lieu tel qu'il était autrefois.


En 2006, la transformation de l'ancien abattoir 1933 a été lancée. Au 4e étage se trouve une scène suspendue de 1500㎡, entièrement en verre métallique, transparente et éblouissante. Des activités commerciales de grandes marques se tiennent sur cette scène.


Les architectes de l'époque avaient même pensé à inclure des éléments religieux dans la conception du bâtiment : toutes les fenêtres regardent vers l'ouest, la direction de la terre sainte bouddhiste, pour favoriser la réincarnation des animaux.


La rénovation du bâtiment a commencé en 1998 après des années d'être laissé à l'abandon. Je veux bien croire que parfois les propriétaires de voitures Ferrari se retrouvent ici lors de fêtes que j'imagine somptueuses ou que l'on y organise des mariages. Mais quand il n'accueille pas les fortunés de ce monde, le complexe est bien calme et vide. Il faudrait lui trouver un rôle digne de lui.


D'en-haut, du dernier étage, la vue sur le quartier est spectaculaire et donne envie de nous y balader.




Une partie de mon texte est adaptée, notamment de http://www.chinapictorial.com.cn/fr/se/txt/2011-09/06/content_388712_2.htm

jeudi 23 mai 2013

20 mai 2013 date romantique


Il aura fallu que j'attende le soir du 20 mai pour comprendre que j'avais traversé un jour particulier : mon amie Kelly m'a annoncé que son nouveau copain lui avait composé un poème. Comme je ne réagissais pas particulièrement à cette gentille attention, elle a dû m'en expliquer la raison. Les chiffres de la date 2013/5/20 ont une prononciation en mandarin similaire à "amour pour la vie, je t'aime". Vu que cette similitude ne me sautait pas à la figure du premier coup, j'ai dû faire répéter Kelly plusieurs fois. Similaire, similaire, si on veut, un peu tiré par les cheveux quand même... D'ailleurs, m'a-t-elle précisé le 20 mai (5/20) est de toutes façons romantique puisque, avec la même approximation, ça pourrait aussi signifier "je t'aime". Donc chaque année on fête.


Le journal le confirme, Kelly ne divaguait pas, 3766 couples ont dit "oui" ce jour-là en ville, au lieu des 400 habituels. Toutes les années, ce jour-là, on se marie davantage, c'est une bonne date, mais pas en 2012 car ça tombait un dimanche. On s'inscrit bien à l'avance, c'est un jour de chance.


Comme je le disais à Kelly, toutes les excuses sont bonnes pour être romantique : à Qixi jie, la St Valentin de l'Empire du Milieu, on ajoute le 14 février puisque Valentin se fête aussi, en tous cas dans les villes. Qui disait que les Chinois étaient plus matérialistes que romantiques?

Moi!

mercredi 22 mai 2013

Andy Warhol à Shanghai : 15 Minutes Eternal


Ah, Andy Warhol... Il est mort depuis 25 ans, et ses œuvres font désormais partie de notre environnement quotidien. Que seraient les soupes Campbell sans lui ?


Fan du Velvet Underground, j'ai toujours la petite musique de Forever Changed (du magnifique Songs for Drella - surnom de Warhol - de John Cale et Lou Reed) dans ma tête. Moi aussi je suis Forever Changed depuis que je vis ici...


Voyons rapidement qui est Andy Warhol :  né le 6 août 1928 à Pittsburgh en Pennsylvanie et mort à New York le 22 février 1987, artiste américain qui appartient au pop art, mouvement artistique dont il est l'un des innovateurs, connu dans le monde entier par son travail de peintre, de producteur musical, d'auteur, par ses films d'avant-garde, et par ses liens avec les intellectuels, les célébrités de Hollywood ou les riches aristocrates, travail reste controversé, mais néanmoins sujet de multiples expositions, de livres, et de films, généralement reconnu comme l'un des artistes les plus connus du XXe siècle.












Le 10 mai 2013, le musée d’art contemporain de Shanghai  a ouvert une grande rétrospective Andy Warhol, amputée des célèbres portraits de Mao qui figurent pourtant dans l’exposition itinérante déjà passée par Singapour et Hong Kong. Conçue pour le 25e anniversaire de sa mort, l’exposition "The Andy Warhol: 15 Minutes Eternal" rassemble plus de 300 œuvres de l’artiste dont 10 portraits sérigraphiés et à l’acrylique du Grand Timonier. Trois cents œuvres qui ont fait le voyage, mais... manquent les célèbres portraits de Mao, réalisés par le pape du pop art dans la foulée du voyage de Nixon en Chine, en 1972. Signe révélateur de la relation compliquée entre l’art et la politique en Chine ?


" Le musée Andy Warhol de Pittsburgh, en Pennsylvanie (est des États-Unis), a de longue date fait connaître leur retrait de l’événement, à Pékin et Shanghai. "Nous avons travaillé avec les conservateurs dans les deux institutions, à Pékin et Shanghai, et il y avait quelque inquiétude à les exposer en ce moment", a déclaré dimanche à l’AFP le directeur du musée américain, Eric Shiner. "Nous voulions présenter l’œuvre d’Andy Warhol en Chine. Si ces peintures pouvaient poser un problème, nous les retirions", a-t-il expliqué en évoquant "une décision mutuelle".

Réalisés en 1972 et 1973, les portraits de Mao Tsé-toung marquaient le retour d’Andy Warhol à la peinture. Ils auraient été inspirés par la visite historique du président américain Richard Nixon en Chine en 1972 et sa rencontre avec le père de la Révolution culturelle.

En Chine, le culte de la personnalité autour de Mao entretenu dans les années 1960 et 70 a produit de nombreux portraits et statues aujourd’hui largement disparus."


Personnellement, je trouve qu'il y a encore beaucoup de statues de Mao, ici et ailleurs en Chine. Avec ou sans lui, qu'importe, il y avait Marilyn, Jackie, Liz, et tant d'autres...










Et ensuite, il y a même eu nous, pour notre quart d'heure d'éternité. Même davantage car l'employé du musée devait retrouver le mode d'emploi pour faire fonctionner l'imprimante...














La soupe au menu du café

mardi 21 mai 2013

Power Station of Art


Avant d'évoquer 15 Minutes Eternal, rétrospective des oeuvres d'Andy Warhol,  il faut que je parle de l'endroit dans lequel cette exposition a lieu : la Shanghai Power Station or Art.


165 mètres de haut, immense thermomètre fluo, la cheminée de l'ancienne usine électrique est visible de loin, de très loin. Converti dans sa nouvelle mission, l'ensemble, initialement construit en 1897 (long de 128 m, large de 70 m, haut de 50 m - soit 41.200 m2, 15.000 m2 de salles d'exposition) se situe le long du fleuve Huangpu, côté Puxi, au sud-est de la métropole.
200 Huayuangang Lu, près de Miaojiang Lu.
15 minutes à pied depuis la station de métro la plus proche.
Sinon ne pas oublier de donner au chauffeur de taxi l'adresse en chinois :
花园港路200号, 近苗江路
 Cette usine, monstrueuse par sa taille et par ses capacités à polluer Shanghai, avait été, en 1997, reconvertie en usine à gaz, puis désaffectée en 2005, avant de devenir, lors de l'Exposition Universelle, en 2010, le Pavillon du Futur.

Une armée de femmes style "soldats de terre cuite"
comme à Xi'an, de Simon Fujiwra, Rebekka.
A l'époque, la proposition des deux concepteurs, très ludique, poétique et totalement déjantée de l'avenir avait séduit les foules, attirant chaque jour des milliers de gamins et d'adultes subjugués. Ce succès a très certainement influé sur la décision des autorités étatiques et shanghaiennes de créer là, et non dans un nouvel édifice, le premier musée d'art contemporain public du pays.


Les aménagements de la future PSA a donné lieu à un chantier ouvert 24h sur 24h pendant huit mois. Le projet a été confié à une agence d'architecture chinoise en cheville avec l'Université Tongji de Shanghai. Résultat: les professionnels de l'architecture et des musées s'accordent pour dire que l'ancienne usine électrique va pouvoir désormais jouer dans la cour des grands. La structure initiale du bâtiment, avec sa haute cheminée et son gigantesque "coffre", fait d'ailleurs immanquablement penser à la Tate Modern. On peut y voir aussi certaines réminiscences du Centre Georges Pompidou.  (tiré de http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-hudelot/261012/la-shanghai-power-station-art-joue-dans-la-cour-des-grands)

 ''Falling Like a  Feather'' de Wang Yuyang,
une installation de lumières fluorescentes.





... et dans chaque main, placez un objet.
Ainsi, les millions de visiteurs se voient-ils "bénis"
par une forêt verticale de mains.
Cet arbre représenterait la nouvelle vie de cet espace
hier consacré à la production éléctrique,
aujourd'hui et demain à l'énergie créative.

A l'entrée trône "Les mille mains de Guan Yin",
du Franco-Chinois Huang Yongping.
Prenez le porte-bouteille de Marcel Duchamp,
donnez lui la dimension qu'il sied.
Ici, donc 18 mètres. Accrochez sur chaque tige
un bras de la déesse Guanyin le tout en métal, ...





 






samedi 18 mai 2013

Musée des Arts de Chine


Quand il ne fait pas beau, on va au musée. Pourtant je n'ai pas cessé de le répéter, en mai, à Shanghai, il fait beau. Mais pas cette année. Est-ce que la pluie de prunes aurait pris de l'avance ? J'avais conservé un article sur une exposition de photographies au Musée d'Art, allons les voir. Ah oui, sauf que le musée visité en octobre est maintenant fermé. C'est le pavillon chinois de la défunte Expo 2010 qui a pris ce rôle, après rénovation, devenant ainsi le Musée des Arts de Chine.


Il se situe donc sur le site de l'Expo, un quartier vidé de certains pavillons ou dont certains ont trouvé d'autres affectations, parfois encore en cours. Avant, le "vieux" musée se trouvait sur la Place du Peuple, en plein centre de Shanghai, facile, pratique, agréable. Maintenant, il a droit à sa station de métro à lui, le veinard.


Ce nouveau musée, pourvu de 27 salles d’expositions pour une surface de plus de 64 000 m² répartie sur trois niveaux, va présenter l’histoire et le développement de l’art moderne à Shanghai et en Chine.


Comme il y a beaucoup de places, nous avons vu beaucoup de photographies, trop à mon goût, j'ai frisé l'indigestion. C'est pour cette raison que je préfère ne mentionner que l'endroit qui mérite le détour, d'autant plus que je l'avais vu que de l'extérieur pendant l'Expo, les files d'attente duraient plusieurs heures. Cette fois, aucune file, aucune attente.


http://www.artmuseumonline.org/eng/index.jhtml

jeudi 9 mai 2013

Hong Kong : la ruée vers l'or


Il y a des traditions dont on n'est pas toujours conscients quand on se rend dans un endroit "par hasard". En allant à Hong Kong pour le congé du 1er mai, nous n'avions pas la moindre idée que nous faisions exactement comme des milliers de Chinois, mais pas pour la même raison. 

On fait la queue devant Cartier.
Cette semaine-là est appelée la "golden week" par l'industrie du tourisme hongkongais, une des périodes les plus importantes de l'année pour la branche. Des groupes venus de Chine pleuvent sur le territoire. Des centaines de milliers de Chinois se ruent sur tout ce qui s'achète, appartements de luxe, or, montres...

On fait la queue pour entrer chez Tiffany's.
Cette année, c'est dur, paraît-il. Le South China Morning Post nous explique que cette année, rien ne va. D'abord, les groupes chinois sont moins nombreux (baisse de 15%).  Les Chinois dépensent moins. Cette chute a été amorcée depuis 2008. La présidente de l'Association des détaillants avance une explication : les clients chinois proviennent maintenant davantage de villes de 2e catégorie et ont tendance à dépenser moins. Les voyages de groupes ont aussi diminué; il était facile de guider les groupes vers les centres commerciaux. Avec les voyageurs individuels, c'est plus dur.

De l'or dans beaucoup de vitrines... Plus les pièces sont chargées,
plus elles sont censées plaire, je suppose...

En plus de tous ces soucis, les pauvres détaillants ont dû cette année s’accommoder d'une difficulté supplémentaire : 2 semaines avant la date fatidique, le prix de l'or s'est cassé la figure. Les clients se sont alors rués sur Hong Kong, vacances ou pas.

Devant Prada, la file d'attente est bien longue.

Alors moi, de savoir que je faisais partie d'une telle horde d'assoiffés d'or et de shopping frénétique, j'ai baissé les bras, verrouillé mon porte-monnaie, oublié de regarder combien coûtaient les smartphones et photographié avec amusements les gens qui faisaient la queue devant des magasins tout de même hors de prix, même hors taxes.

Oh oui Madame, il n'y a rien de mieux qu'un bracelet
étincelant en or pour symboliser la lutte des travailleurs
contre l'oppression, pour l'égalité et de meilleures conditions
de travail (South China Morning Post)