Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

vendredi 7 mars 2014

Les auto-tamponneuses


L'autre jour Pascal Lamy nous a rendu visite. Pas à nous en particulier, cela va de soi, il est venu donner une conférence à Shanghai lors d'un séminaire économique organisé par l'Université de Tongji. A laquelle, je n'ai pas assisté, mais mon journal rapporte ses propos. Je ne vais pas ici tout retranscrire, l’économie n'étant pas un sujet qui me captive. Il me faut des images pour que je comprenne et, justement, Pascal Lamy en a utilisée une qui me parle.

Directeur général de l'OMC (Organisation
mondiale du commerce) de 2005 à 2013
(Shanghai Daily)
"Mener une réforme n'est pas une mince affaire", a-t-il expliqué, "c'est comme essayer de conduire une voiture quand certains appuient sur les freins alors que d'autres pressent sur l'accélérateur, un voyage agité assuré." La voiture Chine a besoin d'une direction politique prudente et, selon lui, la réforme économique chinoise aura lieu, réussira et profitera au pays et au reste du monde.


Bien sûr, la croissance de 10% connue dans la dernière décade ne peut pas continuer à long terme, mais 7% de croissance aujourd'hui représente davantage que 10% il y a 5 ans. Ce n'est pas une question de pourcentage, mais de volume et de valeur absolue. Il ajoute que le processus du changement ne sera pas sans douleur, que la clé du succès réside  dans la qualité du système social et de l'environnement qui constitue un problème grave dans l'Empire du Milieu.


C'est vrai que la Chine se trouve à une croisée des chemins. On l'admire, on l'envie, on la craint, on la hait, de réussir là où d'autres se cassent la figure. On l'accuse de pratiquer le dumping social et salarial, de polluer la planète, de tous les maux pour avancer dans la course effrénée...


Shanghai en tête, naturellement. Et pourtant, à Shanghai, il n'est pas rare de voir des petits commerçants indépendants, les marchandes de thé ou de fruits, les poissonniers ou les maraîchers du marché, ceux qui grillent des brochettes de viande ou font sauter les nouilles dans la rue, et tant d'autres, qui n'ont pas grand chose à faire de l'économie mondiale, sortir de leur poche des liasses de billets quand il faut rendre la monnaie. Eux, ils n'ont même pas de tiroir-caisse. Eux, ils ne freinent pas, mais ils ne pressent pas sur le champignon non plus.

Sur Fuxing Zhong Lu, cinq magasins à la suite (entourant
le cinéma vide depuis 2011) dont les rideaux métalliques
restent fermés
Et pourtant, à Shanghai, autour de chez moi, en plein centre-ville, il y a de plus en plus de petits commerces qui ferment et ne trouvent plus repreneurs (photos). La faute à qui, la faute à quoi ? Alors que les grues poussent de tous côtés, que de gigantesques usines voient le jour et que le luxe sévit partout. Est-ce que la Chine va tenir le coup ou se casser la figure ? C'est une question qui revient souvent dans dans nos discussions. Sans que nous trouvions des réponses.


La route risque de s'avérer cahoteuse, pour reprendre l'image de M. Lamy...

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