Il semble j'aurais dû connaître Yayoi Kusama, une flamboyante artiste japonaise obsédée par les pois. Heureusement que je suis allée au Moca (où j'avais vu l'exposition consacrée à Chen Man) pour combler mes lacunes.
Née en 1929 à Nagano, elle a grandi dans une société japonaise patriarcale, incomprise de ses proches. " Tout a commencé par les hallucinations " affirme-t-elle. " Un
jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes
rouges, j'ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la
surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s'étendaient les
formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout
l'univers en étaient pleins ". Ces tâches, ces pois, nourriront son impression d’être "intégrée au décor". Elle réalise ses premières œuvres dans les années 1950, autour de motifs récurrents issus d'hallucinations d'enfance, tels que les pois, qui deviendront sa marque de fabrique.
En 1957 elle quitte le Japon pour vivre à New York où elle participe indirectement, et à sa façon, aux mouvements du Psychédélisme et du Pop Art, proche notamment de Mark Rothko ou Andy Warhol. " Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois…".
Infinity Net Paintings en 1959, One Thousand Boat Show en 1964, Driving Images
en 1966 sont ses œuvres les plus célèbres, mêlant bateau,
phallus, obsessions, images, sons, vidéos, mannequins et objets,
recouverts de pois ou de macaronis.
En 1966, elle participe à la biennale de Venise sans y être invitée et sans autorisation. Elle déverse dans les canaux 1 500 boules
miroitantes. Elle y retourne en 1993,
officiellement invitée pour représenter le Japon.
Fatiguée mentalement, elle rentre définitivement au Japon en 1973 pour vivre dans un hôpital psychiatrique à Tokyo. Elle dispose d’un atelier en plus de sa chambre au sein de l’hôpital. Son " studio ", lieu de travail de son équipe, est situé de l’autre côté de la rue.
Yayoi Kusama a acquis la célébrité par des installations avec miroirs, ballons rouges, jouets, au milieu desquels elle se mettait en scène. Le MoCA lui consacre une rétrospective du 15 décembre 2013 au 30 mars 2014. L'exposition présente un choix d'œuvres réalisées depuis 1949 sous le nom de “A Dream I Dreamed ”.
Des pois, sa marque de fabrique, on en voit partout dans cette exposition, surtout en rouge et blanc, mais pas seulement, de grosses bulles suspendues au plafond ou posées par terre, assez grandes pour aller voir d'autres pois à l'intérieur. Des animaux à pois, des gens à pois, des peintures de pois... Et puis une chambre dans lquelle les visiteurs sont invités à coller des pois, sur les murs, sur le sol, sur les meubles. Nous en avons même collé ceux qui nous restaient sur nos vêtements et notre visage !
http://www.mocashanghai.org/index.php?_function=home
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