Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 15 février 2012

Trop grosse pour Valentin


La Saint Valentin se fête aussi à Shanghai, le 14 février comme dans des tas d'endroits au monde. Mais qu'on se rassure, il y a aussi une fête des amoureux chininoise Qixi 七夕节(qīxī jié) qui tombe le 7e jour du 7e mois lunaire; on fera le calcul une autre fois ! Ce sont les fleuristes qui doivent être contents... et les restaurateurs et les bijoutiers...



Mais la fête n'est pas belle pour toutes. Par exemple, pour les grosses. Je lis dans le Shangahi Daily des histoires un peu tristes en cette Saint Valentin. Par exemple, celle d'Angela Zhang qui vient de décider de perdre 30 kilos. C'est vrai qu'avec son mètre soixante-deux et ses cent kilos, la jolie robe qu'elle a achetée pour l'occasion ne va pas bien retomber. Elle se trouve tout de même très chanceuse d'avoir un copain, même si sa famille à lui l'appelle "petite grosse".
 

Li Meihua, une marieuse du district de Jiading considère son cas comme "extrêmement rare", car l'unique condition pour une fille d'avoir une chance de bien se marier est d'être jolie, ou au moins présentable. Sinon, elle doit revoir ses critères à la baisse. Des "défauts" tels que les rondeurs, un teint foncé, des dents mal alignées... peuvent mettre en danger la recherche d'un bon parti. Un vieux proverbe dit d'ailleurs qu'une femme laide n'existe pas, il s'agit juste d'une femme paresseuse, qu'on se le dise.
Les filles rondes (plus de 70 kg) et les hommes petits (moins de 170 cm) sont difficiles à placer, ajoute la marieuse, mais c'est 10 fois plus difficile pour de telles filles. On peut trouver une femme de petite taille pour un homme de petite taille, mais les gros n'aiment pas les grosses. Les grandes (plus de 170 cm) n'ont pas de succès, les myopes non plus car c'est génétique.

Un gars, Jerry Liu, du haut de ses 162 cm a dû rompre avec sa copine car la maman de celle-ci ne voulait pas que ses petits-enfants soient de petite taille. Une jeune femme, Jessica Jin, raconte qu'elle participe à des soirées de speed dating (5 minutes en tête à tête pour faire connaissance) depuis sa récente rupture due à une prise de poids : "Il faut voir la tête des gars quand ils se retrouvent avec moi, ils n'ont qu'une envie : passer à la suivante. Ils se moquent éperdument que j'aime la musique ou que je déteste la peinture."

 
Ma copine Kelly est en train de vivre une telle expérience. Depuis un peu plus d'un an, elle a un "petit ami". J'ai été manger avec eux en novembre et les ai trouvés adorables, très amoureux. Or, pendant le Nouvel an chinois, les parents du copain sont venus passer quelques jours chez eux à Shanghai. La rencontre avec belle-maman ne s'est pas bien passée. Elle a trouvé Kelly trop petite et trop maigre, peu apte à avoir des enfants, à s'occuper de son fils, à faire le ménage et à être en bonne santé. Je n'y croyais pas. Pendant qu'elle essuyait ses larmes en me racontant cette histoire, je faisais des commentaires très "occidentaux", du style : "Elle veut t'envoyer travailler dans les champs ou te faire porter des briques? Mais on est à Shanghai, bon sang. Et tu n'es jamais malade." Je n'ai quand même pas pu m'empêcher de lâcher que le gars devrait peut-être songer à se distancer de sa bien-aimée mère, vu que pendant un an il a été très amoureux et, tout à coup, il redevient le fils à maman. Et je me demande si ce n'est pas une partie du problème. Kelly pense aussi qu'il devrait prendre ses distances, la défendre. Et ça, ce n'est pas une attitude chinoise du tout. Elle a dû se battre pour faire valoir ses droits à l'indépendance par rapport à ses parents, tout lâcher dans sa province, refuser un bon parti, venir vivre à Shanghai, et ne veut pas se faire happer par une belle-famille traditionnelle. Je ne sais pas ce que les discussions vont donner à l'heure où j'écris ces lignes.


L'autre soir, lors d'un concert, nous avons rencontré un Chinois qui a vécu 4 ans à Lyon et 1 an à Lausanne. Quand nous lui avons demandé la plus grand différence qu'il avait constatée entre l'Europe et la Chine où il vient de revenir, il n'a pas hésité : "La famille". Tout à fait d'accord ! Et même si le rôle de la belle-mère toute puissante peut paraître rêvé, je ne suis même pas sûre qu'il me conviendrait bien.



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