Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 24 avril 2014

Yongkang Lu 2014, Saison 3




Cette histoire, c'est ma série à moi. J'ai aimé le pilote de 2011, chinois, dépaysant, authentique... Je me suis laissé surprendre par le scénario concocté pour la Saison 1, qui laissait entrevoir d'autres développements pour d'autres saisons à venir, avec d'autres acteurs. La Saison 2 ne m'a pas déçue, coups de théâtre, deux camps hostiles, violence parfois, flics tous les jours, on avait passé à la vitesse supérieure qui ouvrait la porte à une Saison 3 assurée. Est-ce que les scénaristes allaient pouvoir se renouveler? Est-ce que le public allait rester fidèle ? Combien de saisons encore avant qu'une autre série ne prenne le relai...

A remplacé un magasin de chaussures
A remplacé le coiffeur



















 Voyons-en donc les derniers développements.

Par rapport à 2011, c'est bien simple, tous les commerces ont disparu, à part...

... toujours la réparation de fermeture à glissière

Plus de journaux, mais...

L'Indestructible Jiji



Le couple de recycleurs
Heureusement que j'ai la page sur 2012 sinon je ne me souviendrais pas que...

Le restaurant de sushi a vu naître....

... un concurrent










Le fish'n'chips a
doublé de volume
...les vêtements ethniques sont venus
entre 2011 et 2012. En 2014, la propriétaire
a tout de même réduit son stock de fringues
pour installer un coin "bar"




De nouvelles enseignes ont vu le jour, des bars, encore des bars, toujours des bars... Jusqu'à quand ?

 














Les gardiens de la paix poursuivent leurs rondes
inlassablement.
Et pendant ce temps, les échoppes des rues avoisinantes se vident.
Tentées par le succès ?

samedi 19 avril 2014

Sortie de boîte

Faire ou ne pas faire une page sur un événement insipide et banal alors que le monde gronde, tonne, fume et tempête me semblait hors propos. Et puis, non, soyons léger en ce samedi de Pâques; ce qui n'empêche pas un petit coup de cafard, un des nombreux qui nous attendent. 

Sortir en groupe, c'est se goinfrer...

... de petites bêtes !

Une sortie d'entreprise en Chine n'a rien à voir avec une sortie d'entreprise en Suisse. De ce que je me souviens... endroit charmant, plutôt proche de l'entreprise, des collègues enthousiastes, des collègues fatalistes ("je ne voudrais pas qu'on prenne mal mon absence") ou opportunistes ("on ne peut pas refuser une bouffe à l’œil, non?") ou absents (mais excusés), on trinque avec tout le monde, puis on se colle à quelques collègues qu'on côtoie au quotidien. 

En visite guidée
Ici, c'est différent. Jusqu'en 2012, l'entreprise qui emploie Fred organisait une sortie par an avec les employés et leurs familles. Nous avons loupé ces sorties car elles avaient lieu autour de Noël et que nous étions absents. Mais j'étais soufflée par le type d'escapades, Hainan au bord de la mer, Yunnan dans les montagnes, 3-4jours aux frais de la princesse. Depuis, on a resserré les budgets, les sorties ont lieu sur un week-end sans les familles, "dans les environs", je ne connaissais que par procuration. 

Faire la connaissance de petites filles...
... incroyablement souples





















Cette fois, fête d'adieu, les familles ont été invitées, les collègues ont choisi l'endroit et j'ai participé. Trois heures trente de TGV pour aller dans le Shandong, visites culturelles (Qufu et Taishan) et KTV (karaoké) en soirée. J'ai aimé le genre. Informel, généreux, une réelle envie de partage et d'échanges, la religion, la famille, les valeurs, l'ici et l'ailleurs, l'histoire, tout y passe quand on marche côte à côte, des échanges de préférences des unes et des autres quand on mange du même plat, les goûts musicaux et les fous-rires au KTV. En anglais, en allemand, en chinois, avec les mains, avec le cœur...

 On n'échappe pas aux discours...

... suivis de bons vœux, d'une table à l'autre,
cul sec, on montre le résultat,   gan bei 干杯 !

 Et les règles d'un jeu familial.
Mais pas de video du karaoké !

En Chine on devient vite hao peng you (好朋友, bons amis), un week-end comme celui que nous avons passé avec eux, c'est un moment de grâce, un exercice de team-building efficace.


mardi 15 avril 2014

Qufu 曲阜




Qufu (曲阜) est, comme Taishan dans la province du Shandong. Elle abrite le temple, le cimetière et la demeure de famille de Confucius. Quand j'ai écrit ma page sur Confucius, je ne pensais pas que j'irai sur ses pas, dans la demeure de sa famille, là où il est né, là aussi où un temple (Kong Miao 孔庙) a été construit à sa mémoire en 478 av. J.-C., détruit et reconstruit au cours des siècles, et qui compte aujourd'hui plus de cent bâtiments. Il aura fallu que les collègues de Fred décident que nous avions besoin de culture chinoise avant de nous en retourner pour que nous y fassions un saut... à la chinoise !





On se rappelle que Confucius est un célèbre philosophe, homme politique et pédagogue de la Chine ancienne dont le système de croyance mêlant philosophie, politique et éthique (nommé par la suite Confucianisme) a profondément influencé la culture chinoise. Il était considéré comme le " Modèle sacré du maître pour dix mille générations " (en toute simplicité, naturellement) et vénéré à ce titre par les empereurs chinois. 

Entamons donc la visite sur ses terres. Mais d'abord, écoutons quelques informations de notre guide.



C'est bon, nous avons nos billets, entrons, ne perdons de vue ni le groupe, ni la guide qui nous appelle "lai Shanghai de peng you" (来上海的朋友 - les amis qui viennent de Shanghai).



















Le temple s’étend aujourd’hui sur 14 hectares. Il comprend 104 bâtiments ainsi que plus de 1 250 arbres anciens. Il abrite plus d’un millier de stèles d’époques diverses, et des objets précieux tels que des bas-reliefs, des illustrations gravées représentant sa vie et des sculptures de dragon. Le temple a servi de prototype et de modèle pour tous les temples de Confucius que l’on trouve très largement disséminés dans les pays d’Asie du sud et de l’est, notamment en matière d’agencement et de style. 

 



















Admirons, extasions-nous, mais vite, vite... et ne pas nous tromper de guide.

Les bâtiments étaient imaginés et construits avec un soin méticuleux, en respectant les conceptions du Confucianisme concernant la hiérarchie selon laquelle les diverses composantes doivent être disposées. Ce temple est devenu, au fil du temps, le deuxième ensemble architectural de la Chine impériale après la Cité interdite de Beijing


Comme tous les temples dédiés à Confucius, il tient plus du musée que du lieu de culte. On n'y brûle pas d'encens, on rend hommage au vieux sage.

Les petits en ont marre ? Attention de ne pas les perdre. Qu'importe, on y va, dépêchons-nous, c'est grand.


Des colonnes tellement finement ciselées qu'on
les drapait de soie rouge de peur qu'elles
n'éclipsent les autres beautés du temple.
Un arbre bien mort, mais qu'on continue
à vénérer.























La résidence de la famille Kong était à l’origine une petite maison familiale accolée au temple, avant de devenir une résidence aristocratique où vécurent et travaillèrent les descendants mâles en ligne directe de Confucius. Après avoir été détruite par le feu et reconstruite, elle s’étend aujourd’hui sur 7 hectares avec un total de quelques 170 bâtiments. Plus de 100 000 collections y sont conservées : dix instruments de cérémonie des dynasties Shang et Zhou, les portraits de Confucius réalisés en différentes périodes, ainsi que des vêtements et des coiffes datant des dynasties Ming et Qing, plus de 60 000 dossiers et archives des dynasties Ming et Qing, témoignage digne de foi sur toutes sortes d’activités qui s’y sont déroulées pendant plus de 400 ans. 

Mais pas le temps de voir tout cela. Vous avez mal aux pieds ? Vous êtes fatigués de la marche d'hier ? Il faut se dépêcher, la visite n'est de loin pas terminée et nous devons manger avant de repartir.

La plus ancienne école de Chine
Jadis plus somptueuse mandarinale du pays, cette résidence témoigne de la puissance passée du clan Kong. Les descendants de Confoncius furent anoblis et les empereurs leur accordèrent de maints privilèges. Ils vivaient comme des rois, avec des repas de 180 plats et nombre de serviteurs et concubines. Qufu se développa autour la résidence et fut un territoire autonome administré par les Kong, qui percevaient les impôts et rendaient la justice.



















Oh chic un spectacle, une procession encadrant le grand Maître vers son école :

Allez Dani, on y va, on ne peut pas attendre...

Situé à 1 100 mètres au nord de la ville de Qufu, le cimetière de Confucius s’étend sur une surface de 813 hectares. Il abrite le tombeau de Confucius et les tombes de plus de 100 000 de ses descendants. Mais nous ne l'avons pas visité, pas le temps.

Un guide qui attend son groupe de lambins


Le temple, le cimetière de Confucius et la résidence de la famille Kong ont été inscrits dans le premier groupe de Sites nationaux prioritaires sous protection en 1961 et le bien est protégé au titre de la Loi sur la protection des vestiges culturels de la République populaire de Chine. Ils ont été inscrits en 1994 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Les infos, les dates et les quelques détails qui précèdent, je viens de les puiser sur Internet (Wikipedia et UNESCO) et dans mon guide Lonely Planet. C'est ainsi que je fonctionne. Sur place, j'aurais préféré prendre mon temps, m'asseoir sur un banc et méditer quelques pensées de Confucius dans un environnement propice à la réflexion. Quoique... le Shandong a un taux de pollution plutôt élevé qui, de nos jours, pourrait ne pas convenir à la contemplation. L'explication officielle affirme que c'est dû à la sécheresse, au manque de précipitations. D'autres voix murmurent qu'il pourrait s'agir des émissions de centrales à charbon et d'usines de ciment et d’industrie chimique.

lundi 14 avril 2014

Taishan la vénérée






















" Le mont Tai ou Taishan (泰山) se situe au nord de la ville de Tai'an (à 150 m d'altitude), dans la province du Shandong. Son point culminant, le Pic de l'Empereur de Jade, a une altitude de 1 545 m. Il est particulièrement important par son histoire et sa signification culturelle, car c'est l'une des cinq montagnes sacrées de la Chine. C'est le Mont de l'Est, associé à l'aurore, à la naissance et au renouveau, et la plus vénérée des cinq montagnes sacrées. Les temples qui y sont perchés sont une destination de choix pour les pèlerins depuis 3 000 ans. C'est le théâtre d'un pèlerinage unique : l'ascension nocturne vers le pic sacré de l'Empereur de jade..." (Wikipedia) ... que nous avons faite en téléphérique, de jour, au lieu de gravir les 6 660 marches pour franchir la Porte céleste du sud et arriver dans le sanctuaire !



Les dernières des 6660 marches



























Depuis 1987, le mont Taishan est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Allons donc voir ce que le site de l'institution nous raconte (extraits) : " Le mont Taishan, site d’une exceptionnelle valeur historique, culturelle, esthétique et scientifique, est la plus célèbre montagne sacrée de Chine. Le paysage du mont Taishan est une réalisation artistique unique. Les onze portes, quatorze arcades, quatorze kiosques et quatre pavillons qui jalonnent la volée de 6 660 marches déployées entre ciel et terre, plus que de simples prouesses architecturales, sont les touches finales apportées de mains d’hommes aux composantes d’un site naturel splendide. Ses dimensions en elles-mêmes placent ce paysage panoramique, qui a vécu 2 000 ans d’évolution, au rang des réussites humaines les plus grandioses de tous les temps.

Exactement l'endroit illustré sur le billet de 5 RMB
Le mont Taishan, montagne la plus vénérée de Chine, exerce depuis 2 000 ans une influence multiple et très large sur le développement de l’art. Le Temple du dieu du Taishan et le Temple du nuage d’azur dédié à sa fille, la déesse Laomu, sont des prototypes qui après avoir été édifiés sur le mont Taishan ont ensuite servi de modèles dans la Chine entière à la période impériale.


Le mont Taishan est un témoignage unique des civilisations disparues de la Chine impériale et plus particulièrement de ce qui touche à leurs religions et à leurs arts et lettres. Il a été pendant 2 000 ans l’un des principaux lieux de culte où se rendaient les empereurs pour y pratiquer les sacrifices Fengshan en hommage au Ciel et à la Terre, sous l’égide du Fils du Ciel en personne. Il est depuis la période de la dynastie Han l’une des cinq montagnes symbolisant le Royaume céleste, selon la Doctrine des Cinq éléments qui est l’un des postulats fondamentaux de la pensée chinoise.

Soumis à l’évolution naturelle sur près de 3 milliards d’années, le mont Taishan a été façonné par des processus géologiques et biologiques complexes qui ont abouti à créer une gigantesque masse rocheuse, couverte d’une végétation dense et dominant le plateau environnant. Cette montagne spectaculaire et majestueuse est le produit d’une association remarquable : un paysage naturel magnifique, soumis aux retombées culturelles de milliers d’années d’exploitation par l’homme.

On nous avait dit que hors des congés
officiels, le sanctuaire était bien calme.
La première impression leur donnait assez raison
Nous devrions toujours être vigilants !
En Chine, un site touristique calme n'est
jamais calme et vide























Grâce à l’ancienneté de son statut de lieu sacré, le mont Taishan n’a subi que peu de modifications. La globalité de ses éléments lui permet de restituer pleinement et fidèlement l’association harmonieuse qu’il représente, entre un paysage naturel et une intervention humaine qui l’a modifié et mis en valeur pour en faire l’emblème de la foi et de la culture de la Chine ancienne.

J'ai été très étonnée de voir toute la nourriture apportée
en offrande ainsi que le faux argent (papier doré) que
l'on brûle dans un four qui dégage une intense fumée noire.
 

Il faut tendre l'oreille pour entendre les chants (prières ?)


Les éléments du patrimoine culturel du mont Taishan répondent à toutes les conditions d’authenticité : conception et forme, matériaux et substance, usage et fonction, traditions et techniques, situation et emplacement, esprit et expression. L’environnement humain et écologique de Taishan a été bien préservé sous l’ensemble des dynasties successives. Les vestiges géologiques ancestraux, les ensembles architecturaux issus de la Chine ancienne, les tablettes et inscriptions sur pierre ainsi que les arbres rares et très anciens ont tous fait l’objet de mesures attentives de protection et d’entretien.
J'avais vu ailleurs des cadenas symbolisant l'amour entre
deux personnes. Ici, c'est entre l'homme et le ciel. Parfois on
glisse un billet... Dans tous les cas, on jette la clé.


En 1982, Taishan a été classé plus beau panorama national par le Conseil d’État de la République populaire de Chine. " Plein de bonnes raisons pour qu'il soit inscrit au Patrimoine mondial.

Des nourritures célestes, mais pas que...


Ce n'est donc pas un hasard que les collègues de Fred ait choisi cette région pour notre première fête d'adieu. Contrairement à nos habitudes, que l'on pourrait considérer comme minimalistes, nous avons eu droit à une visite "à la chinoise", soit en bus privé avec chauffeur et guide à drapeau et micro tonitruant, profusion d'informations et de dates, plutôt à l'intention d'une population chinoise, ce que notre groupe était, mais lassante pour eux aussi. Notre guide s'est retrouvée parfois bien seule.



J'ai retenu que chaque personne devait avoir fait un saut là-haut une fois dans sa vie.

Cette "expédition" n'était pas une première visite à une montagne sacrée. En 2011, nous étions allés à Hua Shan. Pour en savoir davantage sur ces montagnes, c'est ici.