En 1966, les Beatles ont enregistré la chanson Paperback writer (écrivain de livres de poche). Je suppose qu'à cette époque ça pouvait être un vrai métier pour des gens qui ne visaient pas forcément le prix Nobel tout de suite.
En Chine à cette époque, ça n'aurait pas été un bon plan du tout puisqu'en 1966, Mao
Zedong,
sentant sa position compromise par des luttes
au sommet de l’Etat, instaure une immense
chasse aux sorcières contre les "révisionnistes". Durant cette
période, la jeunesse enrôlée
dans les "gardes rouges", persécute
au nom du culte de Mao tous les cadres du pays,
les intellectuels, les artistes et les responsables
politiques. Gardiens des idéaux communistes, ces autoproclamés "gardes rouges", de
simples étudiants qui organisent
de véritables opérations punitives dans tout le pays. Destruction du
patrimoine : les livres sont brûlés, les sculptures détruites, les
bâtiments démolis, les intellectuels réprimés. La population frémit
devant les redoutables Gardes rouges, emmenés par l’épouse de Mao Zedong
elle-même, tellement que le gouvernement se voit obligé de réagir (sources diverses sur internet)
Maintenant non plus ce ne serait pas un bon plan. En Chine comme ailleurs. Maintenant, il faut être "internet writer" (écrivain sur internet). Pourtant, en Chine en tous cas, la situation est moins brillante qu'elle ne le paraissait à première vue pour les auteurs.
A fin décembre 2011, la Chine comptait 513 millions d'utilisateurs internet, dont 203 millions pour lire des livres. Ici, il y a très vite "le volume". Les sites qui offrent des romans en ligne varient entre 100 et 200 selon les sources et on estime les écrivains entre 1 et 2 millions. Les sites organisent des concours pour attirer des écrivains en herbe en leur faisant miroiter des revenus confortables.
En réalité, les écrivains gagnent juste assez pour survivre. Dans un premier temps, ils doivent attendre entre 6 mois et un an pour toucher leur premier argent. Leur salaire dépend du nombre de lecteurs. 1000 mots avec 100 lecteurs rapporteraient au maximum 5 yuan. Ensuite, les éditeurs exigent au moins 3000 mots par jour et les relancent avec des suggestions quand ils sèchent devant leur écran ou quand ils se lancent dans des histoires qui ne sont pas dans l'air du temps. Ce qui marche bien ? Le retour dans les temps anciens, les rivalités entre femmes dans les familles royales, et les histoires d'amour, particulièrement celles dans lesquelles un beau gosse riche tombe amoureux d'une fille sans le sou.
(photo Shanghai Daily) |
Le job de l'éditeur est de s'assurer qu'ils écrivent ce que les lecteurs aiment. Le job de l'écrivain est de se plier aux exigences.
On en parle parce que deux écrivain(e?)s sont mortes coup sur coup en avril de cette année, une de maladie et l'autre d'un accident. Les commentaires vont bon train : maladie et accident peut-être, mais surtout manque de sommeil, surcharge de travail, stress, pression des éditeurs, pas de repas réguliers, junk food...
Un éditeur exigeant et riche qui tombe amoureux d'une écrivaine mystérieuse... Un riche lecteur qui tombe sous le charme d'une écrivaine dans la dèche et tout bascule quand les uns et les autres prennent conscience que l'histoire qui est en train d'être écrite est la leur. Est-ce que ça ne pourrait pas inspirer un écrivain ? Allez, courage... C'est ma modeste contribution. C'est cadeau !
PS : Ce billet comporte 553 mots
Merci pour le cadeau!
RépondreSupprimerJe pense que tu serais assez inspirée pour toi-même te lancer dans cette histoire. Et tu pourrais toujours faire des pauses-repas...