Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

dimanche 19 janvier 2014

Wei Gensheng, le grutier qui aimait les photos


Wei Gengshei travaille sur la tour la plus haute de Shanghai (voir Imparfait). Dans sa grue, alors qu'il attend les ordres, il ne dort pas, il photographie...


On dit que la photographie est avant tout une question de perspective, Wei Gensheng l'a bien compris, ses photos sont spectaculaires, elles ont fait le tour du monde et lui ont même valu un prix... et quelques larmes, " je ne pouvais le croire, moi qui suis tellement ordinaire."


Depuis 38 ans, il occupe sa fonction de grutier à Shanghai. "C'est parfois très ennuyeux d'être bloqué pendant 12 heures dans une grue, je dois avoir une occupation pour tuer le temps. Il arrive que je doive attendre plusieurs heures avant de recevoir des instructions. Tout le matériel de construction est monté par ma grue, aucune erreur n'est permise. Je suis tout seul dans les airs", explique-t-il.


Il a été influencé par son frère aîné qui aimait la photographie. Dans les années 80, il s'est offert son premier appareil qui lui a coûté RMB 420, alors qu'il n'en gagnait que 36 par mois, "un luxe, mais je lisais beaucoup de magazines de photo." Il a réalisé qu'il occupait un poste d'observation exceptionnel. La plupart du temps, on photographie des bâtiments à l'horizontale ou depuis le bas, mais lui, c'est depuis le haut qu'il voit la ville. Une ville que tellement de gens immortalisent sous toutes ses coutures. Des professionnels lui ont rendu visite, mais peu ont réussi à fixer le moment parfait, "c'est impossible de photographier dans la précipitation, il faut capter la bonne lumière, le bon angle, les bons nuages. Il y a peu de jours qui permettent d'avoir un cliché de qualité."


"J'écoute les prévisions météo avant de commencer mon travail pour savoir si j'emporte mon appareil avec moi. Si le vent vient du sud-ouest, je sais que la visibilité sera bonne. L'été dernier avec ses très hautes températures a été une bonne saison. Qu'il fasse extrêmement chaud ou extrêmement froid est un bon signe. Je regrette d'avoir eu congé pendant la semaine de la Fête Nationale (1-7 octobre), j'aurais aimé capturer tous les feux d'artifice en soirée. Quelle splendide vue ça a dû être !"


C'est grâce à sa fille qu'il s'est fait connaître. Elle l'a convaincu de lancer un blog avec ses clichés. L'année prochaine, il prendra sa retraite. " J'ai des tas de projets. Je vais commencer par trier toutes mes photos. J'ai aussi décidé d'apprendre à utiliser le traitement des images sur ordinateur... Avoir eu la chance d'opérer une grue m'a apporté des satisfactions inattendues."


Quelle différence y a-t-il entre un amateur éclairé et un photographe professionnel ? 632 mètres, la hauteur du Shanghai Center !

4 commentaires:

  1. Réellement impressionnant. Chaque cliché suscite une émotion, fantastique

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    1. Comme quoi on peut être grutier et poète... Il ne suffit pas d'avoir un appareil de photo, encore faut-il avoir l’œil et ce gars l'a.

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  2. ...et de la patience! Ces images sont splendides.

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    1. Pour son job, il en faut puisqu'il peut être coincé là-haut des heures durant. C'est certainement cela qui l'a inspiré

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