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(Illustration Zhou Tao / Shanghai Daily) |
Chaque fois que nous sommes sortis de Shanghai, en Chine ou ailleurs dans la région, nous avons fait partie d'une horde de touristes chinois. Pourtant, pour des millions de Chinois les vacances ne font pas partie de leur vie.
Depuis 1994, la loi stipule que les employés ont droit à des vacances après une année de travail dans une entreprise. La loi c'est la loi et la réalité est tout autre, certains ne prennent jamais de vacances et beaucoup de compagnies découragent carrément des congés payés. Pire, des heures supplémentaires, le travail le week-end et lors de vacances sont une bonne raison d'offrir de l'avancement à des personnes zélées. C'est le cas de Chen Jinfa, 57 ans, qui travaille depuis 18 ans dans la même boîte sans jamais prendre toutes ses vacances, 15 jours par an actuellement, hors de question parce qu'il a toujours ambitionné une escalade professionnelle et sociale. "Nous avons tous travaillé dur, sans prendre de vacances, nous n'en avions pas le temps, c'était un honneur et un plaisir." Maintenant qu'il est devenu grand-père, il aimerait bien prendre son dû
pour passer des vacances avec sa famille, mais le pli est pris. De plus, son emploi du temps est plein jusqu'à l'été et après ce sera pareil. "Peut-être que j'aurai du temps pour ma famille quand je prendrai ma retraite," soupire-t-il.
Il a été question des vacances lors du dernier congrès national du parti : il faut s'assurer que la loi soit respectée. Que dit cette loi ? Entre 1 et 10 ans, l'employé a droit à 5 jours de congés payés, qui passent à 10 jours entre 10 et 20 ans de labeur, et 15 jours après 20 ans. Mais même le chef suprême du bureau des vacances nationales, Shao Qiwei, avoue : "L'année passée, je n'ai pris que 2 jours de congés payés qui, accolés à un week-end, m'ont permis d'avoir 4 jours en tout. Personne ne m'a jamais dit que je ne pouvais pas prendre de vacances, mais personne ne le fait." Jeffrey Kuang, 35 ans, 13 ans dans la même entreprise, ajoute : "Ce sont ceux qui travaillent jusqu'à minuit et le font aussi le week-end qui montent dans la hiérarchie. On comprend vite. Personne ne me force, je le fais de mon plein gré." La compagnie offre de payer les congés travaillés. "On peut le demander, mais ça aurait l'air bizarre puisque personne ne le fait." La conclusion est que les employés aiment leur boulot encore plus que l'argent ? "Mais non", explique Jeffrey, "ce sont les promotions que l'on vise et un salaire plus élevé dans le futur."
Un autre exemple est celui de Melinda Yuan, 31 ans, qui vient de passer indépendante : "Je voulais mes vacances, mais ils me balançaient tellement de projets que je ne pouvais jamais les prendre. Un jour, j'ai même été rappelée au deuxième jour de mes vacances. Ma boîte organisait des voyages pour ses employés, mais les jours étaient pris sur nos vacances. On ne pouvait pas refuser, ils appelaient ça team-building. Si on refusait, il fallait remplir un formulaire, donner des raisons valables et le faire signer par 3 chefs."
Cai Jiming, un délégué au congrès national et professeur d'université, précise : "Beaucoup d'entreprises rendent difficiles ou embarrassantes les demandes de compensation pour vacances non-prises. On ne sait pas où se rendre ni comment en faire la demande et ils sont considérés comme des fainéants." Il ajoute que les lois sont promulguées, mais personne ne vérifie qu'elles sont effectivement appliquées. D'autres se joignent à lui pour dire qu'il faut punir ceux qui violent la loi.
(Adapté très librement d'un article de Yao Minji / Shanghai Daily)
Pour une liste des congés payés dans le monde, c'est
ici.
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