Les temps sont durs pour les vendeurs de DVD et il semble que leurs affaires ne vont pas s'arranger.
Quand nous sommes arrivés en 2010, tout était tellement inconnu que des pratiques que nous avons adoptées par la suite m'auraient semblé bien étranges alors. Dans ce cas, notre consommation effrénée de DVD. D'ailleurs en ces temps reculés, des vendeurs de DVD de rue, il n'y en avait pas trop. Je ne me souviens pas non plus de magasins de DVD, en tous cas pas en si grand nombre. 2010, c'était l'année de l'Expo, Shanghai montrait son bon côté au monde. De quoi parle-t-on ? C'est bien simple, je ne saurais pas où conduire quelqu'un qui souhaiterait acheter un vrai DVD, les seuls endroits que je connais, et ils sont nombreux, vendent des faux. Dès que les portes de l'Expo ont été fermées, les magasins se sont ouverts, les charrettes ont fleuri sur les trottoirs. Et nous nous y sommes mis.
Oh, parfois c'est frustrant. Dans la liasse de films, il peut y avoir un ou deux qui sont mal enregistrés (la bande-son de notre Skyfall devait avoir été enregistrée dans un cinéma), ou qui ont un message qui clignotent à intervalle régulier (attention, vous regardez une copie illégale). Ou qui buguent, et ça c'est énervant, l'image se bloque en plein milieu d'une action, d'un dénouement, d'une déclaration enflammée, de la résolution du mystère que nous avons attendue pendant au moins 90 minutes, nous sommes totalement frustrés. Bien sûr, on rapporte le fautif, on nous l'échange, mais le cœur n'y est plus.
Mon petit magasin de quartier. La dame se souvient non seulement de moi, mais aussi de mes goûts... |
Un DVD coûte entre 8 et 15 yuan, selon l'endroit où on l'achète et l'emballage. Un vendeur pouvait en vendre plus de 300 par jour il y a dix ans. "Quand c'était la saison des oscars ou qu'une saison de série populaire arrivait sur le marché, ça marchait encore plus fort", raconte un vendeur qui refuse de parler argent. Cependant, quand ses affaires étaient au sommet, il roulait une BMW d'une demi-million de yuans, un business qui a eu payé. Il dit que maintenant il a de la peine à joindre les deux bouts.
La raison de cette chute se trouve dans mon titre : le streaming qui rend inutile l'achat et les frustrations dues à de mauvaises copies de DVD. Les jeunes Chinois ne vont bientôt plus savoir ce qu'est un DVD, ils n'en achètent plus puisqu'ils ne doivent pas attendre qu'ils soient disponibles chez un revendeur. Sur Internet, films et séries sont rapidement à disposition, sous-titrés en chinois. En plus, on peut les regarder partout, sur sa tablette, son téléphone ou son ordinateur (pour les ringards).
Qui donc achète encore des DVD ? Les plus vieux, certainement. Et les étrangers. En effet, les plateformes de téléchargement sont en chinois, c'est plus compliqué de s'y retrouver. Mais ce n'est pas tout. Quand j'essaie de lire une vidéo sur Internet, si je ne peux pas le faire le matin, le streaming est trop lent. D'accord, je peux me faire un thé pendant que ça charge, puis aller aux toilettes, puis aller fumer une cigarette sur mon balcon, mais à la fin, zut ! Une connaissance chinoise, à qui je me plaignais de cette fâcheuse situation, m'a conseillé d'appeler ChinaTelecom, d'expliquer mon cas et de suivre les instructions pour avoir un débit plus élevé. J'ai senti les limites de mes compétences, je n'y arriverais pas. Déjà avec Swisscom, je ne comprenais pas toujours les questions qu'on me posait dans ma propre langue. Je vais donc continuer à acheter des DVD à Shanghai, comme beaucoup d'étrangers, nous, les laowai, sommes maintenant les principaux clients des marchands.
Ce magasin à Dagu Lu est une mine de richesses, des films récents aux vieux classiques, et pas qu'en anglais. |
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