Le médecin en blanc a été forcé d'entreprendre une marche de la honte autour de l'hôpital central de Chaozhou par des dizaines de personnes . (Source: photo de Sina Weibo) |
Un médecin de Chaozhou, dans la province du Guandong a dû marcher autour de son hôpital aux sons de "ce docteur a tué un patient", pendant une demi-heure; il pleurait. Il avait pris en charge en soirée un patient souffrant d'un coma éthylique. Après plusieurs heures de traitement, le patient est décédé. Les parents de ce dernier ont accusé l'hôpital de ne pas tout avoir tenté et ont rassemblé des dizaines de personnes le lendemain du décès. La police a dû intervenir pour disperser la foule.
La province du Guangdong |
Les tensions entre médecins et patients sont en nette augmentation partout en Chine. Si, dans un cas comme celui qui s'est passé début mars, le décès d'un proche doit être difficilement supportable, l'humiliation infligée au médecin est tout aussi inacceptable. Tout récemment, un docteur a été tué par un patient dans la province du Heilongjiang et à Nanjing les parents d'une jeune fille ont attaqué l'équipe médicale parce qu'un patient mâle avait été admis dans une chambre de dames. On ne considère plus les médecins avec autant de respect que par le passé.
Faisons un tour dans l'histoire récente du système de santé chinois. Une organisation basée sur le système russe a été mis en place en 1949 lors de la fondation de la République Populaire de Chine. Tous les hôpitaux étaient publiques, financés par le gouvernement. Les travailleurs de la santé étaient des fonctionnaires qui recevaient un salaire fixe. A ce moment-là, médecins et infirmières étaient considérés comme des "anges en blanc" et bien respectés. Une première réforme a eu lieu dès 1980 pour cause de manque de revenus du gouvernement central : les hôpitaux devaient trouver des moyens de financement supplémentaires. On connaît la chanson, pour arriver à remplir les caisses, on accumule diagnostiques et médicaments coûteux. Depuis, on a encore indexé les salaires des médecins aux revenus qu'ils génèrent. Les antibiotiques sont, par exemple, prescrits au moindre rhume. Je précise encore que les hôpitaux vendent directement les médicaments, ce qui représente la moitié de leurs revenus. Le public n'est pas dupe, se met à douter du bien-fondé de telles pratiques, 70% d'entre eux suspectent que les traitements ne soient pas adaptés à leurs maux. Du côté des médecins, 26% d'entre eux pensent que leurs patients ont confiance en eux, 70.9% changeraient de métier s'ils en avaient l'occasion et 76.7% refusent que leurs enfants s'orientent vers la médecine. On passe gentiment de méfiance envers le corps médical à violence, voire meurtre.
Il faut dire que les médecins chinois sont mal payés, ils gagnent bien moins que ceux de Hong Kong, de Taiwan ou d'autres pays d'Asie orientale. Les réalités des hôpitaux ne sont pas celles décrites pendant leurs études. Ce n'est un secret pour personne que nombreux sont ceux qui acceptent des enveloppes rouges, des commissions sur les médicaments de la part des laboratoires pharmaceutiques...
Une nouvelle réforme s'annonce, on nous la promet ambitieuse. La violence actuelle à l'encontre du corps médical envoie un signal clair, il faut s'attaquer aux sources du mal, il faut restaurer la confiance entre les anges en blanc et leurs patients. Facile à dire...
(Adapté très librement d'un article de He Jingwei paru dans China Daily)
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