Il y a peu mon marchand de journaux, Louis, alors qu'il avait vu la veille à la TV chinoise un documentaire sur Margaret Thatcher, m'a annoncé qu'elle était une femme formidable. J'étais étonnée d'un tel enthousiasme, moi qui ai vécu en Angleterre pendant son " règne " et qui ai gardé de cette dame de fer un souvenir très mitigé. " Tu veux savoir pourquoi ? " m'a-t-il demandé. Forcément que j'en avais envie. " C'est elle qui a rendu Hong Kong à la Chine ! "
Avant même de me rendre à Hong Kong, j'étais dans le bain. Les Chinois ont repris leur bien en 1997, pour effacer la honte, enfin...
Un peu d'histoire (texte adapté de Wikipedia) :
Le territoire de ce qui constitue aujourd'hui Hong Kong est resté hors de la plupart des événements majeurs de la Chine impériale pendant toute son histoire. Il ne commença à devenir un point d'attraction mondiale qu'à partir des années 1840, lorsqu'il devint, avec Macao, situé sur la rive opposée du delta de la Rivière des Perles, un avant-poste européen en Extrême-Orient.
Dans les années 1830, l'île de Hong Kong ne compte qu'environ 7 500 habitants, pêcheurs et producteurs de charbon de bois Hakkas. Elle occupe une position stratégique : elle est située devant le delta de la rivière des Perles, donc à la sortie de Canton (Guangzhou),
seule ville de Chine alors autorisée au commerce avec les étrangers. Le
site permet aussi d'établir un port en eaux profondes, capable
d'accueillir des navires conformes au fret en gros
volume. Pour cette raison, les britanniques occupent l'île lors de la Première guerre de l'opium, entre 1839 et 1842. Par le traité de Nankin,
la Chine la cède officiellement, et pour toujours, au Royaume-Uni qui
en fait une base stratégique pour le commerce en Extrême-Orient. À partir des années 1850, on voit arriver de nombreux réfugiés.
À l'issue de la Seconde guerre de l'opium (1856-1860), le territoire de Hong Kong s'agrandit : la Chine donne la péninsule de Kowloon, située au nord de l'île. En
1898, l'Allemagne, la France et la Russie acquièrent des droits sur
différents territoires chinois. Par réaction, le Royaume-Uni cherche à
agrandir sa colonie de Hong Kong. Il signe avec la Chine une nouvelle convention qui lui attribue un bail de 99 ans sur des zones adjacentes à Kowloon et sur les îles voisines. Ces espaces, connus sous le nom de Nouveaux Territoires, restent longtemps peu utilisés. Les projets de développement importants ne datent que des années 1970.
Le territoire souffre très fortement lors de l'occupation japonaise après l'attaque de Hong Kong par le Japon. Avec l'arrivée au pouvoir des
communistes en Chine (1949) se produit un afflux de réfugiés. Lors de la grande famine consécutive au Grand Bond en avant, 140000 à 200000 personnes seraient entrées illégalement à Hong Kong en 1961-1962.
Hong Kong connaît à partir des années 1960 un essor économique. Celui-ci
est d'abord fondé surtout sur le textile, puis, à partir des années
1970, la finance prend une place prépondérante. À partir de 1979, le président chinois Deng Xiaoping entreprend d'ouvrir économiquement la Chine avec l'étranger. L'expérience se limite d'abord à des zones économiques spéciales, dont Shenzhen,
située aux portes de Hong Kong, qui connaît un développement spectaculaire. Hong Kong devient alors un point
stratégique pour les échanges avec la Chine : presque tous viennent de
la colonie anglaise, ou tout au moins transitent par elle.
Venons-en maintenant à la restitution de Hong Kong à la Chine. En 1993, perchée sur la montagne Victoria, je m'étais posé la question : que vont rendre les Anglais en 1997 ? Tout ou seulement les Nouveaux Territoires (loués pour 99 ans), puisque le reste avait été cédé à perpétuité ? Les Anglais auraient théoriquement pu garder l'île de Hong Kong et Kowloon. Toutefois, l'aménagement du territoire de Hong Kong, qui avait intégré les Nouveaux Territoires dans un même ensemble urbain, rendait impossible une séparation qui impliquait l'établissement d'une frontière (les lignes de métro passaient d'une zone à l'autre, le futur nouvel aéroport était dans les nouveaux territoires, etc). C'est pourquoi, il est apparu incontournable de restituer à la Chine la totalité du territoire de Hong Kong. Ce qui fut annoncé par la déclaration commune sino-britannique, par laquelle le Royaume-Uni s'engageait à remettre à la Chine les clés de tout le territoire. La République populaire, quant à elle, s'engageait à maintenir les systèmes économique et législatif et le mode de vie hongkongais pendant 50 ans. C'est la politique dite " un pays, deux systèmes ".
Louis a raison, Madame Thatcher a été très généreuse. La question de 2013, par manque de réflexe de ma part certainement : Vu que les Chinois ont fait un sacré bon deal sur le papier, qu'ont-ils donné aux Anglais sous la table ? Soyons réalistes, rien qu'une seule minute, qui se satisferait de l'échange d'un port parfumé, un des phares du capitalisme en Asie, contre une promesse ?
Ceci dit, les Hongkongais sont certainement moins contents du troc. Un chauffeur de taxi nous a affirmé que " c'était bien mieux avant, du temps des Anglais ". Impression qui nous avait déjà été confiée par un journaliste australien rencontré à Macao : " Maintenant, rien n'avance, il n'y a plus de vision et trop d'officiels. L'ancien aéroport de Kai Tak, situé quasi au centre-ville, a déjà été l'objet de multiples projets, qui n'ont jamais abouti. Pourtant, le terrain vaut de l'or. "
On pose devant la statue de Bruce Lee, acteur hongkongais |
Les publicités sont encore collées à la main |
Rencontré dans la rue, le peintre Grand So |
A Hong Kong, comme en Chine "pure", on aime manger |
Des photographies de Romain Jacquet-Lagrèze étaient exposées dans notre hôtel. Je ne résiste pas à en glisser ici quelques unes. Ce serait tellement bon d'être douée en photo...
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