L'article de journal sur lequel je me base note en titre : "No sex education please, we're Chinese" (Svp, pas d'éducation sexuelle, nous sommes chinois). Il m'a fait penser à "No sex please, we're British" (Svp pas de sexe, nous sommes britanniques), une pièce très populaire à Londres dans les années 70. Il m'a fait rire (c'est fou ce qu'on rit pour un rien à Shanghai). Et c'est bien le seul moment où on rit parce que l'article dépeint une situation plutôt désolante.
Trouver des photos pour ce sujet s'est avéré difficile. Parmi les miennes, il faut chercher le lien (ici : un marchand de cadenas!!!) et heureusement j'ai trouvé mieux sur Internet. |
Des adolescentes de plus en plus jeunes font appel à des cliniques pour avorter ou donnent naissance à leur bébé dans des endroits improbables. J'imagine qu'il y a aussi de tels cas ailleurs qu'en Chine. Je crois cependant qu'ici on cumule les situations chinoises, telles que forcer une toute jeune fille à avoir des relations sexuelles avec un vieux (genre 60 ans...) aux situations que nous connaissons en occident, mais sans informations préalables, sans cours d'éducation sexuelle.
Un papa berçant sa petite, c'est moins tiré par les cheveux |
Les parents trouvent en général que de parler d'éducation sexuelle avec leur enfant n'est pas utile, les gosses vont déjà bien apprendre en grandissant, inutile d'en faire tout un plat. Au contraire, en parler pourrait leur donner des idées et les pousser sur un mauvais chemin, "si mon enfant ne connait rien du sexe, il ne saura même pas que ça existe". C'est aussi un tabou en Chine ou, en tous cas, les parents sont trop gênés pour en parler. Il en va de même pour la plupart des écoles. La directrice d'une des écoles de mon quartiers avance un argument de poids : "Le système scolaire chinois ne prévoit pas de poste pour l'enseignement de l'éducation sexuelle. Pas de poste, pas de salaire." Ben voyons. D'autres responsables d'écoles sont plus progressistes en la matière, ils laissent une petite place à l'éducation sexuelle dans les cours de biologie. Et d'autres encore ont mis en place une salle de consultation psychologique pour les adolescents dans laquelle on peut retrouver les profs de biologie et des "instructeurs de santé mentale" (!!!) pour lesquels, je suppose, on a un budget. Je me demande s'ils répondent à des questions que se posent les adolescentes chinoises telles que :
- Est-ce que je vais tomber enceinte si mon copain m'embrasse?
- Est-ce que je peux avoir un autre avortement un mois après le premier?
Il y a quand même des écoles qui se lancent... mais pas toujours avec l’approbation des parents |
Apparemment, ça ne suffit pas.Les cliniques sont surchargées quelques mois après les vacances d'été. On peut y rencontrer des filles qui ont déjà subi 13 avortements ou d'autres qui n'ont que 13 ans. Comme le nombre de filles est en nette hausse depuis 2006, certaines cliniques ont mis en place une hotline qui permet d'offrir des consultations gratuites. Il ne s'agit alors pas d'informer ou d'éduquer, mais d'agir vite, 10% des filles ont déjà eu 2 avortements, 3% plus de 3 avortements, 3% ont utilisé la pilule du lendemain et aussi 3% ont fait appel à des moyens plus "artisanaux" pour avorter. 30% des filles trouvent que l'avortement n'est rien de grave et 50% n'ont pas d'avis. Le 20% restant exprime de la peur à l'idée de tomber enceinte.
La directrice d'une de ces cliniques, celle qui a lancé la hotline, s'inquiète de l'évolution de ces 5 dernières années, particulièrement du fait que les adolescentes qui ont besoin d'aide ont souvent 14 ou 15 ans. "J'essaie de les inciter à se protéger lors de relations sexuelles, pour éviter une grossesse bien sûr, mais aussi contre les maladies sexuellement transmissibles. Tout ce qu'elles répondent à mes recommandations est qu'on les débarrasse du bébé." Alors, elle, elle aimerait bien que les parents et l'école s'occupent d'éducation sexuelle.
J'ai déjà cet article en tête lorsque j'écoute Les ados face au sexe sur RSR.ch. Ici, clairement nous sommes dans un autre monde!
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