A Shanghai, il
est difficile de trouver un taxi pendant les vacances, principalement
aux heures de pointe et en cas de mauvais temps. Les autorités exigent pourtant que les compagnies de taxis mettent en circulation tous leurs véhicules de 7 heures à 19 heures. Désormais des
applications téléphoniques permettent aux clients de réserver un taxi, en
offrant un pourboire au conducteur.
Ces applications pour smartphone localisent où vous êtes, avant de
demander si vous acceptez de verser un pourboire compris entre 5 et 50
yuans. Puis l’information est envoyée à un certain nombre de chauffeurs,
et le premier à répondre peut obtenir l’information du client et
l’appeler pour confirmer la réservation. Actuellement, les applications
disposent de 2 versions, l’une pour les clients, l’autre pour les
conducteurs. Une entreprise privée à l’origine du logiciel et basée à
Hangzhou, et déclare que plus de 140 000 utilisateurs ont déjà
téléchargé leur application.
"C’est un accord gagnant-gagnant. Parfois les conducteurs de taxi
passent juste du temps à conduire aux alentours. Avec cette application,
je peux voir où se rend le client, et bien sûr je vais choisir celui
prêt à payer la somme la plus élevée," explique un chauffeur. Les réactions des passagers sont mixtes :
- "Pour moi c’est acceptable, parfois il est très difficile d’obtenir un taxi pendant les heures de pointe ou par temps de pluie. C’est un service donc je paie pour le service."
- "Je pense que c’est juste un autre moyen d’augmenter la note de taxi, et un moyen caché d’autoriser les chauffeurs à refuser les clients si aucun pourboire n’est offert."
- "Pour moi, l’inquiétude est de savoir si le taxi que je vais emprunter est légal ou un faux, et savoir si quelqu’un régule cela."
Officiellement, l’entreprise de taxis Dazhong, qui gère la deuxième
plus importante flotte de taxis de la ville, près de 10 000, dispose
d’une application de réservation sur iPhone. Il en coûte 4 yuans de plus pour réserver un taxi par téléphone auprès
de l’une des quatre entreprises de taxis de la ville. La différence est
que pour Dazhong et d’autres entreprises, les frais de réservation
appartiennent aux entreprises et sont déterminés par le bureau
des prix, alors que les conducteurs qui utilisent
cette application peuvent obtenir eux-mêmes ce pourboire. Un avocat
indique qu’il s’agit ici d’une zone grise : "Les taxis font partie des transports publics. De telles applications ne sont pas bonnes pour le
développement du marché à long terme, qui pourrait encourager les
chauffeurs à sélectionner les clients."
La réglementation actuelle des taxis de Shanghai indique que les
chauffeurs de taxi écoperont d’une amende maximale de 200 yuans s’ils
refusent les passagers. Et tout chauffeur qui sera pris en violation de
la règle à 2 reprises, perdra sa licence. Mais il n’y a aucune règle
pour la prise ou non de pourboires, ce qui est fréquent dans de
nombreuses parties du monde.
Une autre compagnie, Qiangsheng, utilise aussi un système de réservation mais sur iOS et Android. Les deux compagnies proposent leur application en chinois, une version en anglais sera mise au point une fois que la version chinoise aura fait ses preuves.
A la base, l'idée était de permettre aux passagers d'éviter les faux taxis - des conducteurs lambda qui repèrent les voyageurs et leur "offrent" leur trajet à un prix nettement plus élevé qu'une course normale, sans assurance. Les autorités n'ont fait qu'autoriser un système qui fonctionne bien à Beijing, forcément là-bas, les taxis ne s'arrêtaient que rarement et souvent déclinaient l'utilisation du compteur.
Pour l'instant, ici, on revient un peu en arrière, les applications ne sont plus autorisées pendant les heures de pointe (7.30-9.30 heures et 16.30-18.30 heures) et les chauffeurs ont l'obligation de prendre en charge les clients au bord de la route. Les chauffeurs ont aussi l'interdiction de consulter leurs smartphones lorsqu'ils conduisent (certains en ont plusieurs étalés sur le tableau de bord) à l'affût de la meilleure offre.
Pour l'instant, c'est bien compliqué, tout le monde veut sa part du gâteau. En plus des compagnies et des chauffeurs, Alibaba (un site web de commerce électronique), WeChat (une application mobile de messagerie instantanée très populaire en Chine, 300 millions de membres à travers le monde
dont 240 millions uniquement en Chine), Uber (un service de voiture de tourisme avec chauffeur disponible sur smartphone mettant en relation les usagers du service et des conducteurs de voitures de luxe disponibles à la location, mais déjà interdits depuis le 1er mars), tous développent leurs applications.
On voit que tout n'est pas réglé, on avance, on corrige, on fait et défait, c'est ça la Chine. En vrac :
- Les chauffeurs touchent, en plus des pourboires des clients, des commissions des différents opérateurs.
- Tout le monde n'a pas un smartphone, les pauvres n'ont donc pas accès à ces nouveaux services et peuvent poireauter longtemps en agitant la main au bord de la route.
- Les nouvelles technologies devraient simplifier la vie, pas remplir les poches de certains.
J'ai déjà abordé les taxis en général ici, avant que les applications fleurissent.
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