Du Japon, je ne connaissais rien, ou si peu. Quelques films, souvent déprimants d'otaku (geeks) déprimés, de héros anonymes et solitaires, souvent à Tokyo. Quelques bouquins aussi portant sur les mêmes thèmes ou très poétiques sur l'art ou la dépaysante existence de pêcheurs. Quelques films d'animation colorés et gentils. Quelques architectes dont les noms ont traversé la planète. Je déguste sushi et sashimi avec bonheur. Je sais 3 mots (bonjour, au revoir et merci) et je peux en lire bien plus grâce à mes rudiments de chinois (mais je ne sais pas les prononcer en japonais...).
J'ai écrit un billet sur AKB48, un groupe pop qui avait fait fureur par ici en 2011 et j'étais entourée de Japonaises lors de mon semestre à l'université en 2010. C'est bien ce que je disais, je ne connais rien de Tokyo...
J'ai vu l'endroit où AKB48 se produit |
Mais je ne connais rien aux mangas ! |
Alors quand j'ai eu l'occasion d'aller à Tokyo, je n'ai pas sauté au plafond, d'autres endroits au Pays du soleil levant m'auraient plus attirée. Je me disais Shanghai, Tokyo, Hong Kong, Singapour, même combat, comme pour les boutiques de luxe. Mais j'ai quand même dit oui, par curiosité. Bien m'en a pris, même si le coup de foudre global n'a pas eu lieu, j'y ai fait de belles découvertes et j'ai engrangé de la matière à réflexion pour les mois à venir.
Dès le départ, surprise, la limousine ressemble comme deux gouttes d'eau à un bus |
Si j'aime bien aller voir ailleurs, c'est pour bousculer mes certitudes et mes valeurs qui sont déjà dans tous les sens avec ce séjour à Shanghai. Opérations déconcertantes, parfois amusantes, parfois douloureuses. Tokyo n'a pas manqué de me surprendre.
Pour s'y retrouver dans la ville et dans la foule, la règle de base est de comprendre comment tout est organisé. D'abord les quartiers, Shiodome, Ginza, Roppongi, Shinjuku, Shinbuya, ..., les mettre en place dans sa tête pour construire le puzzle. Ça, ça va, je sais, mon guide m'aide bien.
Roppongi 3-13-8 |
Des adresses étonnantes |
Les adresses ne ressemblent en rien à ce qui m'est familier, pas vraiment de noms ou de numéros de rues, ni de blocks. Seules les rues principales ont des noms. Les numéros des maisons ne sont pas forcément consécutifs. En effet, jusqu'au milieu des années cinquante, les numéros des bâtiments étaient assignés selon la date de construction. Ce qui compte, c'est l'arrondissement (ou municipalité urbaine, désigné par son nom suivi du suffixe ku 区). Ceux-ci sont divisés en cho ou machi, puis en chome, les quartiers. Exercice pratique: Roppongi 3-13-8 (photo ci-dessus) signifie arrondissement de Minato-ku, 3 chome, 13 est le block de ce chome et 1 pour le numéro du bâtiment spécifique. A cela, il faut encore préciser que les étages sur terre portent l'initiale F et B est réservé pour les quartiers sous terre (ex. B3F); il est très facile de ne plus savoir si on se trouve sur ou sous terre, particulièrement dans les nouveaux quartiers. Je vois qu'on rigole déjà moins.
Un nouveau quartier. Sans voir la rue de base, niveau F1, difficile de savoir si le niveau le plus bas sur cette photo est B1F ou B2F |
A cela j'ajoute un élément tout aussi déroutant. Les quartiers du centre affichent de nombreux plans, sensés faciliter notre orientation. Jusqu'à ma visite à Tokyo, j'ai toujours pensé que je me débrouillais plutôt bien avec des cartes. Tout à coup, je n'y comprenais plus rien, les lignes de métros ou de trains se mettaient de tourner vers le haut gauche alors que juste avant elles partaient vers le bas. Je me suis mise à douter... jusqu'à que je réalise que le nord des plans n'était pas forcément en haut, comme c'est généralement le cas en Occident.
Une fois qu'on sait où se trouve le nord, plus besoin de scruter le ciel pour se repairer à la position du soleil |
Un nord mobile |
Justement, les transports, parlons-en ! Quand on regarde le plan, on a l'impression de se pencher sur un bol de nouilles. Et pourtant, une fois que la gare est localisée, que l'étage est déterminé, tout va bien. L'apparente complexité provient du fait que le système est composé de métros municipaux, de métros privés, de trains urbains et de trains régionaux. Il m'a semblé que les trains étaient plutôt sur terre et les métros sous terre (à différents niveaux). Vue depuis notre chambre au 33e étage sur les trains :
(musique Archive, Seamless)
Dans les stations, tout est clairement indiqué et pas si complexe, dans le fond. Et même les changements sont plutôt aisés malgré les différents systèmes.
Pour trouver des yens, et il en faut beaucoup, c'est simple en apparence. Des machines ATM sont à disposition dans beaucoup d'endroits. Chouette. Sauf que les cartes connues crachent des billets que si on se trouve en possession de leur version japonaise.
Celle-ci a bien voulu faire preuve de générosité |
Les postes sont, elles, reliées au système international. Mais encore faut-il en décoder le logo |
En cas, d'un petit creux, les nombreux restaurants offrent des repas alléchants avec parfois des cartes illustrées, parfois en anglais, mais moins qu'à Shanghai.
Ici, on sait sur quelle partie du poisson notre choix s'est porté. Par contre, pas d'information sur le poisson. Quelle importance, dans le fond, c'est très bon. |
Et je terminerai ce billet en me référant au film de Sofia Coppola, Lost in translation.
Le français semble avoir la cote. Beaucoup de magasins portent des noms qui paraissent familiers. Mais que signifie "relâcher & non-sens" pour des fringues ? |
La minuscule flèche indique le Mont Fuji, vu de l'hôtel dans lequel le film a été tourné. Ma géographie du Japon a de grosses lacunes. Je voyais cette montagne au nord du pays. |
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