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Richard Nixon et Zhou Enlai |
"Le baijiu (白酒, littéralement "alcool blanc") est la désignation en Chine des alcools blancs, de sorgho ou de riz glutineux, mais aussi de maïs, de blé, d'orge ou de millet produit par distillation (au contraire du saké japonais qui n'est pas distillé). Les différentes sortes de baijiu titrent entre 38 et 65°. Le baijiu se boit généralement cul-sec, au cours d'un repas ou lors d'une fête. Les toasts en l'honneur de la famille, du patron, des collègues, des amis, se succèdent tout au long du repas ou de la fête. Il est presque obligatoire de boire du baijiu au cours d'événements comme un mariage ou un anniversaire, mais aussi lors de grands repas d'entreprise, très prisés par le personnel et la direction. Selon la tradition chinoise, on ne boit pas pour soi, cela peut d'ailleurs être pris comme une impolitesse : il convient d'inviter une ou plusieurs personnes en se levant. Un hôte de marque est donc menacé de devoir boire un nombre considérable de verres à forte alcoolémie, et d'aller vomir à la fin, ce qui est considéré comme une chose normale. Cette façon de boire a un avantage indéniable : la convivialité. Nombre d'occidentaux sont toutefois choqués d'être obligés de boire autant de verres à la commande". Tout ça, c'est Wikipedia qui le dit et je crois que tout est vrai. Mon envoyé spécial sur le front m'a encore indiqué que pour survivre dans ce genre d'exercice on peut soit ne pas remplir son petit verre, soit boire entre deux verres du lait de soja, pour neutraliser les effets renversants du baijiu. Mais jamais refuser.
Il semble toutefois que les plus jeunes préfèrent le vin, la bière et les boissons occidentales. Ma source pour cette partie (
http://300shots.wordpress.com/) indique que ces jeunes boivent moins. Là, je mets immédiatement un bémol, je trouve qu'ils et elles ont une bonne descente, mais peut-être qu'avant ils avaient le coude encore plus leste. Je dois aussi me rappeler que Shanghai n'est pas la Chine puisque la consommation d'alcool en provenance de l'étranger ne représente que 2% de l'alcool consommé en Chine. Puisque faire
ganbei (voir ci-dessus) est fortement associé au succès professionnel et au statut social, les jeunes Chinois consomment moins de
baijiu que leurs aînés.
Toute cette introduction pour en arriver à mon sujet, mais il le fallait!
La croissance économique des dernières décades a profité aux distillateurs de baijiu, certaines ayant même doublé leur production année après année. La marque la plus célèbre, Moutai, a passé de 7 yuan la bouteille à plus de 2000 yuan en trente ans, mais surtout a doublé son prix les deux dernières années.
Pourtant, la situation pourrait bien changer. D'abord, le ciel se couvre sur l'économie chinoise, on a donc moins à célébrer, moins de ganbei, moins de baijiu.
Ensuite, les budgets des gouvernements nationaux et locaux se lancent dans des cures d'amaigrissement. Celui de Wenzhou, par exemple, a vendu aux enchères sa flotte de voitures de luxe. Il faut dire que la facture de boissons du gouvernement est aussi élevée que celle de la défense nationale (600 billions de yuan, même adaptés à d'autres monnaies, il reste beaucoup de zéros). Le Premier Ministre
Wen Jiabao a interdit l'utilisation de fonds publics pour acheter des alcools de luxe et des cigarettes. De ce fait, les plus grands crus ont chuté en prix et en attractivité, quasi du jour au lendemain.
Enfin, les officiels du régime aiment bien les petits cadeaux. Le même Wen a ajouté que la corruption était le plus grand danger qui menaçait le gouvernement, allant des montres aux de voitures, en passant par les clopes et le baijiu de luxe. Il a même parlé du changement, voire de la fin du régime politique.
Tout ça ne peut que profiter au consommateur, vrai amateur de baijiu qui va pouvoir obtenir sa boisson préférée au juste prix.