Pour qui? Pour quoi?


A peine arrivée, j'ai eu envie de rédiger et d'illustrer nos découvertes et notre nouvelle vie. Pour ceux que ça intéresse, mais aussi pour nous, des fois que nos mémoires nous jouent des tours.

jeudi 30 juin 2011

La main d'oeuvre bon marché appartient au passé


Sans "?" Sans "!" Sans "...". Comme je l'ai trouvé dans le journal l'autre jour.

 J'aime bien, ça ne donne aucune indication, c'est flou et mystérieux. Voyons donc.

Sur les chantiers, on emploie beaucoup de migrants
On le sait bien, la compétitivité de la Chine dépend en premier lieu d'une abondance de main d’œuvre bon marché. Mais ça pourrait bien changer. Les gens des campagnes qui viennent trouver un emploi dans les villes, particulièrement de l'est du pays, sont en diminution. Après le dernier Nouvel An en février 2011, on a pu constater une pénurie de travailleurs migrants (toujours des Chinois, mais venant des campagnes). Ils sont retournés chez eux pour les fêtes, mais ne sont tout simplement pas revenus. Le recteur de la Faculté des sciences économiques de l'Université Fudan explique que ces migrants ne sont plus d'accord de travailler pour une maigre pitance alors qu'ils sont entourés de richesses ostentatoires; le pays va bien et eux sont à la traîne. Alors pourquoi devoir travailler tellement loin de chez eux? D'autant plus que le Gouvernement Central pousse pour que des entreprises se développent au centre et à l'ouest du pays.

Un migrant qui retourne chez lui lors du Nouvel An chinois
Je me vois ici obligée de m'éloigner de mon sujet du jour, mais c'est pour mieux y revenir plus tard.

Si on m'avait demandé quelle était la plus grand ville de Chine, j'aurais hésité entre Beijing et Shanghai. Beijing? Shanghai? Ou alors Guangzhou (anciennement Canton)? Pas du tout. Bon, il faut voir comment le calcul est fait, si on prend la ville même ou si l'on y inclut la banlieue. Faisons donc ça, prenons ville et banlieue pour arriver gentiment à 32 millions. Mais quelle est cette bucolique petite bourgade? Suspens... And the winner is ... Chongqing! Oui, je sais, c'est un choc. Allons tout de suite voir ce que le fidèle Wikipédia nous raconte:
"Historiquement, Chongqing (en sinogrammes simplifiés : 重庆 ; en sinogrammes traditionnels : 重慶 ; en pinyin : Chóngqìng (ou Ch'ung-ch'ing, nommée autrefois Tchongking en français)* était une des principales villes de la province du Sichuan. Dans les années 1990 (à partir du 18 juin 1997, plus précisément), la ville et des régions voisines ont été détachées de la province et sont devenues une municipalité, type particulier de division administrative chinoise. En 2010, la zone urbaine compte environ huit millions d'habitants. La municipalité dans son ensemble s'étend sur 82 300 km² et regroupe plus de trente-et-un millions de personnes.
Chongqing présente d'importantes différences avec les trois autres municipalités, Shanghai, Pékin et Tianjin. Alors que celles-ci sont situées dans l'est du pays et existaient avant la proclamation de la république populaire, la municipalité de Chonqqing a été recréée dans les années 1990 pour des raisons économiques (volonté des dirigeants chinois d'en faire un pôle économique majeur de la Chine intérieure) et pour gérer les relogements des personnes déplacées par la mise en eau du barrage des Trois Gorges. Dans les années 2000, la partie urbaine de Chongqing a été une des régions de Chine où la croissance démographique a été la plus forte."
Et que l'on ne vienne pas me dire que c'est
comme Shanghai
Ça valait la peine de se lever, non?

Pour voir où ça se trouve.
Nous n'y sommes encore
jamais allés.














En fait, j'ai aussi lu, il y a quelques mois, que les autorités, non seulement encourageaient, mais aussi imposaient aux paysans la vente de leurs terres pour une bouchée de riz et faisaient, de ce fait, une double bonne opération:  avoir davantage de terrains pour des développement industriels et de la main d’œuvre. Celui qui dénonçait ce plan était un autre économiste qui craignait que le pays ne souffre de pénurie de nourriture et qu'il faille aller s'approvisionner en Afrique ou au Brésil, où, par ailleurs, la Chine possède des terres. Mais ceci est hors sujet. Absolument.

Un marché improvisé dans un hutong de Beijing
Résumons. L'est, avec son opulence n'a plus la cote auprès des ouvriers migrants. Trop loin de chez eux.
Et trop mal payé. Les migrants veulent gagner davantage. Même si le salaire minimum a augmenté de 22% entre 2009 et 2010, Shanghai ayant la palme d'or avec 1 120 yuans (on divise toujours par 7) par mois. Il faut dire que la génération montante n'est plus comme la précédente. S'ils doivent tout quitter, il faut que cela en vaille la peine. Le gouvernement a imposé aux entreprises de prendre en charge la sécurité sociale de leurs employés. Et pour certaines entreprises, cela peut signifier fonctionner à perte ou la fermeture. Un député de la Fédération Chinoise de l'Industrie et du Commerce commente: "Dans le passé, la main d’œuvre était bon marché parce que les paysans avaient zéro salaire. Tout ce qui était plus élevé que zéro faisait l'affaire. L'industrie s'était habituée à cette pratique et il faut un certain temps d'adaptation à la nouvelle réalité."










Maintenant, ce qui manque le plus dans la société chinoise, ce sont des ouvriers qualifiés et des techniciens. Il y a pléthore d'universitaires, mais les écoles professionnelles ne font pas le plein. Les raisons sont multiples et diverses. Les travailleurs non-qualifiés n'ont souvent pas les moyens d'investir dans une formation. Même si la formation est offerte, chaque jour d'étude est un jour de salaire perdu. Et d'un autre côté des millions d'universitaires se battent pour quelques postes dans l'industrie et acceptent des salaires bien au-dessous de ce que leurs diplômes rapportaient il y a encore quelques années.
A l'expo solaire. Pause clope et étude du plan
Tout ça force à la réflexion. Souvent nous nous disons que nous aurions bien des choses à retirer de notre expérience, de cette Chine qui s'ouvre à nous. Mais ces 9 000 km nous font aussi réaliser qu'il y a des belles réussites chez nous, comme la formation. Alors veillons sur elle, bichonnons-la.


* Si on nous demande. Et si on veut gagner à "Questions pour un champion" dans la catégorie "Chine".

2 commentaires:

  1. Je ne sais pas si Julien Lepers de Questions pour un champion me trouverait incollable étant donné que je n'ai pas retenu tout le passage Wkipédia. Néanmoins, je peux affirmer une chose: Vous (gens de Shanghai) êtes des petits pipis avec vos 22 mio d'habitants! Tsss, et moi qui pensait venir dans LA ville, je n'étais en fait qu'en campagne.... Mais oui, on a beaucoup de chance pour beaucoup de choses en Suisse, et parfois on ne s'en rend plus vraiment compte. Trop de luxe tue le luxe, c'est bien connu! Becs!

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  2. Et peut-être qu'il faudrait que qq politiques prennent du recul pour constater ce qui va bien et le mettre en valeur, l'adapter, plutôt que de brandir tout ce qui pourrait éventuellement déranger.

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