Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 28 juin 2012

Shanghai ville électrique


En hiver, on sert de l'électricité pour se chauffer, en été pour se rafraîchir.

40% de l’électricité pourrait être consommée cet été rien que pour la climatisation

Les autorités nous ont avertis, il pourrait y avoir des restrictions cet été, mais seulement si elles sont indispensables, soit si la température dépasse 37°C pendant plusieurs jours.


Il faut dire que notre consommation a augmenté de 2 à 3% ces 5 derniers mois, nous sommes juste à la limite de la capacité de la ville. Quelques chiffres :
  • Estimation pendant les heures de pointe ; entre 27 500 et 29 000 mégawatts
  • Limite de Shanghai : 28 000 mégawatts (19 100 pour la ville, 8 900 pour les provinces environnantes)

Le calcul est vite fait, il pourrait manquer quelques mégawatts en cas de grosses chaleurs. Ce sont les bureaux et les magasins qui pourraient subir des changements. Des employés de la compagnie d'électricité iront vérifier dans un immeuble sur cinq que les thermostats sont branchés sur 26°C. Si la température se situe au-dessous de cette limite, les climatisations seront coupées.


Les usines chimiques et les aciéries ne pourront disposer d'électricité qu'en dehors des heures de pointe, afin d'assurer aux ménages assez de jus.


En parallèle, des standards sont en train de se mettre en place pour éviter des débordements dans les bâtiments publics, des moniteurs seront installés pour voir exactement comment est répartie la consommation d'électricité, lumière, ascenseurs, climatisation...

Depuis notre balcon
Le Bund en soirée. Les lumières extérieures des bâtiments
s'éteignent à 22 h.


Il semble que les ménages soient plus économes. Peut-être que si les commerces fermaient les portes, ça feraient quelques économies. En été comme en hiver...

Néanmoins, nous devrons tous passer à la caisse. Il a été évalué que 3120 kilowatts par an (260 x 12), c'était bon, notre tarif ne changerait pas. Le taux changera à partir du 3121 kwh. A partir du 1er juillet 2012. Si un ménage comprend 5 personnes, les autorités vont octroyer 100 kwh en plus par personne et par mois. C'est pas gentil, ça?

Xizang Lu, vers People's Square

mardi 26 juin 2012

Fête des bateaux-dragons


La fête des bateaux-dragons ou duān wǔ jíe (端午節) est une fête chinoise marquant l'entrée dans les chaleurs de l'été et la saison des épidémies. Elle a lieu le cinquième jour du cinquième mois lunaire, fin mai ou début juin dans le calendrier grégorien (date mobile). "Le festival du Bateau-Dragon" a été inscrit en 2009 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Ça, c'est que nous pensons voir
Les nombreuses pratiques qui y sont associées ont pour but de conjurer les démons des maladies par :
  • la consommation prophylactique de vin soufré (xióng huáng jiǔ, 雄黃酒) — en perte de faveur de nos jours car on a pris conscience qu'il faisait peut-être autant de victimes que les maladies infectieuses qu'il devait éviter ;
  • la confection de petits sachets de tissu (xiāng bāo 香包) remplis d'une poudre censée protéger contre les maladies l'enfant qui le porte au cou ;
  • la décoration de la porte d'entrée avec des herbes protectrices (chāng pú, 菖蒲, et armoise, ài cǎo, 艾草) et l'effigie d'un dieu pourfendeur de démons, Zhōng Kuí. 


La tradition veut que ce jour-là, lorsque le soleil arrive au zénith, l'énergie yang atteigne son apogée. C'est, dit-on, le seul moment de l'année où on peut aisément faire tenir un œuf debout sur sa pointe, jeu auquel se sont exercées avec plus ou moins de bonheur des générations d'enfants chinois. L'eau tirée du puits à ce moment précis serait également dotée de vertus magiques.

Nous n'étions pas les seuls à aller voir
les bateaux...






















Mais la coutume la plus remarquable reste les courses de bateaux en forme de dragon mûs par une équipe de rameurs. La légende qui relate l'origine de cette coutume la fait remonter bien avant l'empire, à l'époque des Royaumes combattants. Un ministre du roi de Chu, Qu Yuan, poète à ses heures (on connaît effectivement des poèmes qui lui sont attribués), se serait jeté dans la rivière Miluo de dépit de voir ses conseils négligés et son dévouement au pays mis en doute. Il se serait donc noyé, mais pour pouvoir au moins repêcher son cadavre intact, les riverains qui le tenaient en grande estime auraient jeté dans l'eau du riz emballé dans des feuilles de bambou pour tenir en respect les poissons. On mange encore de nos jours ces feuilles de bambou farcies, appelées zongzi, pour célébrer la fête.


Sachant tout ça et ayant totalement passé à côté de cette fête en 2011, il faut aller voir les bateaux. Absolument. Sur la Suzhou. Pas très original, nous sommes des centaines, des milliers... comme c'est toujours le cas, on devrait s'en rappeler. On voit à peine la Suzhou, ça pousse, ça tire, ça se faufile... On dit que les Chinois sont petits, tu parles! Ils ont sortis les grands modèles pour la fête. Je ne vois rien des bateaux

Tout ce que j'ai vu des bateaux...
Heureusement que le spectacle se trouve aussi dans la foule, comme toujours.

Eux aussi, ils ont abdiqué...
Le policier s'est bien protégé, le temps était
à la pluie






















On ne peut pas réussir à tous les coups à assister à un divertissement féérique. Sûrement qu'ailleurs, dans des petites villes, dans les campagnes, l'ambiance doit être différente, plus authentique. Mais s'il y a encore plus de monde, je n'y verrais rien non plus.



Ambiance...

Pour l'histoire du Dragon Boat Festival (en anglais), c'est ici.

dimanche 24 juin 2012

Internet writer

En 1966, les Beatles ont enregistré la chanson Paperback writer (écrivain de livres de poche). Je suppose qu'à cette époque ça pouvait être un vrai métier pour des gens qui ne visaient pas forcément le prix Nobel tout de suite.

En Chine à cette époque, ça n'aurait pas été un bon plan du tout puisqu'en 1966, Mao Zedong, sentant sa position compromise par des luttes au sommet de l’Etat, instaure une immense chasse aux sorcières contre les "révisionnistes". Durant cette période, la jeunesse enrôlée dans les "gardes rouges", persécute au nom du culte de Mao tous les cadres du pays, les intellectuels, les artistes et les responsables politiques. Gardiens des idéaux communistes, ces autoproclamés "gardes rouges", de simples étudiants qui organisent de véritables opérations punitives dans tout le pays. Destruction du patrimoine : les livres sont brûlés, les sculptures détruites, les bâtiments démolis, les intellectuels réprimés. La population frémit devant les redoutables Gardes rouges, emmenés par l’épouse de Mao Zedong elle-même, tellement que le gouvernement se voit obligé de réagir (sources diverses sur internet)


Maintenant non plus ce ne serait pas un bon plan. En Chine comme ailleurs. Maintenant, il faut être "internet writer" (écrivain sur internet). Pourtant, en Chine en tous cas, la situation est moins brillante qu'elle ne le paraissait à première vue pour les auteurs.

A fin décembre 2011, la Chine comptait 513 millions d'utilisateurs internet, dont 203 millions pour lire des livres. Ici, il y a très vite "le volume". Les sites qui offrent des romans en ligne varient entre 100 et 200 selon les sources et on estime les écrivains entre 1 et 2 millions. Les sites organisent des concours pour attirer des écrivains en herbe en leur faisant miroiter des revenus confortables.

En réalité, les écrivains gagnent juste assez pour survivre. Dans un premier temps, ils doivent attendre entre 6 mois et un an pour toucher leur premier argent. Leur salaire dépend du nombre de lecteurs. 1000 mots avec 100 lecteurs rapporteraient au maximum 5 yuan. Ensuite, les éditeurs exigent au moins 3000 mots par jour et les relancent avec des suggestions quand ils sèchent devant leur écran ou quand ils se lancent dans des histoires qui ne sont pas dans l'air du temps. Ce qui marche bien ? Le retour dans les temps anciens, les rivalités entre femmes dans les familles royales, et les histoires d'amour, particulièrement celles dans lesquelles un beau gosse riche tombe amoureux d'une fille sans le sou.

(photo Shanghai Daily)
Le job de l'éditeur est de s'assurer qu'ils écrivent ce que les lecteurs aiment. Le job de l'écrivain est de se plier aux exigences.

On en parle parce que deux écrivain(e?)s sont mortes coup sur coup en avril de cette année, une de maladie et l'autre d'un accident. Les commentaires vont bon train : maladie et accident peut-être, mais surtout manque de sommeil, surcharge de travail, stress, pression des éditeurs, pas de repas réguliers, junk food...

Un éditeur exigeant et riche qui tombe amoureux d'une écrivaine mystérieuse... Un riche lecteur qui tombe sous le charme d'une écrivaine dans  la dèche et tout bascule quand les uns et les autres prennent conscience que l'histoire qui est en train d'être écrite est la leur. Est-ce que ça ne pourrait pas inspirer un écrivain ?  Allez, courage... C'est ma modeste contribution. C'est cadeau !

PS : Ce billet comporte 553 mots

vendredi 22 juin 2012

Drogba... Drogba pas...?


Quel suspens ! Cela fait des semaines qu'on nous bassine : est-ce que Didier Drogba, footballeur de son état, signera à Shanghai Shenhua, pour une durée de deux ans et demi, où il retrouvera en attaque son ancien comparse de Chelsea, Nicolas Anelka? Hein? Signera... signera pas?

Il a signé ! C'est juste que ses avocats devaient lire et relire le contrat et c'était difficile de dire quand ils auraient fini. La date de l'annonce a été reportée à plusieurs reprises. "Tous ses souhaits, toutes ses demandes ont été respectées et confirmées. La démarche est beaucoup plus compliquée que nous le pensions", commente Zhu Jun, l'investisseur principal de Shenhua...


C'est étonnant de quitter Chelsea pour venir dans un pays où le football n'est pas un sport très populaire. Bon, mon marchand de journaux est très au courant de cette histoire, se lève la nuit pour regarder l'Euro foot et se tient les pouces pour l'Italie (il prend d’ailleurs congé de moi avec un "arrivederci" sonore), car il est fan de foot ! Mais sinon, le foot en Chine, c'est d'abord des histoires de corruption (deux officiels viennent d'être condamnés à 10 ans de prison) et une population indifférente. Pourquoi Drogba vient-il terminer sa carrière à Shanghai, après la gloire anglaise?

On s'en doute, les sous... Notre presse locale a évoqué la somme de 314.000 dollars (248.000 euros) par semaine, soit le double de ce qu’il touchait à Chelsea, ce qui en ferait le joueur le mieux payé du Championnat chinois. Selon ces mêmes médias, Anelka, arrivé en février, toucherait, lui, 234.000 euros. Sur le microblog de l'investisseur, il y a aussi une photo d'une magnifique Mercedes, "une famille a besoin d'une grande voiture", explique M. Zhu, en attendant un autre joueur, Giovanni Moreno, de Colombie. Ah, le foot chinois...


Pour les nul(le)s en la matière, séance de rattrapage rapide :
Didier Drogba, né le 11 mars 1978 à Abidjan, est un footballeur international ivoirien qui évolue au poste d'attaquant au Shanghai Shenhua. Il possède également la nationalité française. Sélectionné en équipe de Côte d'Ivoire depuis 2002, il en est devenu le capitaine. En 2012, il remporte la Ligue des champions avec Chelsea. (Wikipedia)

Et seulement pour les filles :


Avec un salaire pareil, il pourra bientôt
s'acheter une chemise...

jeudi 21 juin 2012

Le marché aux lunettes



Je sais qu'il y a un marché aux lunettes depuis quelques mois. Les sites internet qui en parlent me font saliver. Ouh! avoir des tas de lunettes différentes, ça a toujours été mon rêve... Des tas de gens, principalement des jeunes, portent de fausses lunettes, des montures sans verre, c'est fashion, en plus de tous ces myopes qui ne se cachent pas. Porter des lunettes, ici, ce n'est ni une contrainte, ni une gêne, ni une horreur.





Ma première tentative a été un échec, je n'ai pas trouvé l'endroit. Je savais que c'était autour de la gare centrale. J'ai suivi les indications... qui ont tout à coup disparu et j'ai atterri dans un quartier en pleine construction. Il ne fallait pas de lunettes pour le voir. Des adresses disparaissent, des rues entières naissent, les sites internet n'arrivent pas à suivre, sans parler des guides de voyage, il faudrait avoir celui de l'année prochaine. Mais comme la gare centrale est tout un spectacle, même en plein hiver, je n'étais même pas fâchée.


C'est donc mieux documentée (visite d'un site récent, coup d’œil sur Google map et bonne humeur) que j'ai décidé de retenter ma chance, étape par étape, ne pas laisser filer une indication, ne pas se laisser distraire par ces voyageurs aux baluchons étonnants, ces petites échoppes qui vendent de tout et de rien, ces stands de nourriture, même au milieu de l'après-midi.

Et je trouve!!!







En effet, des lunettes, il y en a, classiques, colorées, des marques, des modèles très déjantés, sur 4 étages. Petit tour du 3e étage :


J'ai lu que tous les "magasins" offrent le même service et plus ou moins les mêmes montures. Inutile donc de faire comme j'aurais agi dans ma culture, il n'y a pas beaucoup de sens à chercher et à comparer, j'entre dans la première boutique et je me fais prendre en charge par 4 vendeuses qui me proposent des dizaines de lunettes. Pas de noires, pas de blanches, trop classiques, pas Hello Kitty non plus, peut-être des vertes, ou des bleues, ou des rouges, trop petites, trop grandes... la cliente est exigeante. Voyant que mes intentions sont sérieuses, elles sont de bon conseil. On en retient trois.





















Passons à la négociation. Je tends mon ordonnance, je montre mes lunettes. Oui, oui, je suis assez myope... Nous choisissons les verres. La "cheffe" (celle qui est debout sur la 1e photo) tapote sur sa calculette et me montre le résultat. Un peu de négociation est une règle de jeu à laquelle je n'excelle pas. Je ne peux m'empêcher de penser au prix que j'ai payé celles que j'ai sur le nez. Je dois penser fort car elle me pose justement la question. Ici, j'ose bien l'avouer : je mens ! Je ne peux vraiment pas annoncer le prix exorbitant de mes vieilles lunettes. Top-la, j'en prends deux.


Elle veut tout de même que je passe au contrôle. D'accord, c'est parti. Après tous les contrôles que j'ai déjà subis, je peux l'affirmer, c'est sérieux, un E à tourner dans tous les sens, toujours plus petit, standard.

Je suis juste un peu déçue. Les sites internet consultés mentionnait une attente de 30 minutes. Je dois attendre une semaine, zut!

Une semaine plus tard.... C'est bien, je vois, elles sont sympas, comme les gens qui se sont occupés de moi. Ma vendeuse, qui était de bon conseil je le répète, l'a dit, il en faudra une paire pour chaque tenue. Et des fringues pour chaque paire de lunettes, c'est sûr !

Je chante toujours comme une casserole,
mais moi aussi j'ai des lunettes!
J'ai toujours envié John Lennon qui avait toutes ces
lunettes sur Walls and Bridges

mardi 19 juin 2012

Le pinceau du génie : Xia Yu

Xia Yu en action
La calligraphie et la peinture étaient les arts qu'un élève chinois devait maîtriser, en plus du guqin (violon chinois à 7 cordes) et des échecs chinois. De nos jours, ce n'est plus le cas.

Xia Yu combine la calligraphie, la peinture et la gravure de sceau dans des œuvres qu'il nomme "peinture calligraphique". Il ne présentait ses tableaux que pendant trois jours, il fallait donc ne pas se louper, ce que j'ai failli faire vu que je me suis égarée lors de la première tentative (voir Derrière Nanjing Lu). 


Il a quelque peu détourné la calligraphie "pure et dure" en exagérant les traits noirs et en les accompagnant de taches de couleurs vives. Le consultant de l'Association des calligraphes chinois a même dit que "ces peintures enrichissent le panorama de la calligraphie chinoise".


Xia Yu expérimente depuis 10 ans. "Je ne cherche pas à réformer la calligraphie", les caractères doivent être reconnus. "J'ai dû m'exercer à écrire 3000 caractères par jour pour absorber l'esprit de la calligraphie. Même quand j'étais à l'hôpital, mon seul souci était de savoir comment j'allais parvenir à écrire mes 3000 caractères." Tout de même ajouter que quand il était gosse, pendant ses vacances, il écrivait des caractères pendant dix heures, chaque jour!

Malgré le plaisir qu'il a développé à travailler son art, il en a eu marre de ce travail de copie. C'est alors qu'il s'est mis à ajouter de la couleur. D'abord les caractères, en un coup de pinceau, puis la couleur selon l'inspiration que lui apportent les caractères.


Un sceau rouge sur une peinture est une signature indispensable. Savoir graver un sceau, Xia Yu a appris à le faire dès l'âge de 12 ans. Ses œuvres représentant seulement des sceaux sont impressionnantes.


Bien sûr, il y avait une exposition Picasso au Pavillon chinois de la défunte Expo, mais découvrir un artiste chinois par ses travaux ainsi qu'en chair et en os, pouvoir lui poser des questions (simples, les questions, très simples, qu'on se rassure!), lui dire qu'on aime, même sa carte de visite, le voir touché parce qu'on est de Suisse, se faire offrir un bouquin de ses belles peintures, ça c'est un vrai privilège.

Picasso peut attendre....


 La plus belle carte de visite qu'il m'ait été donné de recevoir

dimanche 17 juin 2012

Calligraphie chinoise : du bonheur


Une dame qui s'exerce à la calligraphie
sur le Bund tôt le matin.
Pas de tag, elle écrit à l'eau.
La calligraphie chinoise se singularise par l'originalité et la richesse de l'écriture chinoise. La calligraphie chinoise permet donc un champ d'expression très large. 

Au Musée d'art
Dans les temps anciens, les caractères chinois étaient gravés sur des os de bœufs ou des carapaces de tortues, puis sur des bronzes. La calligraphie au pinceau se pratique sur du papier de riz ou sur de la soie (plus fragile). Le matériel d'un calligraphe s'appelle les Quatre trésors du Cabinet du Lettré. Il s'agit du pinceau, du papier, de l'encre et de la pierre à encre. L'encre se présente sous forme de bâtonné que l'on frotte sur la pierre à encre avec de l'eau pour obtenir une encre fluide. Maintenant, l'encre se trouve en petite bouteille, bien plus pratique et de bonne qualité. Mais cette dernière méthode ne permet pas d'avoir toute les densités voulues. 

Encre et pierre à encre
Tenir le pinceau juste, tout droit




J'ai découvert tout ça en Suisse en suivant un cours d'initiation à la calligraphie chinoise qui m'a, en outre, valu plein de surprises. Par exemple, lors de la première leçon, nous avons pratiqué le trait horizontal. "Et encore?" m'a demandé ma fille après la leçon. Encore rien du tout, le trait horizontal, en dizaines d’essais dont il ne faut garder que le meilleur... Faire et refaire, c’est aussi travailler.




A l'issue du cours, nous avons demandé à notre prof quand nous serions prêts pour prendre nos distances par rapport aux modèles imposés. "Quand vous aurez maîtrisé parfaitement vos caractères", nous a-t-elle répondu sans ironie.

Une bonne calligraphie était traditionnellement le reflet du niveau de culture d'un lettré. Un bon médecin devait être un bon calligraphe (différentes cultures, différentes normes, semble-t-il !) et les concours impériaux pour devenir fonctionnaire mettaient plus l'accent sur la calligraphie du candidat que sur le contenu de la copie ! 
La grille "grain de riz" qui
sert de base pour bien
équilibrer un caractère
Et voici ce que ça donne avec
le caractère de bon

L'histoire de l'écriture chinoise (plus de 3000 ans) a permis de développer de nombreux styles calligraphiques. A cela s'ajoute les différentes graphies d'un caractère : en moyenne 3 par caractères. Le caractères bonheur possède par exemple plus de cent graphies différentes, donc déjà un vaste éventail de possibilités. On peut aussi varier sur les pleins et déliés pour exprimer les émotions. On peut calligraphier différemment certains caractères d'un texte pour renforcer ou varier leur sens. Bref, le message que la calligraphie chinoise peut faire passer est très vaste

Voici donc ce caractère, fu, dans différentes graphies :







C'est fou-fou, non ?

Pour apprendre la calligraphie chinoise, il est préférable de connaître les bases de l'écriture chinoise, sinon il faudra l'apprendre sur le tas. On commence par étudier les traits fondamentaux, puis à tracer des caractères dans le style régulier. Ensuite on apprend le style courant puis, enfin, le style de l'herbe très cursif. Les chinois disent que le style régulier c'est comme se tenir debout, le style courant c'est comme marcher et le style de l'herbe comme courir. 

Je me rappelle de passer le premier quart d'heure de chaque leçon à prendre conscience de ma position sur la chaise (dos droit, poids équilibré, poignets souples...), de préparer mon encre tout en observant le trait ou caractère à exercer pour le mémoriser, et visualiser les mouvements du pinceau et l'orientation des poils. Tellement pas dans ma nature !

Ce que je retiens de tout ça est qu'entrer dans cet univers, c'est s'initier à la patience, à une gestion différente du temps, à se dépasser... mais aussi à devenir d'excellents copieurs, jusqu'à atteindre la perfection  du modèle de base. Est-ce que ce n'est pas justement ce que nous reprochons aux Chinois?

Le texte en italique provient de http://www.chine-culture.com/calligraphie-chinoise/calligraphie-chinoise.php tout comme les photos et exemples qui ne sont pas de moi.


En visite au Musée d'art pour perfectionner son style
sur des modèles classiques...