Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

samedi 22 février 2014

Descentes de police à Dongguan


" Dongguan (东莞) est une ville-préfecture chinoise de plus de 8 millions d'habitants (2010). Elle est située dans la province du Guangdong et fait partie de la mégalopole chinoise du delta de la Rivière des Perles. La ville de Dongguan a un passé d'industrie légère. Grâce à la proximité de Hong Kong (à 47 milles marins) et de Macao (à 48 milles marins), ainsi qu'à l'attitude particulièrement ouverte de l'administration locale vis-à-vis des investissements étrangers, elle a été l'une des premières villes de la République populaire de Chine à accueillir des industries à capitaux étrangers. Elle est aujourd'hui l'une des plus importantes régions productrices dans divers domaines comme les jouets, les chaussures, les meubles ou encore l'équipement domestique. Le développement économique et urbain de la ville et de sa région est l'un des plus rapides de Chine. Malgré ce développement rapide, l'administration locale est particulièrement fière de la qualité de vie dans sa ville. Dongguan a environ 2 000 fabriques de chaussures fournissant du travail à environ 160 000 travailleurs. Dongguan est aussi un centre de l'industrie informatique. En 2008, l'expérience du secteur industriel de la ville connaît un déclin sans précédent, avec faillites, chômage de masse, à cause de la récession mondiale. Entre-temps, le potentiel de la ville se renforce dans le commerce avec le nouveau centre commercial de Chine du Sud et ses 660 000 mètres carrés d'espace de vente au détail, ce qui en fait actuellement le plus grand centre commercial du monde. Celui reste cependant vide à 99 %."


Tout cela, je l'ai trouvé sur Wikipedia, comme souvent. Ce qu'il faut imaginer c'est qu'une telle ville avec ses énormes usines a attiré et attire toujours des travailleurs provenant de tout partout en Chine, de toutes les branches de l'économie.

La prostitution est, de notoriété publique, l'industrie la plus florissante de Dongguan. On estime à 300 000 le nombre de travailleurs du sexe, pour une contribution de 10% à la production de richesse. La prostitution est interdite en Chine tout comme le proxénétisme, rappelons-le. Le déclin des usines exportatrices, consécutif à la crise financière mondiale de 2008, aurait favorisé l’essor de cette spécialisation à Dongguan, baptisée "capitale du sexe" par les médias chinois.
 

Dongguan est en état de siège, elle est la cible d'une vaste opération policière depuis que la télévision centrale chinoise, CCTV13, a diffusé le 9 février deux reportages en caméra cachée. On y suit un "faux client" dans une chambre d'hôtel où se déhanche un couple de filles numérotées jusqu'à ce qu'il choisisse celle qui lui convient. A la suite de ce reportage, des milliers de policiers ont visité les dancings, bordels et autres lieux de loisirs (hôtels, bars de karaoké, salons de massage et de coiffure et saunas). Deux chefs de la police locale ont été arrêtés, 67 personnes interpellées, et 12 établissements fermés. L'opération se poursuit avec des enquêtes parmi les protecteurs haut placés du secteur. Le chef de la police a été limogé le 13 février. Cette opération "coup de balai sur la pornographie" y a également été lancée  dans toute la province du Guangdong. 

Pourquoi, alors que l'importance de l'industrie du sexe à Dongguan est un secret de Polichinelle, les "coups de balai" se succèdent-ils depuis 20 ans avec aussi peu d'efficacité ? Cette question est abordée au fil des très nombreux commentaires et éditoriaux, dans la presse comme sur les blogs et sites de réflexion. Tout le monde savait que Dongguan avait sa "rue à la lanterne rouge", écrit ainsi le quotidien juridique Fazhi Wanbao. Si la prostitution fleurit, c'est bien qu'on manque de détermination à la combattre, conclut le journal. Le documentaire à l'origine du coup de filet n'est pas épargné par les critiques. Dans un éditorial, le quotidien pékinois Xinjingbao dénonce le fait de prendre les prostituées pour cible : "Ce qu'elles font n'est pas très glorieux, mais les méthodes répressives et le ton employé par certains médias ne sont-ils pas un peu excessifs ?" Si la vente d'acte sexuel est interdite, il faudrait aussi considérer comme un crime le fait d'entretenir un deuxième foyer, très répandu chez les hommes mariés.


L'affaire a aussi déclenché une vague de soutien dans le public pour les demoiselles de l'industrie, le plus souvent des migrantes des campagnes en position de vulnérabilité extrême. Alors qu'Internet a crépité de milliers de "Tiens bon, Dongguan !" et "Aujourd'hui, nous sommes tous des Dongguanais !", nombre de commentateurs ont fustigé l'hypocrisie d'un système où l’État communiste met en scène le spectacle de sa sévérité après avoir cautionné les pires dérives.


 Par ailleurs, vu l'inefficacité de la répression "on ne peut pas écarter non plus qu'en certains endroits, l'attention du public ne soit volontairement attirée sur ce phénomène, en poussant les "demoiselles" sous les feux des projecteurs, pour abuser les autorités et la population, pendant que les "parapluies" continuent à prospérer dans l'ombre."


Le gouvernement chinois a lancé au niveau national une nouvelle campagne de nettoyage, chaque localité chinoise est désormais appelée à faire preuve de zèle. Selon un communiqué de la police publié lundi 17 février, 501 suspects ont été arrêtés et 2410 lieux de prostitution ont été fermés. Éradiquées en 1949 après l’arrivée au pouvoir des communistes, ces activités illégales ont proliféré depuis l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, dans les années 1980. Elles font régulièrement l’objet de campagnes de choc qui conduisent à des milliers d’arrestations et à la fermeture d’établissements, ainsi qu’à la chute d’officiels corrompus. Le ministère de la sécurité publique, c'est-à-dire la police, a incité tous ses fonctionnaires à se montrer "résolus dans l’action, quelles que soient les personnes impliquées et quel que soit leur rang officiel, sans indulgence ni bienveillance", selon une instruction mis en ligne sur le site du ministère dimanche 16 février. Certes, les campagnes policières produisent des statistiques spectaculaires, jettent l’effroi dans les milieux ciblés et renforcent un appareil policier qui non seulement est souvent juge et partie, mais doit fabriquer le plus de "coupables" possibles afin de satisfaire les ordres venus d’en haut.


Faut-il filmer la prostitution ? La réprouver, la réprimer? La légaliser ? Est-elle l'expression d'un droit individuel ou celle d'une exploitation honteuse ? Que de questions qui resteront sans réponse... une nouvelle fois. Pour l'instant, ce sont aussi les propriétaires d'endroits concernés qui ne rigolent pas pour cause de manque de clients dans tout le pays.

Un petit film un peu indigeste, d'accord, mais où on se rend bien compte
que l'écheveau  est est drôlement emmêlé.

Mes sources :
South China Morning Post
Shanghai Daily
China Daily
www.lemonde.fr
www.bbc.co.uk

Pour terminer, une photo de la paisible Dongguan

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