Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

lundi 19 mai 2014

Au sud des nuages, le Yunnan


Nos papilles gustatives connaissent bien le Yunnan (云南; littéralement : « Sud des nuages »), nos choix de restaurants à Shanghai se portent souvent sur des enseignes de cette province du sud-ouest de la Chine, frontière avec le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Tibet. Je déguste aussi volontiers une tasse (plutôt une théière !)  de thé noir pu-erh ou pu’er (Pǔ’ěr; 普洱) qui provient principalement du Yunnan.

Dégustation de thé














Des champignons...













... ou un cochon à 500 RMB ?






















Il y a aussi les images de cette province qui illustrent régulièrement revues et prospectus de voyage. Forcément, il est une des provinces les plus variées de Chine, avec des paysages contrastés, allant de la forêt tropicale humide à des pics enneigés. Au nord-ouest, des hauts plateaux aux hivers rudes et des sommets à plus de 6000m, au sud des plateaux et des vallées tropicales où poussent ananas, mangues et bananes. Au centre de la province le climat est tempéré, propice à toutes sortes de cultures.

Lijiang dans le nord


Yuanyang dans le sud
































Et puis le Yunnan est connu pour abriter sur ses terres une grande diversité ethnique. Cette province est la 2e province regroupant une grande quantité de groupes ethniques, la première étant le Xingjiang (qui abrite 47 groupes ethniques différents). Pour rappel, les Hans sont la principale ethnie présente en Chine : elle constitue environ 92 % de la population chinoise. Les Hans constituent le peuple chinois « historique », issu de l’ancienne ethnie Huaxia. Celle-ci prend le nom Han à l’époque de la dynastie Han, et ce nom perdure depuis. Mais 56 minorités ethniques vivent en Chine, dont 25 au Yunnan. 38% de la population de cette province sont membres d’une minorité.


Les groupes ethniques que l’on trouvent dans la province du Yunnan sont : Yi, Bai, Hani, Tai, ,Dai, Miao, Lisu, Hui, Lahu, Va, Nakhi ou Naxi, Yao, Tibetain, Jingpo, Blang, Pumi, Nu, Achang, Jinuo, Mongolien, Derung, Manchu, Sui, Buyei et Han. Et dire que certains pensent que tous les Chinois sont pareils !





































Ecriture naxi à Lijiang

Pour moi c'était évident, je ne repartirais pas de Chine sans avoir vu le Yunnan. Or, je m'en vais dans quelques semaines, il y avait donc urgence. Bien sûr, il y a eu cet attentat meurtrier en mars à Kunming, le chef-lieu de la province, qui a fait planer le doute sur nos projets. Après une phase d'observation pendant laquelle nous avons appris que les autorités mettaient tout en œuvre pour que la sécurité des touristes soit assurée (le Yunnan est une province touristique), nous avons commencé notre planification.

Si en général je me régale à planifier des voyages, cette fois la tâche a été ardue. Nous avions un maximum de 10 jours pour essayer de découvrir une province qui couvre 394 000 km² (4,1% de la Chine), donc presque aussi grande que la France, peuplée de 44 millions d'âmes. Mon guide de voyage le notait : "destination de rêve, quel que soit le temps que vous avez décidé de consacrer au Yunnan, prévoyez au moins le double !" L'ennui est que toutes les régions sont différentes que ce soit le Xishuangbanna, le Honghe, le Wenshan, le Dehong, le Shangrila ou les régions de l'est, toutes méritent notre visite. Par chance, je tombe sur un article qui indique que "Kunming n'arrête pas de croître et est devenue une grande métropole, son centre ville autrefois plein de charme désuet en a payé le prix fort." Enfin un coin à contourner !

J'avais imaginé un lent voyage de Lijiang à Kunming,
c'est en train de nuit que nous avons trouvé un moyen de
"gagner du temps". Moins de paysages à regarder défiler,
plus de frôlements sur le chemin des toilettes... une aventure
humaine, dans le fond.

 

A force de recherches, d'essais, de questions à d'autres, de faire et défaire, nous avons établi un itinéraire qui paraît attrayant, même si, déjà avant le départ, il est enrobé de regrets de rater tout le reste. Nous commencerons notre périple à Lijiang (tant pis pour Shangri-la et les confins de l'Himalaya) descendrons sur Kunming (à cause de la Forêt de pierres, tant pis pour Dali entre les deux) et chute vertigineuse vers les rizières tout au sud (tant pis pour tout le reste). Tant pis aussi pour les 4 fleuves qui traversent le Yunnan : le Mekong (lancang jiang), la Salouen (nu jiang), le Yangzi jiang (jinsha jiang ou chang jiang) et le Fleuve Rouge (honghe jiang ou yuan jiang).

Le Yunnan est une région où l'activité agricole est très forte
et très diversifiée du fait de ses climats très contrastés.
On peut citer bien sûr la culture maraîchère, mais surtout
la culture du tabac.


Kunming est située dans une cuvette à environ 2 000 m d'altitude.
On la surnomme la Ville du printemps éternel, notamment en raison
du lac qui régule sa température. C'est la seule métropole du Yunnan -
elle compte plus de 3 millions d'habitants.
Les autres villes sont peu peuplées.




































Le Yunnan est l’un des berceaux de la nation chinoise. L’Homme de Yuanmou (Homo erectus yuanmouensis) y vivait il y a 1,7 million d’années. La Route de la Soie méridionale passait également par le Yunnan. 

Le Yunnan était autrefois indépendant à l'époque du royaume de Nanzhao 南诏 (649-902), puis du royaume de Dian 滇, dont les élites étaient de langue bai.



Au XIIIe siècle, la province est passée sous la domination des Mongols. Vers cette époque, Marco Polo a voyagé dans le Yunnan et a décrit son émerveillement dans le récit de son voyage. 

En 1965, des régions de la province tibétaine du Kham sont rattachées au Yunnan






Le Yunnan est une mosaïque linguistique. En plus du mandarin, la langue officielle de la Chine, les langues parlées au Yunnan appartiennent à plusieurs familles linguistiques :
langues austroasiatiques : blang, u, wa ;
langues hmong-mien : iu mien ;
langues taïes-kadaïes : lü ;
langues tibéto-birmanes : bai, bisu, biyo, choni, drung, honi, jinghpo, naxi, pumi, tibétain.










Comme d'habitude, nous sommes partis avec un plein de recommandations bien inutiles. Non, les voyages en train de nuit ne sont pas dangereux. Non, il n'est pas impossible de se faire comprendre dans un mandarin de base. J'en suis revenue avec des images plein la tête et je suis en train de faire de l'ordre dans celles de mon disque dur.
Partir ainsi, c'est ne plus considérer les WC de Shanghai
si terribles que ça, dans le fond. C'est débattre sur les avantages
de la fente en long ou en large, vu que nous avons expérimenté
les différentes possibilités à maintes reprises.
Fous rires garantis.
Quelques sites pour se faire envie :

Office National du Tourisme de Chine
Tout sur le Yunnan

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