De l'enfant unique, j'en ai parlé en août 2011. Entre autres, car cet aspect de la société chinoise, je le garde toujours en tête, quand j'observe ces drôles de familles, quand ces petites pestes d'enfants uniques m'énervent, quand on les encourage à se croire tout permis. Heureusement pas tous les gosses et pas toutes les familles ! Et voilà que ça bouge...
En annonçant ses réformes prochaines, la Chine a admis implicitement que sa politique de l’enfant unique, mise en œuvre pendant quarante ans, aura été un échec. Cette politique a conduit à de graves abus. On estime que l’establishment chinois responsable du planning familial aura été à l’origine de 336 millions avortements. Cela inclut des avortements ou stérilisations forcées auxquelles aura conduit un contrôle intrusif d’un des aspects les plus intimes de la vie chinoise.
L’agence d’information chinoise la plus importante, Xinhua, a annoncé qu’une proposition de réforme de cette politique impopulaire avait été introduite en août. La politique actuelle contraint les couples à demander à l’Etat la permission d’avoir un second enfant, ce qui n’est autorisé que si l’un des parents n’a aucun frère ou sœur. A l’avenir, l’autorisation serait accordée si cela n’était le cas que d’un des parents…
La nouvelle politique pourrait conduire à un nouveau « baby boom ». Cependant elle serait insuffisante et trop tardive pour prévenir la crise économique menaçante, causée par le déficit des retraites. Le rapport anticipe une croissance de la fécondité de 1,45 à 1,66 enfant par femme. Néanmoins même avec cette croissance, les taux seraient toujours en dessous du taux de renouvellement des générations, c’est-à-dire 2,1 enfants par femme.
Le changement de cap peut être mis sur le compte de l’influence affaiblie des anciens fonctionnaires chinois, chargés de la gestion du planning familial. Cependant on s’accorde à dire que le facteur le plus important est l’aveu par Pékin que le pays s’apprête à faire face à une crise démographique causée par la baisse brutale du taux de fécondité par le passé.
Depuis la création de la politique de l’enfant unique en 1971, dirigeants chinois, fonctionnaires de l’ONU et démographes ont justifié celle-ci en assurant qu’une population moins nombreuse ferait de la Chine un pays plus prospère. Mais le déclin démographique précipité a également été à l’origine réduction de la population active, six ans avant leurs prévisions. La Chine vieillit plus rapidement qu’on l’avait cru par le passé.
Dans certaines villes chinoises qui viennent de mettre en œuvre la nouvelle politique, les couples n’ont pas encore réagit en faisant plus d’un enfant. Cela montre que la norme est devenue celle de la famille à taille réduite. Les enquêtes à échelle nationale indiquent que 40 à 50 % des couples souhaiteraient avoir deux enfants. Mais la plupart de ces enquêtes ont été faites avant que la situation économique se dégrade. Dès lors, on évoque d’autres facteurs qui expliqueraient ce manque de réaction : l’augmentation du coût de la vie, la baisse de la fécondité due à la pollution et aux conditions de vie déplorables.
Il y aura donc quelques adaptations à mettre en place : est-ce que les fonctionnaires pourront encore imposer des stérilisations forcées et des avortements ? Comment vont-ils pouvoir compenser leur manque à gagner que leur procure le montant des amendes payées par les familles qui ont plus d’enfants (amendes
peuvent s’élever d’un à dix fois le revenu annuel d’un couple) ? Il faut vraiment penser à tout...
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