Ma première "recycleuse", en attente que la pluie cesse pour reprendre son travail |
Le recyclage des déchets, ça c'est quelque chose de très culturel ! Quand j'étais allée revoir mes datifs et accusatifs à Freiburg (Allemagne), je me rappelle avoir été impressionnée par le nombre de containers devant l'immeuble de ma logeuse, des bruns, des noirs, des verts... et sa cuisine était organisée pareille, des tas de containers qui prenaient beaucoup de place. Pourtant, je viens d'un coin du monde plutôt considéré comme "propre en ordre". En Suisse, nos intérieurs sont aussi souvent organisés pour pouvoir trier les déchets, sauf que nous allons le déposer nous-mêmes dans des centres de recyclage.
Ici, rien de tel. Déjà dans notre premier appartement, on nous a expliqué que tout partait à la poubelle. Pas de recyclage. Pourtant, quand j'essayais de m'approprier les rues alentours, j'avais bien remarqué au pied de l'immeuble un tas de cartons, plastiques de toutes formes, câbles, etc... et un couple bien affairé à trier, couper, ranger, peser. Je me disais que mes boîtes vides et mes vieux journaux seraient tout de même mieux chez eux que dans la poubelle. Mais quand on est étrangère, c'est délicat d'aller vers des gens et leur refiler nos déchets. En tous cas, moi ça me gênait. Comme juste devant leur "petite entreprise" il y avait une poubelle publique, la première fois, j'ai déposé mon sac de déchets recyclables sur la poubelle et suis allée faire quelque courses. Quand j'ai repassé par là, mon sac avait disparu et son contenu était déjà en train d'être trié. Depuis le deuxième passage, je n'ai plus hésité à leur remettre le sac et, même quand je n'avais rien à déposer, on se saluait par de grands signes. Il faut dire que je déposais tout ce que je pensais "pouvoir encore servir", je suis une pro en la matière : des habits, des chaussures, notre premier aspirateur qui n'a pas tenu un an... D'ailleurs, une fois j'ai laissé des tongs quasi neuves que je n'allais jamais porter pour causes de genou défectueux. Le temps d'aller acheter du lait et j'ai vu ma recycleuse faire la belle sur le trottoir avec mes tongs, admirée par quelques hommes; nous nous sommes fait un petit signe de connivence.
Changement de quartier, mais pas changement d'habitude. Sauf que le recycleur le plus proche n'a pas très sympathique. Je me demande si je ne vais pas en changer tellement je le trouve ronchon et peu bavard !
D'après ce que j'ai compris, il y a toute une hiérarchie chez les recycleurs. Le bas de l'échelle est tenu par les gens muni d'un grand sac qui font les poubelles publiques, souvent des personnes âgées, mais pas toujours. Franchement, je trouve désolant que dans un pays "communiste" certains aînés doivent en arriver là pour tourner. Dans un pays communiste comme ailleurs. Et dans ce pays, où les gens crachent volontiers dans les poubelles, encore davantage. Ces gens vont revendre leur menu fretin à des recycleurs-grossistes.
Après dans l'ordre, il y a les nombreux recycleurs à vélo qui se signalent dans les rues grâce à une petite clochette. On les arrête et leur refile nos déchets et eux vont aussi revendre leurs récoltes aux recycleurs-grossistes.
Par exemple, ici, un grossiste qui a toujours beaucoup de travail à trier |
Ici aussi, il y a du boulot |
Sur les trottoirs et aux pieds des immeubles, on trouve plutôt des "généralistes", cartons, bouteilles. PET, etc... dont le boulot est de récolter, d'acheter, de trier et de revendre au poids (voir Tas d'ordures !). On les voit parfois fort occupés à peser et à charger le butin dans des camions.
Il existe encore une autre catégorie de recycleurs, ceux qui s'occupent de chantiers. Ils peuvent charger le matériel sur des camions ou des vélos et les charges sont parfois bien spectaculaire. Lorsqu'un commerce ou un appartement est refait, on voit les tas de bois, de tuyaux, de câbles, etc... , bien sûr en vrac, qui jonchent le trottoir et le lendemain tout est nettoyé.
Un restaurant se ferme, tout va être refait, du boulot et des sous pour les recycleurs |
Ces charges sont vraiment impressionnantes!! On se demande comment les vélos ne tombent pas sous le poids des cartons et autres déchets!
RépondreSupprimerParfois, on se demande comment ils roulent encore ... même à vide!
SupprimerMais je crois que rouler avec une charge, ça doit s'apprendre. Quand je vois des gars avec, sur le porte-bagage, leur copine en amazone(à cause de la mini mini-jupe)qui gesticule parce qu'elle téléphone à une copine, je me dis que le gars est un acrobate, ni plus, ni moins.
Au moins, les charges des recycleurs ne téléphonent pas (mais parfois, elles tombent quand même)!