Dimanche 9 janvier 2012, temps gris, pluie par intermittence, pas envie de sortir... à moins qu'on ait une bonne raison de le faire.
A Shanghai, il y a toujours une bonne raison de sortir, un truc à voir, un machin à découvrir, un bidule à déguster, un coin à tester.
Le coin c'est un bar lounge qui s'appelle The Apartment, déjà testé, le truc c'est du cinéma et le machin la Corée du Nord. Notre pays ami la Corée du Nord, je devrais dire. La projection a lieu dans une "chambre" bien trop petite pour toute la foule qui arrive en masse à 18 heures. Les fauteuils sont resserrés, les chaises circulent, les gens se faufilent pour essayer de se trouver un coin et les serveurs essaient de se glisser pour apporter bières et hamburgers. Il semble qu'on n'avait pas prévu une telle affluence. La Corée du Nord, ça intrigue. Ça, c’est pour l'ambiance.
Le premier film, le seul que nous voyons, est un documentaire sur un déserteur américain, James Joseph Dresnok, qui se réfugie en Corée du Nord dans les années 60. Ce n'est pas la première fois que nous voyons un documentaire sur ce pays. A Locarno en 2009, nous avions déjà mis un pied à Pyongyang en nous laisser étonner par "Hana, dul, sed...", un autre documentaire sur l'équipe nationale féminine de football.
Mais cette fois, c'est plus politique. Enfin... il me semble que tout ce qui touche à la Corée du Nord est politique. Premier constat, je ne connais rien de l'histoire de ces deux Corées. Triste consolation, on parle d'une guerre oubliée, je ne dois donc pas être la seule. En pourtant, même maintenant, il y a des moments chauds entre elles puisque aucun traité de paix n'a été signé, ça peut péter du jour au lendemain. Mais je le répète, nous (= les Nord-Coréen et les Chinois) sommes amis. Mais revenons plutôt au film...
James Joseph Dresnok connaît une jeunesse difficile et est élevé dans des foyers d'accueil durant une partie de son enfance. Soldat de l'U.S. Army, Joe est d'abord en poste en Allemagne de l'Ouest et le divorce d'avec sa première femme le pousse à rempiler. Il est le long de la zone coréenne démilitarisée (DMZ) lorsque, déprimé par ses problèmes personnels et conjugaux, menacé de sanctions dans son régiment pour insubordination, il déserte le 15 août 1962 et passe chez l'ennemi, traversant la frontière entre les deux Corée.
Dresnok est logé avec un autre déserteur américain, Larry Allen Abshier. Deux autres militaires de l'U.S. Army, Jerry Wayne Parrish et Charles Robert Jenkins, désertent également dans les années suivantes, et vivent en Corée du Nord. Les quatre déserteurs sont utilisés par le régime communiste dans des actions de communication, posant sur des photos de propagande ou s'exprimant dans des haut-parleurs dirigés vers la zone démilitarisée, pour inciter les autres soldats américains à la désertion. En 1966, les quatre hommes tentent de fuir la Corée du Nord en demandent l'asile politique à l'ambassade soviétique à Pyongyang. L'asile leur est refusé, et ils sont remis par les Soviétiques aux autorités nord-coréennes. Les déserteurs ne sont plus utilisés dans des actions de propagande après cette date, et sont condamnés à suivre durant plusieurs années un programme de « rééducation ». Dresnok décide alors, selon ses propres termes, de « comprendre leur mode de vie » et de s'assimiler à la société nord-coréenne.
Il obtient la citoyenneté nord-coréenne en 1972. En 1978, il joue le rôle d'un Américain dans le film nord-coréen Héros anonymes, et apparaît ensuite dans plusieurs autres films, accédant à une relative notoriété auprès du public nord-coréen. Il donne également des cours d'anglais dans une université à Pyongyang.
Le monde extérieur redécouvre l'existence de Dresnok à l'occasion de l'intérêt médiatique suscité par Jenkins, qui réussit en 2004 à quitter la Corée du Nord. Jenkins affirme ensuite avoir été régulièrement battu par Dresnok, que les Nord-coréens auraient utilisé contre les trois autres déserteurs : Dresnok nie pour sa part les accusations de Jenkins.
Dresnok s'est remarié deux fois en Corée du Nord, tout d'abord avec une femme très secrète qui a toujours refusé de dire comment elle arriva là et qui lui donne deux enfants. Après le décès de sa seconde épouse, il se remarie avec à la fille d'un diplomate togolais et d'une femme coréenne, qui lui donne un troisième enfant.
En 2006, Dresnok est interviewé en Corée par le réalisateur britannique Daniel Gordon, qui lui consacre le film documentaire Crossing the Line. Il affirme aujourd'hui vivre en Corée du Nord de son plein gré et n'avoir jamais regretté la vie qu'il y a mené.
(Wikipedia, c'est incroyable tout ce qu'on trouve...)
Ce dimanche soir, il y a encore un film, une fiction, mais nous avons assez de matière à penser et à discuter pour la fin du week-end. C'est ce que nous faisons dans de confortables fauteuils une étage plus bas :
- Ce qui nous a frappé, c'est que chaque fois que les protagonistes étaient à table, la table était recouverte de nourriture et de boissons, alors qu'on nous dit par ailleurs que la population mange à peine à sa faim. Alors, film de propagande ou pas?
- Dresnok s'est dit drôlement bien traité en Corée du Nord, tellement bien que quand la population ne trouvait pas à se nourrir, il avait toujours de quoi se remplir le ventre. Moi, je ne m'en serais pas vantée...
- Nous sommes ressortis de la salle en nous demandant qui était ce gars, dans le fond. S'est-il construit peu à peu une autre identité, aidé aussi par son imagination? Pourtant, rien qu'en se basant sur les faits, il n'a pas choisi une trajectoire banale...
N'empêche que nous n'en savons toujours pas plus sur ce drôle de pays...
L'organisateur nous a annoncé d'autres projections. On retournera, c'est sûr! A une projection... parce que pour Pyongyang j'aimerais encore réfléchir un peu...
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