Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 8 août 2013

Arret involontaire

Le taxi dans lequel mon ordinateur
s'est caché

Depuis le 16 juillet, je n'ai plus rien écrit, silence radio, silence clavier, silence... Pourtant, ceux qui me connaissent le confirmeront, le jour ou je n'aurai plus rien à dire n'est pas encore arrivé.

Manque juste le support. Et le support, chez moi, avait la forme d'un ordinateur, vert pomme (mais pas pomme), vieux de trois ans qui m'a accompagné pendant chacun des jours de ces trois ans. Un ami fidèle, en somme, témoin de mes joies et mes peines, de mes étonnements, de mes frustrations. L'ami fidèle, je l'ai oublié dans un taxi!

2013-07-19 (c'est de cette manière que l'on écrit la date, toujours du plus loin au plus proche), 17h07, j'arrive à notre nouveau domicile chargée de victuailles, de bouteilles entamées, de trucs et de machins difficiles à confier à des déménageurs. Je quitte le taxi, les mains et les épaules encombrées. Il a bien fallu une demi-heure pour que je réalise que mon ordinateur n'avait pas suivi, je le voyais au fond du coffre du taxi, sauf que le taxi était reparti depuis 17h07.

Je ne sais pas comment j'aurais agi dans mon propre pays, me maudire, avoir envie de remonter le temps certainement, mais ensuite? Ici, je me sens encore plus démunie, d'autant plus que je n'ai pas demandé la fameuse fapiao (facture) pour retrouver le véhicule. Je suis tellement anesthésiée que je ne me souviens meme plus très bien de la couleur du taxi, vert je crois. Alors, comme nous sommes des gens chanceux, nous avons des "aides", des collègues à Fred qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous rendre la vie facile. Leur pouvoir est parfois limité, parce qu'eux n'oublient rien, ils ne se font rien voler parce qu'ils se méfient de tout le monde... On nous parle d'une conférence téléphonique avec la police qui n'aura jamais lieu, mais c'est une marque qui démontre que le problème est sérieux. Et si la conférence capote, nous devons tout de meme aller au poste le plus proche. Pourquoi? je me le demande, mais ne pose pas la question.

Il faut retrouver le taxi. En silence, je sonde ma mémoire, à voix haute, j'annonce "vert". Heureusement, alors que nous observons l'entrée de notre nouveau compound, nous remarquons plusieurs caméras de surveillance. Ce sont en général nos visiteurs étrangers qui en sont étonnés, nous, nous ne les voyons plus. Le gardien nous confirme qu'elles sont en fonction. Quand on lui explique notre problème, il nous amène dans la salle de controle, explique notre problème a son collègue et, ensemble, nous remontons le temps et me voyons sortir du taxi, chargée et souriante. La voiture est bien verte, mais on ne peut pas lire le numéro d'immatriculation. 17h07...

Le collègue de Fred s'impatiente, il veut nous savoir au poste de police, pas en train de regarder des vidéos! Au poste, nous racontons, après avoir montré nos passeports, rien ne se fait sans ce sésame. Je signe une déclaration qui mentionne, entre autres, le prix de l'ordinateur, mais je me demande toujours à quoi peut servir cette démarche. Le collègue de Fred va pouvoir demander à la compagnie de taxis de rechercher celui qui m'a prise en charge.

La déclaration de poiice

Tout le week-end nous avons attendu. En vain. Le lundi,un autre collègue a pensé que des caméras de surveillance, la ville en est truffée, qu'il faudrait pouvoir consulter les vidéos de la police. Mais pour cela, il faut le rapport de police, c'était donc à cela qu'il servait. Il a visité un poste, puis un autre, a pu voir le taxi. Résultat des opérations : on connait le chauffeur... mais l'ordinateur, lui, il ne l'a pas vu.

Je pourrais etre fachée contre lui s'il a réussi à en tirer quelques yuans pour arrondir ses fins de mois, je pourrais etre fachée contre un voyageur qui a adopté mon ordinateur, je suis fachée contre moi!

Depuis, et jusqu'à mi-septembre, je dois me contenter d'une tablette qui avait jusqu'à présent bien peu servi. J'ai entendu que le marché des ordinateurs portables est à la baisse parce que les tablettes les remplacent. Comment est-ce possible? Je suis frustrée avec ce petit outil, je m'énerve, je ronchonne tellement que j'en oublie d'etre reconnaissante de l'avoir, quand meme. Pauvre chou!

PS Inutile de chercher les ˆ, la machine ne veut rien savoir...

1 commentaire:

  1. Je sais à quel point tu es démunie et que tu t'en veux. Néanmoins, j'espère que cette histoire ne te fera pas devenir méfiante envers tout le monde. Tu avais certainement plein de choses en tête, et plein de choses à prendre avec toi. Ne te punis pas davantage que tu ne l'es déjà en n'ayant plus ton ordi. Et nul doute, le prochain ordi, tu le prendras devant dans le taxi, avec toi. Je crois que prendre des affaires avec soi dans un transport public est toujours un souci. Pour moi, ça l'a été durant toutes mes études! Sans blague, ça me prenait une de ces énergies à ne rien oublier qqpart. C'est d'ailleurs ce qui m'avait fait choisir une fourre ordi à mettre dans mon sac avec le livre et l'Ipod, parce que ce sac restait à mes côtés! Sinon, tu peux être sûre que j'aurais fait pareil que toi. Allez, je me réjouis des prochaines histoires que tu vas nous conter avec ton nouvel ordinateur tout neuf :-) et je te fais des gros bisous.

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