Zhou Yan

photo China.org.cn

Zhou Yan, c'est cette jolie jeune fille. Que je ne connais pas personnellement, mais que, depuis dimanche, toute la Chine connaît.

L'Anhui, c'est une province voisine dont la capitale est Hefei.

Zhou Yan, jeune fille de 17 ans, vit à Hefei. Il y a quelques années Tao Rukun, un gars de son âge, lui a demandé de devenir sa petite amie. Comme elle n'en avait pas envie et qu'il insistait, sa maman l'a changée d'école. Mais il a encore insisté et elle a encore résisté.

En septembre passé, que s'est-il passé dans sa tête à lui? Il pénètre dans la chambre de la jeune fille, l'attaque, l'asperge d’essence et lui met le feu. En un rien de temps, son visage, son cou et son torse sont brûlés au deuxième et troisième degré. Tao est tétanisé sous le choc d'une telle violence. Pas d'aide, pas d'appel au numéro d'urgence, juste la fuite.  Elle passe une semaine aux soins intensifs. "Quand elle s'est réveillée, elle a refusé de manger, pleurait sans arrêt et se mordait la langue de douleur et de ne pouvoir bouger", commente sa tante. Après des mois de traitement, elle a dû partir de l’hôpital prématurément et se trouve maintenant hors de danger à la maison.

La voici la semaine passée à l'heure des soins
photo China.org.cn

 
La maman Zhou Yan raconte que les parents de Tao Rukun sont souvent allés à l'hôpital jusqu'à que la mère de Tao lui demande de signer les papiers nécessaires pour que son fils soit libéré sous caution en attendant son procès. Elle a refusé de signer, trouvant que les événements n'étaient pas correctement décrits. Les parents du garçon ont décidé de ne plus rien payer de plus, alors qu'ils s'étaient engagés à la totalité des soins et qu'ils avaient même promis un voyage en Corée du Sud pour de la chirurgie esthétique. C’est pour cette raison que Zhou Yan a dû retourner chez elle en décembre, ses parents ne pouvant plus payer les 100 000 yuans d'arriérés.

Tao Rukun est toujours en prison. Son avocat a déclaré qu'il risquait au moins 10 ans de prison ou même la peine de mort. Mais, comme il n'a pas encore 18 ans, il pourrait s'en tirer à moins.

Comme l'histoire se passe en Chine, il y a des éléments qui méritent d'être mentionnés. Les deux parents du jeune homme sont des officiels du gouvernement local, le père travaille au bureau du planning urbain de Hefei et la mère au bureau d'audit. Par contre, les parents de la jeune fille travaillaient tous les deux pour Unilever. Je dis "travaillaient", car la mère a dû quitter son job pour s'occuper de sa fille et, maintenant, la famille doit vivre avec 1500 yuans par mois.

photo China.org.cn

 
C'est la maman de Zhou Yan, Li Cong, qui a posté cette histoire sur Weibo dimanche passé avec des photos de sa fille avant et après l'accident. Histoire reprise par de très nombreux internautes, puis par les médias. Des commentaires :

• On en parle parce que les parents du garçon sont des officiels, les officiels de la seconde génération (= le fils) n'ont aucun respect de la loi (Guangzhou's Southern Metropolis Daily)
• Il faut que les autorités scolaires mettent en place un mécanisme d'intervention contre la "violence amoureuse des jeunes" (Beijing News)
  
• Le problème réside dans l'erreur des parents de croire en ces rares "success stories" - comme le pianiste Lang Lang - qui ont eu des enfances difficiles (People's Daily)
• Les parents feraient bien de s'occuper du développement mental de leurs enfants au lieu de pousser tellement les résultats académiques (Shanghai Daily)

Li Cong, elle, voudrait juste que les frais médicaux de sa fille soient complètement couverts, ce dont elle doute. Pourtant Tao Wen, le père du gars, a posté une lettre sur Weibo promettant qu'il ferait tout son possible pour aider Zhou Yan et qu'il accepterait la décision du juge en ce qui concerne son fils.



Ben dis donc, Weibo, c'est peut-être mieux qu'un bon avocat? On se tient les pouces pour Zhou Yan...

C'est un autre histoire triste après celle de Wang Yue . On ne peut pas toujours être léger et futile !