Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 26 octobre 2011

Médailles de bonheur


Allez les gars, un petit sourire !
Ça y est, l'organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) a décerné ses médailles de bonheur :
  1. Danemark
  2. Canada
  3. Norvège
La Chine ne s'en tire pas terrible-terrible, vu qu'elle est arrivée dernière des 40 pays évalués selon 11 critères, notamment : l’accès au logement, le niveau de revenu, l'accès au travail, le niveau d'éducation, l'environnement, la qualité des gouvernements en place, la santé, la joie de vivre, la sécurité et l'équilibre travail / vie privée.












4.7 points (sur 10), ce n'est pas brillant, même si le Danemark n'a obtenu que 7.8 points, donc peut aussi faire mieux.

Heureusement des sociologues de l'Université de Fudan se sont penchés sur les résultats. D'emblée, Gu Xiaoming a mis en doute les méthodes statistiques puisque, quand on demande aux Chinois s'ils se sentent plus positifs que négatifs par rapport à une journée typique, 85% ont déclaré que oui. D'ailleurs, la Chine est arrivée 8ème dans ce genre de classement.

















Un autre sociologue de la même université, Peng Xizhe, pense que certains ne sont pas satisfaits de leur vie, c'est sûr, mais que le dernier rang ne reflète pas la réalité. Tout est une question d'interprétation.




Il admet toutefois que l'on observe un nombre grandissant de Chinois mécontents, bien que la qualité de vie ait augmenté. La faute au développement économique rapide qui fait miroiter des jours souriants, alors que dans la réalité les augmentations de salaires arrivent lentement et les prix des appartement grimpent rapidement.



Terminons par des images positives, bonnes pour le moral !


lundi 24 octobre 2011

王悅 Wang Yue

J'aborde souvent des sujets légers, futiles, superficiels, ... qui nous font parfois sourire, voire rire aux éclats, ou hausser les sourcils d'étonnement.

Et puis, il y a d'autres sujets, moins reluisants, politiques ou économiques, qui ne ne me concernent pas directement. Et il y a des sujets qui révoltent, dont il est impossible de se détacher parce qu'incompréhensibles et choquants et pour lesquels il manque tellement de clés de déchiffrage. C'est le cas maintenant.

Nous sommes tous en deuil, Wang Yue, YueYue, petite fille de deux ans, n'a pas survécu à ses blessures et s'en est allée le 21 octobre 2011.

L'histoire se passe au sud de la Chine.

Foshan est une ville-préfecture de la province du Guangdong. La population totale de sa juridiction était de 7,2 millions d'habitants en 2010, dont 1,1 million pour la ville elle-même. Foshan est situé dans le delta de la rivière des Perles, à l'Ouest de Guangzhou (Canton), et à une centaine de kilomètres de Hong Kong et Macao. Les températures douces et les pluies suffisantes ont fait de cette région une zone de terres fertiles depuis les temps anciens.
En 2005, le PIB total a été de 238,3 milliards de yuans, et le PIB par habitant de 41 266 yuans.
Foshan est un important centre commercial et industriel, surtout en industrie légère : textile, céramique, appareils électroménagers, produits électroniques, produits en cuir, impression de produits, matériaux de construction, produits pharmaceutiques et alimentaires.

A la lecture de ce que Wikipedia nous raconte, on voit bien que Foshan a des tas d'atouts pour attirer des migrants de partout en Chine à la recherche d'une meilleure fortune, de ces gens qui viennent des campagnes par millions vers le sud et l'est du pays. Ces gens, nous aussi nous en rencontrons partout, ceux qui travaillent sur les chantiers, dans des usines, les marchés ou qui ont  leur petite échoppe. Pour ces derniers, la vie, travail et famille, tourne autour de leur petite entreprise. On voit les enfants jouer sur le trottoir, faire leurs devoirs sur des tables devant la boutique où tout le monde mange en famille.

Les parents de YueYue sont de ces gens-là, le père s'occupe de la boutique dans un quartier de marché et la mère fait des ménages. Ils ont encore un fils de 7 ans. Les deux enfants jouent dans la rue. La petite, voyant sont frère de l'autre côté de la rue étroite, se lance dans sa direction. Se fait renverser et écraser par une camionnette, puis par une deuxième. Ni l'un ni l'autre chauffeur ne s'est arrêté. Une caméra de surveillance a même filmé qu'au moins 18 personnes, à pied, à vélo, ont passé près de la gamine et l'ont ignorée, indifférentes. Jusqu'à qu'une dame la porte sur le bord de la route et cherche de l'aide.

 Attention : Âmes sensibles s'abstenir


Alors, je me dis : comment est-ce possible? Comment peut-on ignorer une toute petite fille shootée par des chauffards? Quelle est cette société qui se comporte ainsi? Je me pose ces questions parce que les explications de Chinois dans le journal et de nos connaissances, au lieu de m’apporter des bribes de réponses, accentuent encore mon incompréhension.
  • C'est la faute des conducteurs (qui sont maintenant sous les verrous). Dans une rue étoite, on ne conduit pas de manière si agressive, dit un professeur d'université. Déjà que pour les piétons adultes, c'est dangereux, même s'ils sont capables d'éviter les véhicules, mais pour des enfants?
  • C'est la faute des parents, pas des passants. Les parents sont responsables de leurs enfants, ne doivent pas les laisser jouer près de rues fréquentées. Ils peuvent être condamnés pour négligence, lit-on sur le net.
  • C'est la faute à pas-de-chance, avance un autre professeur. Les travailleurs ruraux qui arrivent en ville ne réalisent pas les dangers qu'ils font courir à leurs enfants. Un comportement courant dans un village peut devenir dangereux dans une ville.
  • C'est la faute des 18 passants qui n'ont pas porté secours à la petite. Les gens deviennent de plus en plus égoïstes, avance le même professeur. Mais ça peut aussi être dangereux de le faire.
    Je ne voyais vraiment pas comment aider un blessé sur la rue pouvait "être dangereux". Nous avons discuté de cet accident avec des connaissances qui ont illustré d'un exemple un danger possible. Une vieille dame, couchée sur la rue, apparemment blessée, s'est fait aidée par un passant qui l'a même accompagnée à l'hôpital. Ça, c'est gentil. Et puis, la vieille dame a accusé son sauveur d'être son agresseur. Ça, ça l'est moins. Le pauvre,
    n'ayant pas de preuve de sa bonne foi, s'est vu condamné a payer à la méchante dame 80 000 yuans. Alors, bien sûr, on comprend mieux pourquoi tant d'indifférence. Je ne comprends tout de même pas comment une société permet ça. Il y a quelque chose de pourri dans le Royaume des Han.
En souvenir de YueYue
Il est arrivé à Fred une histoire du même acabit, moins sinistre, dont l'issue a été plus heureuse. Chaque matin, il prend un petit bus qui attend les vaillants travailleurs de l'entreprise à une station de métro pour les conduire à leur boulot. La boîte a mandaté une compagnie qui lui fournit 3 bus et chauffeurs. Le chauffeur qui conduit Fred et ses camarades a été pendant quelques mois un dangereux chauffard qui roulait sur les trottoirs, coupait les priorités, roulait trop vite et pestait contre les autres utilisateurs de la route. "Un fou", commentait Fred. Et un jour, à la suite d'un petit jeu "je te coince" avec une voiture, il a réussi à faire que l'auto parte en faute sur la piste inverse et hop, accident! Embouteillage, conductrice blessée légèrement et bus à l'arrêt en attendant les forces de l'ordre. Personne n'a bougé, ni dans le bus, ni dans la rue. Fred, trouvant cette attitude étonnante, est sorti pour voir si la conductrice avait besoin d'aide, lui a offert des mouchoirs en papier pour éponger le sang de son visage et a fait la circulation pour résorber l'embouteillage. Rien que de très normal. Néanmoins, ses collègues lui ont fait signe de réintégrer le bus, de ne se mêler de rien. A la suite de cette histoire, le chauffeur chauffard a été changé par sa compagnie, mais il a fallu quelques jours. Une collègue de Fred nous a expliqué que personne ne voulait se plaindre, de peur que le gaillard se venge. Depuis, il semble que le nouveau chauffeur soit plus calme, plus rassurant.