Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

mercredi 12 juin 2013

Tas d'ordures !



Nous, 23 millions + d’habitants nous débarrassons de 20 000 tonnes d'ordures, chaque jour, loin, hors de notre vue, ouste. 10 millions de tonnes de déchets par an, sans compter les entreprises. J'ai encore en tête les images suscitées en lisant la description des décharges de Calcutta dans "La Cité de la Joie" de Dominique Lapierre. J'imagine quelque chose de semblable, mais où ? Chez moi, on incinère les ordures, on recycle, on composte, on trie, le papier, le fer, le bois, le plastic, le PET... On construit des centres de tri qui devient, parait-il, l'endroit où il faut être le samedi matin. Forcément avec tous ces objets "made in China" qu'on ne peut plus réparer...
Ici, on les répare, beaucoup, on les tire jusqu'au bout, il y a toujours un "on" pour trouver une utilité à un objet. Et il y a les recycleurs dont j'ai déjà parlé. Mais après les recycleurs, que deviennent ces déchets, c'est ce que je me suis demandé.

 

D'abord, il y a les décharges qui absorbent un peu plus de la moitié de nos déchets. La plus grande de la ville (et de Chine) se trouve à une soixantaine de kilomètres du centre-ville. On nous dit qu'elle nécessite un réseau complexe de technologies pour éviter que les toxiques polluent eau et air. On dit dit aussi qu'elle avale plus du double de ce qui avait été prévu à l'origine et qu'elle va pouvoir accepter 5 000 tonnes supplémentaires par jour. Tout n'est pas enterré et permet à 12 turbines de fonctionner grâce au méthane libéré lors de la décomposition des stocks pour alimenter 61 000 ménages en électricité. 2 500 tonnes quotidiennes sont incinérées, toujours pour alimenter la ville en électricité, 78 000 ménages en bénéficient. Tout cela concerne le secteur public.


Les recycleurs, eux, ont leurs propres centres de recyclage où les déchets sont triés, puis acheminés vers des compagnies dans les provinces voisines du Jiangsu et Zhejiang qui les utilisent pour leurs propres sources d'énergie. Ils touchent 1 yuan par kilo de papier/carton, 5.4 yuans pour le kilo de bouteilles en plastique. Eux-mêmes paient 0.1 yuan pour les petites bouteilles et 0.3 pour les grosses. Une recycleuse déclare toucher 100 yuans par jour, après avoir transporté une centaine de kilos auprès d'un de ces centres.


Dans les districts plus agricoles de la ville, le compost joue un rôle important dans la fertilisation des sols. C'est vrai que des associations à tendance écolo proposent des endroits pour déposer nos déchets verts. J'y crois, je l'ai fait pendant des années en Suisse, j'en ai profité pour mon potager.  Mais ici, franchement, je ne suis pas assez verte : prendre le métro pour aller en banlieue avec mon seau peut-être malodorant, particulièrement en été, je n'en ai pas envie.


Le futur n'est pas rose. En 2015, la municipalité ne va plus savoir que faire des déchets qui dépasseront la capacité estimée à les "utiliser". C'est pour cette raison qu'on pourrait nous encourager à mieux trier nos déchets et à imposer des taxes pour certains d'entre eux, comme cela se fait déjà à Shenzhen. Deux ans, c'est demain. J'ai l'impression qu'il faudra plus de temps pour convaincre le bon peuple... Ah oui, j'ai oublié, ici le convaincre n'est pas important !

Une image du futur?

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